La femme de Trump nue en photo, Sanders qui s’accroche… une semaine de primaires américaines

Vous n’avez pas tout suivi, voire rien du tout, des courses à l’investiture républicaine et démocrate ces derniers temps ? Tous les vendredis, Libération fait le point sur la campagne.

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La course

Statu quo et dames de piques

Alors que l’on a désormais passé la mi-course chez les républicains comme chez les démocrates, les positions commencent à se figer un peu dans ces primaires américaines. On en a eu une belle illustration cette semaine, puisque les quelques scrutins de mardi n’ont rien donné d’autre qu’un statu quo : Donald Trump devance toujours largement Ted Cruz chez les républicains, et idem pour Hillary Clinton face à Bernie Sanders dans les rangs démocrates.

La nouveauté de la semaine, c’est la tournure encore un peu plus bas de gamme qu’a prise la campagne républicaine. Une publicité diffusée dans l’Utah (il est autorisé aux Etats-Unis de faire de la pub politique) représentait la femme de Donald Trump (elle avait participé à cette séance photo au temps où elle était mannequin, avant son mariage) nue sur une peau de bête, histoire d’inciter les très puritains habitants de l’Etat à plutôt voter pour Ted Cruz, ce qui a d’ailleurs marché.

Accusant Ted Cruz d’être à l’origine de cette pub – ce qui est a priori faux – Donald Trump a menacé : «Fais attention, Ted le menteur, ou je vais tout révéler sur ta femme !», sans préciser son propos. On n’avait pas compris que la course à la Maison blanche se disputait dans un bac à sable.

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Up

Bernie Sanders maintient sa dynamique

Ça ne suffira pas pour rattraper Hillary Clinton dans la course à l’investiture, mais cela a tout de même mis du baume au cœur de Bernie Sanders et ses partisans : mardi, le sénateur du Vermont a remporté l’Idaho et l’Utah, soit 43 délégués. La dernière fois qu’il avait gagné un scrutin remontait au 8 mars (Michigan), après quoi sa rivale avait enchaîné sept victoires. Le Huffington Post, qui compile et brasse des centaines de sondages publiés par trente sondeurs, montre cette semaine que les courbes de popularité d’Hillary Clinton et Bernie Sanders dans cette primaire démocrate se rapprochent (51,4% pour Clinton contre 41,7% pour Sanders le 18 mars, et 50,8% contre 42,5% le 23 mars). En janvier, Bernie Sanders n’avait, dans ces sondages, les faveurs que de 35% des votants, alors qu’Hillary Clinton en convainquait 60%. Et les échéances de ce week-end devraient lui permettre de confirmer cette dynamique (voir plus bas).

Down

John Kasich n’y arrive pas

C’est le dernier des Mohicans : face au milliardaire incontrôlable Donald Trump et à l’ultra-conservateur du Tea Party Ted Cruz, John Kasich est le dernier candidat en lice des primaires républicaines, le dernier, aussi, des républicains «traditionnels». La direction du parti avait d’abord misé sur Jeb Bush, puis Marco Rubio, pour porter ses couleurs. Ces deux-là n’ont jamais réussi à percer et fini par jeter l’éponge, Bush rapidement, Rubio après sa défaite à domicile, en Floride, il y a dix jours. Kasich espérait fédérer et prospérer sur ces abandons ? Il n’en est rien. Très loin de Ted Cruz (16,9% contre 69,1%) en Utah et de Donald Trump (10% contre 47,1%) en Arizona, mardi dernier, il est toujours à des années-lumière de ses deux adversaires dans la course à l’investiture : il ne compte que 144 délégués, contre 454 pour Cruz et 751 pour Trump… A tel point que, loin de recevoir le soutien de l’establishment républicain, il a vu Jeb Bush annoncer cette semaine son soutien à Ted Cruz. Dur.

La phrase

Invité par la chaîne de télévision NBC à réagir par téléphone aux attentats de Bruxelles mardi, Donald Trump a mis en avant l’un de ses thèmes de prédilection, tout en exploitant son habituelle rhétorique guerrière : «Nous ne permettrons pas que cela se produise dans notre pays. Si cela venait à se produire, nous trouverions les responsables et ils souffriraient grandement», a-t-il aussi dit. Plus tôt, il avait tweeté ce message pas du tout anxiogène : «Vous souvenez-vous combien Bruxelles était un endroit beau et sûr. Ce n’est plus le cas, c’est un monde différent ! Les Etats-Unis doivent être vigilants et intelligents». Plus tard dans la semaine, un groupe de propagande affilié à l’Etat islamique a publié une vidéo reprenant des propos similaires qu’il avait tenus mardi dans la matinale de Fox News : «Bruxelles était une ville formidable – une des plus belles villes du monde il y a vingt ans – et tranquille. Et maintenant, c’est l’horreur, l’horreur absolue.» (voir la vidéo sur le site de Slate).

Le chiffre

60%

C’est la part des sympathisants républicains qui se disent «embarrassés» par la tournure que prend la primaire de leur parti, selon un sondage publié par le New York Times. Visiblement lucides quant au spectacle donné par Donald Trump & cie, les républicains — ce sont ceux qui ont voté lors des primaires qui ont été interrogés — constatent dans leur immense majorité (88%) que leur parti est divisé, et ils ne sont qu’un sur deux à en avoir une bonne opinion. Le contraste est saisissant avec le camp démocrate, où l’on se félicite de la bonne tenue de la primaire : les sympathisants ont une bonne opinion de leur parti (à 82%), le jugent plutôt uni (33% le disent divisé) et apprécient la teneur de la campagne (seuls 13% la trouvent embarrassante).

L’Etat

Rendez-vous démocrate dans l’Etat de Washington

Bernie Sanders lors d'un meeting à la Key Arena de Seattle, le 20 mars.Bernie Sanders en meeting à la Key Arena de Seattle, le 20 mars dernier.

Puisque la primaire républicaine fait relâche jusqu’au 5 avril, c’est vers la primaire démocrate que les regards seront tournés dès ce samedi, avec trois caucus organisés en Alaska, à Hawaï et surtout dans l’Etat de Washington. C’est en effet dans l’Etat du nord-ouest du pays (Seattle, etc.) qu’il y aura le plus de délégués à remporter : 101 exactement. Pas de quoi tout changer dans la course à l’investiture (que Clinton mène toujours largement), mais quand même un coup à jouer pour Bernie Sanders. D’abord parce que cet Etat est essentiellement blanc, donc l’ex-First Lady ne pourra pas capitaliser sur le vote des minorités. Ensuite parce que les caucus lui ont plutôt réussi jusqu’ici : il en a remporté sept sur onze, contre cinq primaires sur vingt-et-un… Pas fou, le sénateur du Vermont y bat campagne depuis plusieurs semaines, et il y est de retour depuis jeudi.

Et pendant ce temps-là, Obama…

A Cuba, «Si se puede !»

Le président américain peaufine en cette fin de mandat la réconciliation des Etats-Unis avec Cuba. Dimanche, il a entamé une visite de trois jours sur l’île, un événement historique – la dernière fois qu’un président américain avait foulé le sol cubain remontait à 1928. Flanqué de ses deux filles et de son épouse, Barack Obama a évoqué la démocratie sans trop faire frémir Castro (lire ici le récit de son séjour par notre envoyé spécial) et a joué à fond son capital sympathie. Obama n’est néanmoins pas resté sur l’île assez longtemps pour assister au concert des Rolling Stones vendredi : il a préféré s’envoler pour l’Argentine où il s’est notamment livré à une démonstration de tango, à laquelle Michelle Obama a aussi pris part, sous les objectifs ravis des caméras et provoquant quelques commentaires ironiques.

Yesterday, after nearly 90 years, an American President set foot on Cuban soil: https://t.co/OP25Gqw0fy#CubaVisitpic.twitter.com/vA2XuzjUFn

— The White House (@WhiteHouse) 21 mars 2016

(To be continued…)

Baptiste Bouthier , Kim Hullot-Guiot

Un an après le crash, l’hommage aux victimes du vol 9525 de la Germanwings

42″

Le 24 mars 2015, le copilote du vol 9525 de la Germanwings Andreas Lubitz précipitait volontairement son appareil sur le flanc d’une montagne du Vernet (Hautes-Alpes), tuant les 150 passagers de ce vol Barcelone-Düsseldorf.

Un an après le drame, la petite commune des Hautes-Alpes accueillait une cérémonie d’hommage aux victimes. Point d’orgue de cette matinée, une émouvante minute de silence, respectée jusque dans la ville allemande de Haltern (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) d’où seize lycéens étaient originaires.

Attentats à Bruxelles : la police belge recherche l’un des auteurs présumés

(De notre envoyée spéciale à Bruxelles, Isabelle Hanne) Entre chien et loup, après le travail, les Bruxellois se retrouvent, spontanément, place de la Bourse. Le cœur de la capitale belge est illuminé par les petites flammes des bougies disposées sur les pavés. Des enfants, des étudiants, des parents, écrivent à la craie des messages de paix. Dans toutes les langues de cette ville cosmopolite : «Bruxelles ma belle», «Love is my religion», «Paz», «You will never stop our smile»…

«Moi je suis fâché, je suis triste, c’est quoi ces conneries ?», s’emporte Moustafa. La quarantaine en costard cravate, il sort tout juste du bureau. «Aujourd’hui, ces gens croient détenir la vérité, mais c’est n’importe quoi, des animaux», lâche-t-il, en agitant un drapeau belge.

Pékin fait taire un journaliste critique

La chasse aux critiques ne connaît décidément pas la crise en Chine. Les autorités ont fait savoir dimanche qu’elles détenaient Jia Jia, un journaliste indépendant dont ses proches étaient sans nouvelles depuis le 15 mars. Ce jour-là, Jia Jia avait passé la douane à l’aéroport international de Pékin. Il se préparait à embarquer sur un vol pour Hongkong où il devait participer à un séminaire à la City Université. Mais la police municipale l’a stoppé après son passage devant les services de l’immigration. Une nouvelle affaire qui démontre la dérive autoritaire croissante de l’administration Xi Jinping, le président chinois.

Jia Jia «a été arrêté» à la suite de son «implication dans une affaire», a précisé Yan Xin, son avocat. Peu après son arrestation, défenseurs de la liberté de la presse et activistes des droits de l’homme à Hongkong avaient établi un lien entre la disparition du journaliste et sa probable implication, selon eux, dans la publication d’une curieuse lettre ouverte appelant à la démission de Xi Jinping. Mais, ce mardi, rien ne confirme que Jia Jia soit directement lié à ce texte. Son avocat a indiqué que son arrestation pourrait être liée à une autre affaire.

«Concentration des pouvoirs»

Mis en ligne sur le site chinois Wujie à l’ouverture de la session parlementaire le 4 mars, cet appel aux auteurs méconnus était signée des «membres loyaux du Parti communiste». Elle a vite été retirée mais il est possible d’en trouver des versions en ligne, et notamment une traduction en anglais sur le site chinadigitaltimes.net.

Tout en saluant le travail entrepris par Xi sur le chantier des réformes économiques et de la lutte contre la corruption, le texte critique la «concentration de tous les pouvoirs dans [les] mains du camarade Xi Jinping». De ce fait «nous sommes maintenant confrontés à des problèmes sans précédent et des crises dans tous les domaines politiques, économiques, idéologiques et culturelles», écrivent les auteurs de la lettre. Sur le front diplomatique, ils fustigent une politique qui a «non seulement échoué à créer un environnement international favorable, mais qui a également permis à la Corée du Nord de terminer des essais nucléaires […], aux Etats-Unis d’effectuer un retour réussi en Asie, avec la formation d’un front commun avec la Corée du Sud, le Japon, les Philippines, et les pays d’Asie du Sud pour contenir la Chine». Sans parler de l’enlèvement des libraires de Hongkong qui «a lésé la politique du “un pays, deux systèmes”».

Dans le domaine économique, poursuit le document qui s’adresse à Xi, «votre participation directe à l’élaboration de la politique économique a créé une instabilité sur les marchés boursier et immobilier, contribuant à la disparition de richesses chez des centaines de milliers de gens ordinaires».

«Culte de la personnalité»

Puis le réquisitoire s’intéresse aux questions idéologiques, à la reprise en main des médias, virant à un «culte de la personnalité», ainsi qu’à la campagne anticorruption. Les auteurs suspectent qu’elles soient d’abord et seulement le signe «d’une lutte de pouvoir. […] Nous craignons que ce type de lutte interne au parti puisse également présenter des risques pour votre sécurité personnelle et celle de votre famille.» Autant de raisons qui amènent le document à demander la démission de Xi Jinping.

Journaliste pigiste âgé de 35 ans, Jia Jia s’est fait connaître par ses critiques et ses posts sur le portail web chinois Tencent. Il aurait fait part à ses proches de ses craintes d’être arrêté. Il rejoint les rangs de plus en plus nourris d’avocats, journalistes, militants des droits de l’homme enlevés et inculpés depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping il y a trois ans. Ces derniers mois, les rapts, parfois dans un pays tiers, de libraires de Hongkong ou d’un journaliste chinois en Thaïlande, ont montré les pratiques de hors-la-loi du régime chinois pour instaurer une chape de plomb sur ceux qui révèlent la dérive autoritaire du régime de Xi.

Arnaud Vaulerin Correspondant au Japon

L’Angleterre décroche son Grand Chelem face à la France

Si ce France-Angleterre ne pouvait pas décider du vainqueur du Tournoi des six nations – les Anglais étaient sûrs de finir premier depuis une semaine -, il devait permettre de savoir si cette première campagne tricolore de l’ère Novès basculait d’emblée du côté obscur, après deux victoires et deux défaites.

Après avoir été menés assez tôt dans le match, la France a entretenu l’espoir pendant une bonne partie de la rencontre, en revenant régulièrement à portée des Blancs. Elle s’incline finalement 21-31 au Stade de France, laissant le XV de la Rose décrocher son 13e Grand Chelem, le premier depuis treize ans.  

Les Anglais ont inscrit trois essais par Care, Cole et Watson. Tous les points français ont été inscrits sur pénalités par Machenaud, qui a réalisé un sans faute au pied.

L’Angleterre triomphe ainsi dans le Tournoi, quelques mois après avoir quitté prématurément la Coupe du monde organisée chez elle.

La France termine à la cinquième place, dans la lignée des mauvais résultats obtenus les quatre saisons précédente dans cette compétition européenne sous la direction de Philippe Saint-André. Elle n’a plus remporté la compétition depuis 2010. 

Dans les autres matchs ce samedi, le pays de Galles a écrasé l’Italie 67-14 et l’Irlande a dominé l’Ecosse 35-25.

 

LIBERATION

Les Vingt-huit expulsent le droit d’asile

Derrière les grandes proclamations sur le respect des droits de l’homme, du droit international et du droit européen, la réalité est brutale : les vingt-huit États européens vont bel et bien enterrer le droit d’asile accusé d’attirer des centaines de milliers de réfugiés. Le plan germano-turc, présenté lors du sommet européen du 7 mars, et qui prévoit le renvoi quasi-automatique de tous les migrants, économique ou demandeur d’asile, vers la Turquie, a été adopté aujourd’hui par les chefs d’État et de gouvernement, une nouvelle fois réunis à Bruxelles.

· Comment l’Union va-t-elle supprimer le droit d’asile tout en respectant la légalité internationale et européenne ?

« Nous respecterons le droit européen et la Convention de Genève, ce n’est pas possible de faire autrement », a martelé, hier, le président de la Commission, Jean-Claude Juncker. « En tant qu’Européen, nous ne pouvons tourner le dos à l’asile, nous avons l’obligation d’aider les réfugiés », a surenchéri, Frans Timmermans, le vice-président de l’exécutif européen. En réalité, la souplesse du droit permet de rendre légal ce qui est moralement indéfendable.

Contrairement à ce que suggérait la chancelière Angela Merkel, qui a brusquement et sans concertation avec ses partenaires européens, changé son fusil d’épaule, il n’est pas question de renvoyer immédiatement les migrants arrivant dans les îles grecques. La Commission, mais aussi le Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU, a expliqué que cela serait illégal, tout demandeur d’asile ayant le droit de voir son dossier examiné. Tel sera bien le cas, assure la Commission, en application de la directive européenne du 26 juin 2013 « relative à des procédures communes pour l’octroi et le retrait de la protection internationale ».

Si un étranger demande l’asile, il aura la garantie que l’office grec compétent examinera son dossier sur place. Et une procédure d’appel devant un juge, jusqu’à présent inexistante, sera organisée. En attendant la réponse, le candidat réfugié restera confiné dans un camp (ou « hotspot »).Jusque-là, rien à dire : les demandeurs d’asile seront simplement obligés de demander protection à la Grèce, ce qu’ils font peu actuellement, préférant se rendre en Allemagne ou en Suède.

Mais, pour pouvoir renvoyer massivement les demandeurs d’asile, la Commission propose d’organiser l’irrecevabilité de ces demandes en s’appuyant sur l’article 33 de la directive qui prévoit que l’asile sera refusé si l’étranger provient d’un « pays sûr » ou est passé par un « premier pays d’asile ». Un « pays sûr » (articles 36 à 39), c’est un statut accordé par chaque État membre à un pays tiers, comme vient de le faire la Grèce à l’égard de la Turquie : il faut simplement que, dans ce pays, le réfugié ne risque pas d’être persécuté au sens de la Convention de Genève de 1951 et qu’il puisse y obtenir le statut de réfugié. Le « pays de premier asile » (article 35), c’est celui où il peut jouir « d’une protection suffisante ». Certes, chaque demandeur d’asile pourra contester que le pays tiers soit sûr dans son cas (par exemple un kurde syrien), mais il faudra l’établir… Surtout, si l’asile est accordé, il le sera seulement en Grèce.

L’examen étant ainsi individualisé, il n’y aura pas « d’expulsion collective », une pratique bannie par le droit international et la charte européenne des droits de l’homme à la suite des barbaries nazies et soviétiques, mais des expulsions individuelles groupées… Le secrétaire général du Conseil de l’Europe, le Norvégien Thorbjorn Jagland, s’est dit satisfait de ce tour de passe-passe juridique qui revient, en réalité, à refuser l’asile en Europe à toute personne ayant traversé un « pays sûr » ou un « pays de premier asile ».

En décidant d’appliquer massivement ces articles, l’Union régionalise le droit d’asile : il est rare qu’un réfugié n’ait pas, au cours de son périple, traversé des pays où il ne risque rien, la persécution étant souvent limitée à son pays d’origine. Avec ce principe, aucun Cambodgien ou Vietnamien n’auraient obtenu l’asile en France dans les années 80, puisqu’ils ont d’abord séjourné en Thaïlande, un pays sûr. Désormais, il reviendra aux pays se trouvant autour des zones de conflit ou de dictatures de gérer le problème des réfugiés. En réalité, on se demande à quoi sert encore le protocole de 1967 étendant la protection de la convention de Genève de 1951, jusque là limitée à l’Europe, à l’ensemble de la planète.

Quels sont les problèmes pratiques que cette solution soulève ?

Le problème est que la Turquie n’a pas ratifié le protocole de 1967 : le statut de réfugié est réservé dans ce pays aux seuls Européens… Il va donc falloir qu’elle le ratifie ou que l’Union modifie la directive de 2013 pour se contenter d’un statut « équivalent », ce qui est la voie la plus simple. Côté grec, il va falloir installer dans les cinq hotspots chargés de recenser les arrivants, des « officiers de protection » chargés d’examiner les demandes d’asile et surtout prévoir des juridictions ad hoc pour statuer sur les recours, ce qui s’annonce pour le moins difficile quand on connaît le temps que prennent les réformes en Grèce… Il faudra que ces juges spécialisés travaillent non stop afin de statuer au plus vite, sauf à prendre le risque de voir les réfugiés coincés pendant de longs mois dans les îles avec tous les problèmes (santé, éducation, etc.) que cela posera. Enfin, la question éminemment pratique des retours de dizaines de milliers de personnes n’est absolument pas abordée : il faudra sans doute mobiliser l’armée pour assurer le calme et affréter des norias de bateaux chargés de ramener les réfugiés et les immigrés sur les côtes turques. Les images risquent d’être particulièrement choquantes.

Est-ce que l’abandon du droit d’asile va interrompre le flux de migrants ?

Les réfugiés ne représentent qu’environ la moitié, voire moins, du flux actuel. Autrement dit, les migrants économiques tenteront toujours d’entrer par d’autres voies. Pour les réfugiés, l’Union promet d’appliquer le principe du « un pour un » : pour chaque demandeur d’asile renvoyé, elle s’engage à un prendre un réfugié statutaire installé en Turquie. Mais à y regarder de plus près, il n’est pas question d’accueillir des centaines de milliers de personnes. Les Vingt-huit s’engagent seulement à accueillir, sur une base « volontaire », des réfugiés dans la limite du plafond des 160.000 personnes qui doivent être relocalisées comme ils l’ont décidé en juillet dernier. Sur ce contingent, il reste 18.000 places et les Vingt-huit sont prêts à ajouter 54.000 places. Soit 72.000 réfugiés… On est loin du « un pour un » qui ressemble fort à un attrape-gogo destiné à calmer les ONG de défense du droit d’asile. C’est donc bien d’un abandon du droit d’asile qu’il s’agit.

N.B.: Article paru dans Libération du 18 mars.

La conclusion de sommet fait l’objet de cet article, par ici.

Loi travail : suivez en direct les mobilisations

Dix lycées ont été bloqués à Nantes, selon la police. Des pompiers sont intervenus pour éteindre des feux de poubelles devant un établissement du nord de la ville.

A Marseille, des centaines de lycéens se sont rassemblé devant la préfecture dans une ambiance festive, tandis qu’à Tours, la manifestation se déroulait dans la matinée avec 3 000 à 4 000 personnes, selon un journaliste de l’AFP, dont les trois quarts de jeunes.

Lula de retour aux affaires pour sauver Rousseff et se sauver lui-même

Luiz Inácio Lula da Silva est le nouvel homme fort du Brésil. Après de longues hésitations, l’ex-président (2003-2011) et chef historique du Parti des travailleurs (PT) a accepté ce mercredi le portefeuille dit de la «Maison civile», un poste comparable à celui de Premier ministre, que lui a proposé sa protégée et successeure Dilma Rousseff (PT). La presse s’attend désormais à une version tropicale du tandem Medvedev-Poutine. Selon un éditorialiste de la Folha de São Paulo, l’arrivée de Lula au gouvernement équivaut à la «démission de facto» de «Dilma». Engluée dans une crise économique, politique et morale sans précédent, la très impopulaire présidente se serait résignée à ne plus faire que de la figuration, à se transformer «en reine d’Angleterre».

Un scénario que nul n’aurait pu prévoir pendant les années fastes du Brésil, sous Lula justement. Aujourd’hui, le pays s’enfonce dans la récession. Et chaque jour apporte son nouveau lot de révélations dévastatrices sur le scandale de détournement de fonds au profit de la coalition au pouvoir, via des contrats surfacturés entre Petrobras, la compagnie pétrolière nationale, et certains de ses principaux fournisseurs. Le parti présidentiel est accusé d’être le principal bénéficiaire de ces malversations. Dimanche 13 mars, au moins 1,5 million de Brésiliens ont défilé dans tout le pays pour demander le départ de Dilma Rousseff. La menace de sa destitution par le Congrès semble se rapprocher.

«Tentation populiste»

Lui-même mis en cause dans le scandale Petrobras, Lula n’est plus ce qu’il était. Mais il va jouer ce qui lui reste de crédibilité pour tenter de sauver sa protégée de l’impeachment, alors que la procédure, déclenchée en décembre, doit reprendre cette semaine. Le leader de la gauche devra user de son talent de négociateur pour dissuader le Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB), formation du vice-président Michel Temer, soit l’homme appelé à remplacer Dilma Rousseff si elle était destituée, de rompre avec le gouvernement. Paradoxalement, les dernières révélations de l’affaire Petrobras devraient lui faciliter la tâche, en éclaboussant la principale figure de l’opposition, le sénateur Aécio Neves, président du Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB, centre droit), mais aussi … Michel Temer lui-même. L’autre grande mission de Lula consistera à tenter de relancer une économie aux abois. L’ex-chef de l’Etat aurait exigé d’avoir les coudées franches pour prendre un virage à gauche dans la politique économique. Les milieux d’affaires craignent la «tentation populiste» qui consisterait selon eux à réduire à marche forcée les taux d’intérêt et puiser dans les réserves internationales de la Banque centrale pour abattre la dette.

Pour ses adversaires, pourtant, l’entrée de Lula au gouvernement n’est qu’une manœuvre pour tenter de se soustraire à la justice. L’ex-Président est accusé d’avoir bénéficié des largesses d’entreprises ayant détourné des fonds de Petrobras. La coïncidence est troublante : c’est après le mandat d’amener délivré contre lui le 4 mars par l’implacable Sergio Moro, le juge en charge de l’affaire, que Dilma a eu l’idée, soufflée par le PT, de lui offrir un portefeuille … Le but serait de mettre Lula à l’abri de Sergio Moro, censé statuer sur une demande de mise en examen et d’arrestation préventive de l’ex-Président, émanant du parquet de São Paulo. Les ministres sont effet jugés par la Cour suprême, dont Lula avait lui-même nommé plusieurs membres…

Chantal Rayes Correspondante à São Paulo

Les playlists assise, debout et couchée de Sonic Boom

Excellent festival installé à Nantes depuis 2013, Assis ! Debout ! Couché ! reconduit chaque année le même singulier concept, désormais éprouvé : proposer chacun de ses trois soirs au Lieu Unique une programmation pensée pour une posture. Le très aguichant plateau de l’édition 2016 (qui se déroulera du 25 au 27 mars) ne relâche rien, pas plus en termes d’exigence que d’éclectisme, croisant la techno de Dopplereffekt, Chloé ou Arnaud Rebotini (en duo avec l’electroaccousticien Christian Zanesi) à la dark-pop de The KVB et l’ambient d’Alessandro Cortini (ex-clavier de Nine Inch Nails), entre une création de Pierre Henry et une messe orchestrée par la grande pretresse folk sixties Vashti Bunyan. 

Pour fêter ça, Peter Kember alias Sonic Boom, compagnon de route du festival depuis sa première édition et éminence absolue du psychédélisme électrique depuis plus de trente ans – via surtout son défunt groupe Spacemen 3 -, a réalisé un formidable et (très) long mix pour chaque posture, dix heures de musique en tout, que nous avons le plaisir de vous proposer en exclusivité cette semaine sur Libération.fr, assorti d’une introduction à chacun par le festival.

Aujourd’hui : Couché ! 

COUCHÉ ! c’est la position idéale pour écouter cette mixtape de Sonic Boom qui voit s’acoquiner Edgar Varèse, les Troubadours du roi Baudoin, Panda Bear, Erik Satie et Cheval Sombre… Après cette plongée en eaux troubles, vous serez prêts à évoluer dans les vagues envoûtantes de drones électroniques avec Alessandro Cortini, à lâcher prise au rythme des percussions primitives d’Alexis Degrenier et à partager avec Chloé un doux moment entre transe et rêverie imaginé spécialement pour le festival…

 

La sélection COUCHÉ ! de Sonic Boom : 

Alan’s Tune- The Tornados

Boneless (Panda Bear remix) – Notwist

You Still Believe in Me – The Beach Boys

Imidiwan Afrik Temdam – Tinariwen

Heaven – Talking Heads

Welcome to the Now Age – Prince Rama

Ghost Runs – Chocaloyoh

Drugs – Talking Heads

In Limbo – TEEN

Nightvision – Daft Punk

Haze Interior – Tamaryn

Agnus Dei 76 – Peter Zinovieff

Piano Song (demo) – Amen Dunes

Lute & Lyre – Sun Araw

Painted Doll – The Seeds

Sqaures – The Beta Band

Moonlight Mile – The Rolling Stones

Search for Delicious – Panda Bear

My Only Child (demo) – Nico

Sanctus – Les Troubaours Du Roi Baudouin

Benedictus – Les Troubaours Du Roi Baudouin

Gesang de Jungelinge – Karlheinz Stockhausen

Glob Waterfall – Joe Meek

Buzz – Experimental Audio Research

On Your Shore – Enya

Scheherezade ( vocal only) – Panda Bear

Space 123 – Dual Split

Big Science – Laurie Anderson

Trippin’ With The Birds – Stereolab and Nurse with Wound

What Is There in Uselessness to Cause You Distress? – AMM

Former Reflection Enduring Doubt – The Red Crayola

Wooden Toys (Sonic Boom remix) – Amon Tobin

Poeme Electronique – Edgar Varese

Gymnopedie #2 – Erik Satie

Tick Tock – The Innocents

The Delian Mode – Delia Derbyshire

The Nearness of You (sonic mix) – Cheval Sombre

Love Is A Drug – Bachelorette

Is This And Yes – My Bloody Valentine

Cosplay (demo) – Panda Bear

Le dimanche 27 mars au Lieu unique, à Nantes : COUCHÉ !  – CHLOÉ – ALESSANDRO CORTINI – ALEXIS DEGRENIER CONTEMPORAIN 



Aujourd’hui : Debout ! 

Sur un pied, pour danser, pour accompagner un jogging ou encore pour faire le ménage, découvrez la playlist DEBOUT! de Sonic Boom. On y croise Stereolab, Nurse With Wound ou Silver Apples ; un programme rêvé pour se mettre en jambe avant la diffusion d’une nouvelle pièce de Pierre Henry et les concerts de Dopplereffekt, d’Arnaud Rebotini & Christian Zanési avec leur passionnant projet Frontières et du Cabaret Contemporain, le tout précédé d’une parenthèse entre shoegaze et garage avec The KVB et Baston. Venez expérimenter des danses inédites, des marches stupides, ou une verticalité chic et détendue….

 

La sélection DEBOUT! de Sonic Boom : 

Collarbone – Fujiya & Miyagi

Virginia Plain – Roxy Music

Goat – Goat

I Don’t Care What the People Say- Silver Apples

Zanya Jumma – Group Doueh

Internal Wrangler – Clinic

Shocks of Mighty – Dave Barker

Cold Turkey – John Lennon

Die Roboter – Kraftwerk

Moogie Wonderland – Stereolab

Simple Headphone Mind – Stereolab and Nurse with Wound

Cosplay (demo) – Panda Bear

Destrokk – MGMT

I Only Said – My Bloody Valentine

Cities (alternate mix ) – Talking Heads

Wave Riding – Leisure Connection

Psych Rock – Pierre Henry

You Can Count on Me (vocal only) – Panda Bear

Arts Ferhem – Acid Arab

Scars (Sonic Boom remix) – Moon Duo

The Wisdom of Stone (Do You Believe in …? ) – Zombie Zombie

You Don’t Care – Bo Diddley

Love is Strange – Mickey & Sylvia

Lyin’ Goat – Laika

Here Today (stereo backing track) – The Beach Boys

Pretty Suzanne – The Monks

Mothlight pt2 – Cloudland Canyon

Walkabout – Altas Sound (w/ Noah Lennox)

Je Sais Qui Tu Es – Moodoid

Le samedi 26 mars au Lieu unique, à  Nantes : DEBOUT!  – PIERRE HENRY – DOPPLEREFFEKT – THE KVB – ARNAUD REBOTINI & CHRISTIAN ZANÉSI – BASTON – CABARET CONTEMPORAIN 



Retrouvez également la playlist Assis ! 

 

Confortablement ASSIS!, profitez de cette sélection signée Sonic Boom, une playlist large d’esprit et maximaliste, qui imagine un monde allant de Tinariwen à Red Crayola, pour vous préparer à flotter dans les sonorités de la folk vespérale de Vashti Bunyan, à suivre le fil de la musique répétitive du nouveau projet de Benjamin Jarry, à découvrir Gabriel Kahane et sa pop qui a la bonne idée de flirter avec de la musique de chambre, à vous laisser illuminer par les mélodies gracieuses de Will Samson avant de redécouvrir la position debout, passé minuit, pour réveiller votre corps sur le groove nonchalant de MC Pinty.

 

La sélection ASSIS! de Sonic Boom : 

Desert Wind – Tinariwen

Street Flash – Animal Collective

My Electric Husband – Bachelorette

Black Paradise – Zombie Zombie

In My Room – The Beach Boys

Sound and Vision – David Bowie

Seamless Boogie Woogie (BBC2 sessions) – Clinic

Sleep is Noise – TEEN

Since I Lay My Burden Down – Dean & Britta

Moogie Bloogies – Anthony Newley & Delia Derbyshire

Beatlemania – Eric Copeland

One Four – Moondog and Suncat Suites

Every Blossom (Sonic Boom remix) – The Lightships

..And May Your Last Words Be A Chance To Make – Magnetophone

Congratulations (sleeve notes) – Sonic Boom

I Found A Whistle – MGMT

Animal or Vegetable (A Wonderful Wooden Reason) – Nurse with Wound

Comfy in Nautica – Panda Bear

Moonrise – Peaking Lights

Summer of Love – Prince Rama

Fisherman – The Congos

Radio 4 – Public Image Ltd

Victory Gardens (stereo) – The Red Crayola

Flower Lady- The Seeds

Cheree (remix) – Suicide

Horse Steppin’ (Sonic Boom mix) – Sun Araw

This May Be The Last Time – The Staple Singers

Raasay Gigitised – Peter Zinovieff

The Preakness – Panda Bear

I Wonder – Rodriguez

Exotic Siren Song – Moonshake

The Day Summer Fell – The Sand Pebbles

Squeaky – Laika

That Bird Has A Broken Wing – Sun Kil Moon

Wonder 2 – My Bloody Valentine

Fire – TEEN

Cosplay (demo) – Panda Bear

Le vendredi 25 mars au Lieu unique, à  Nantes : ASSIS !  – VASHTI BUNYAN – BENJAMIN JARRY – GABRIEL KAHANE & QUATUOR DEBUSSY – WILL SAMSON – MC PINTY 

LIBERATION