L’ouragan Matthew s’essouffle aux Etats-Unis, mais le risque d’inondations persiste

Photo fournie par la Minustah de la ville de Jeremie, dévastée par l'ouragan Matthew, le 6 octobre 2016 en Haïti
Photo fournie par la Minustah de la ville de Jeremie, dévastée par l’ouragan Matthew, le 6 octobre 2016 en Haïti

L’ouragan Matthew a perdu du souffle, rétrogradé en catégorie 1 aux Etats-Unis, où les autorités craignent désormais la montée des eaux, après un passage dévastateur en Haïti qui a fait au moins 400 morts.

« Un décès sur quatre lors des ouragans aux Etats-Unis est lié à la montée des cours d’eau dans les terres à cause des fortes pluies », a mis en garde Rick Knabb, directeur du Centre d’information sur les ouragans (NHC), sur Twitter.

Un couple se promène à l'aube à Jacksonville Beach, e, Floride, après le passage de l'ouragan Matthew, le 8 octobre 2016 © Jewel SAMAD AFPUn couple se promène à l'aube à Jacksonville Beach, e, Floride, après le passage de l'ouragan Matthew, le 8 octobre 2016 © Jewel SAMAD AFP
Un couple se promène à l’aube à Jacksonville Beach, e, Floride, après le passage de l’ouragan Matthew, le 8 octobre 2016 © Jewel SAMAD AFP

Dans le même temps, le service météorologique national (NWS) prévenait que Matthew allait déverser de fortes pluies plusieurs dizaines de kilomètres à l’intérieur des terres.

Aux Etats-Unis, neuf personnes ont été tuées lors du passage de l’ouragan: quatre en Géorgie et cinq en Floride.

Déblayage de la route après le passage de l'ouragan Matthew, à Savannah, en Géorgie, aux Etats-Unis, le 8 octobre 2016 © NICHOLAS KAMM AFPDéblayage de la route après le passage de l'ouragan Matthew, à Savannah, en Géorgie, aux Etats-Unis, le 8 octobre 2016 © NICHOLAS KAMM AFP
Déblayage de la route après le passage de l’ouragan Matthew, à Savannah, en Géorgie, aux Etats-Unis, le 8 octobre 2016 © NICHOLAS KAMM AFP

Selon le bulletin du NHC à 00H00 GMT dimanche, l’ouragan soufflait à un maximum de 120 km/h, soit en catégorie 1 sur l’échelle Saffir-Simpson qui en compte 5.

Il se trouvait à 65 km à l’est de Cape Fear, en Caroline du Nord, et se dirigeait vers le large.

La montée des eaux liées à l’ouragan –jusqu’à 3 mètres attendus par endroits– cumulée à la marée haute vont créer une association « dangereuse », a averti le NHC.

L'ouragan Matthew © Laurence CHU, Nicolas RAMALLO , Anella RETTA AFPL'ouragan Matthew © Laurence CHU, Nicolas RAMALLO , Anella RETTA AFP
L’ouragan Matthew © Laurence CHU, Nicolas RAMALLO , Anella RETTA AFP

Les autorités des Etats concernés ont ordonné l’évacuation d’environ trois millions de personnes.

La ville côtière de St. Augustine au sud de Jacksonville, en Floride, a subi « beaucoup de dégâts », a indiqué à l’AFP le commandant Chuck Mulligan, du bureau du shérif du comté de St. Johns.

Un plan d’urgence fédéral avait été mis en oeuvre au préalable dans quatre Etats (Floride, Géorgie, Caroline du Sud, Caroline du Nord) par le président Barack Obama, qui avait prévenu qu’il s’agissait « d’un ouragan vraiment dangereux ».

Dégâts après le passage de l'ouragan Matthew à Atlantic Beach, en Floride, le 8 octobre 2016 © Jewel SAMAD AFPDégâts après le passage de l'ouragan Matthew à Atlantic Beach, en Floride, le 8 octobre 2016 © Jewel SAMAD AFP
Dégâts après le passage de l’ouragan Matthew à Atlantic Beach, en Floride, le 8 octobre 2016 © Jewel SAMAD AFP

Depuis qu’il est devenu ouragan le 29 septembre, Matthew a traversé les Caraïbes du sud au nord, affectant la Colombie, la Jamaïque, la République dominicaine (au moins quatre morts), ainsi que Cuba et les Bahamas.

– Haïti dévasté au sud –

Mais également Haïti, en particulier le sud du pays, faisant au moins 400 morts dans le seul département du Sud, a indiqué à l’AFP le sénateur Hervé Fourcand, au sujet de sa circonscription.

La protection civile faisait état de 336 morts dont 78 dans la circonscription du sénateur.

Des bâtiments détruits par l'ouragan Matthew à Jeremie, dans l'ouest d'Haïti, le 7 octobre 2016 © Nicolas GARCIA AFPDes bâtiments détruits par l'ouragan Matthew à Jeremie, dans l'ouest d'Haïti, le 7 octobre 2016 © Nicolas GARCIA AFP
Des bâtiments détruits par l’ouragan Matthew à Jeremie, dans l’ouest d’Haïti, le 7 octobre 2016 © Nicolas GARCIA AFP

« Nous ne pourrons pas parvenir à un bilan définitif avant mercredi », a indiqué à l’AFP Marie-Alta Jean-Baptiste, directrice de la protection civile.

Face à l’ampleur des pertes humaines et des destructions, le président provisoire de la République, Jocelerme Privert, a décrété trois jours de deuil national à compter de dimanche.

A Jérémie, une ville de 30.000 habitants inaccessible jusqu’à vendredi, la situation est désespérée.

Haïti touché par l'ouragan © Laurence CHU , Gal ROMA, Kun TIAN AFPHaïti touché par l'ouragan © Laurence CHU , Gal ROMA, Kun TIAN AFP
Haïti touché par l’ouragan © Laurence CHU , Gal ROMA, Kun TIAN AFP

« C’est comme si quelqu’un avait une télécommande et continuait de faire augmenter le vent encore et encore », raconte à l’AFP Carmine Luc, une jeune femme de 22 ans.

Habitant la baie des Abricots, à 17 km de Jérémie, David Millet, qui a travaillé pour l’ONG Agronomes et Vétérinaires sans Frontières, a prévenu que « le stock qu’on a aujourd’hui ne représente que 10 à 15 jours de nourriture ».

Le quartier de Croix-Marche à Terre, dans la troisième ville du pays, Les Cayes, n’était plus qu’un entrelacs d’arbres déchiquetés, de tôles, de détritus en tous genres d’où émergeaient des maisons éventrées.

Jusqu’à 80% des récoltes ont été détruites dans certaines zones.

« Nous organisons déjà des convois par voie terrestre, par mer et par air qui transportent de la nourriture, de l’eau et des médicaments pour les zones sinistrées », a indiqué à l’AFP le ministre de l’Intérieur, François Anick Joseph.

Washington a envoyé un navire avec 300 Marines qui s’ajouteront aux 250 soldats et neuf hélicoptères déjà sur place. La France va envoyer 60 soldats et 32 tonnes (aide humanitaire, dispositifs de purification d’eau).

« Beaucoup d’habitants ont tout perdu. Ils n’ont plus rien hormis les vêtements qu’ils portent », selon l’ONG Care-France.

– 500.000 enfants affectés –

L’Unicef a estimé que 1,3 million d’Haïtiens –soit 10% de la population du pays– sont touchés, dont un demi-million d’enfants dans les régions les plus affectées.

Selon l’organisation, près de 16.000 personnes se trouvaient toujours dans des refuges temporaires car jusqu’à 80% des logements ont été détruits par endroits.

Le bureau des Nations unies pour l’aide humanitaire (OCHA) a estimé que 750.000 personnes avaient besoin d’une assistance immédiate, précisant que le Programme alimentaire mondial disposait de 25 tonnes à Jérémie (de quoi subvenir à 9.000 personnes pendant une semaine). Le PAM a constitué des réserves pour nourrir 300.000 personnes pendant un mois.

Plusieurs ONG craignent en outre de « nouvelles flambées » de l’épidémie de choléra, introduite dans le pays après le séisme de 2010 par des Casques bleus de la Mission de l’ONU sur place (Minustah).

Les craintes d’épidémies sont d’autant plus fortes que de nombreux centres de santé ont été endommagés.

09/10/2016 04:23:26 – Jacksonville (Etats-Unis) (AFP) – © 2016 AFP

Top 14/finale: des traces de corticoïdes chez trois joueurs-clés du Racing

Dan Carter avec le "Bouclier de Brennus" remporté au Camp Nou de Barcelone avec le Racing, le 24 juin 2016
Dan Carter avec le « Bouclier de Brennus » remporté au Camp Nou de Barcelone avec le Racing, le 24 juin 2016

Des traces de corticoïdes ont été retrouvées dans les urines de trois joueurs majeurs du Racing 92, Dan Carter, Joe Rokocoko et Juan Imhoff, lors de la finale du dernier Top 14 remportée par le club francilien face à Toulon, affirme L’Equipe jeudi soir.

Le contrôle surprise réalisé sur tous les joueurs de la finale, le 24 juin à Barcelone, par l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) a permis de détecter des traces de ces produits interdits en compétition sans autorisation, sauf cas particuliers, chez ces trois titulaires de la même équipe, affirme le quotidien sportif dans son édition en ligne.

L'ailier néo-zélandais Joe Rokocoko avait marqué un essai durant la finale, le 24 juin 2016 à Barcelone © DAMIEN MEYER AFPL'ailier néo-zélandais Joe Rokocoko avait marqué un essai durant la finale, le 24 juin 2016 à Barcelone © DAMIEN MEYER AFP
L’ailier néo-zélandais Joe Rokocoko avait marqué un essai durant la finale, le 24 juin 2016 à Barcelone © DAMIEN MEYER AFP

Selon la même source, les trois joueurs ne disposaient pas des autorisations qui auraient pu justifier la présence de ces substances interdites.

Carter, Rokocoko et Imhoff ont été déterminants dans la victoire héroïque du Racing (29-21), en infériorité numérique pendant plus d’une heure après l’expulsion définitive de Maxime Machenaud. Un succès qui a signé le retour au sommet du rugby français de la formation des Hauts-de-Seine.

Avertie par l’AFLD, la Fédération française de rugby (FFR) dispose de quarante jours à compter de la notification pour mener son enquête et décider si l’emploi de ces produits était justifié médicalement. Dans le cas inverse, une procédure disciplinaire devrait être ouverte.

Selon L’Equipe, une sanction envers les joueurs et/ou le club n’est pour autant pas assurée, et pourrait dépendre du dosage du produit et du mode d’administration.

L'ailier argentin du Racing, Juan Imhoff, congratule son coéquipier Joe Rokocoko après son essai durant la finale de Top 14, le 24 juin 2016 à Barcelone face à Toulon © DAMIEN MEYER AFPL'ailier argentin du Racing, Juan Imhoff, congratule son coéquipier Joe Rokocoko après son essai durant la finale de Top 14, le 24 juin 2016 à Barcelone face à Toulon © DAMIEN MEYER AFP
L’ailier argentin du Racing, Juan Imhoff, congratule son coéquipier Joe Rokocoko après son essai durant la finale de Top 14, le 24 juin 2016 à Barcelone face à Toulon © DAMIEN MEYER AFP

Dans certains cas, un recours aux corticoïdes sans autorisation à usage thérapeutique (AUT) est possible s’il est déclaré pendant le contrôle. Mais les joueurs contrôlés positifs, qui devront se justifier devant la commission médicale de la fédération, pourront aussi, selon le journal sportif, « se reposer sur un aspect surprenant de la loi française, qui permet aux clubs et aux sportifs mis en cause de se défendre rétroactivement, donc sans avoir obtenu d’AUT ».

Les experts mandatés par la FFR devront donc déterminer si le Racing a voulu rétablir la santé de ses joueurs, auquel cas l’autorisation sera délivrée a posteriori, ou améliorer ses performances, ce qui le fera basculer dans l’illégalité.

« Dans le cas d’usage de certains corticoïdes, par exemple, la différence de dosage peut faire passer le joueur du statut de convalescent à celui de tricheur présumé », explique L’Equipe.

Lors de la saison écoulée, le Néo-Zélandais Dan Carter avait notamment été blessé plusieurs semaines au mollet droit, et avait disputé la finale de Coupe d’Europe perdue par le Racing face aux Saracens (9-21) en étant très diminué.

07/10/2016 02:30:39 – Paris (AFP) – © 2016 AFP

Les privilèges de Monsieur Mazarine en campagne

L’atterrissage, en douceur, prévu pour le compagnon de Mazarine Pingeot, ne se passe pas comme prévu. En effet, l’ancien coordonnateur national du renseignement, poussé par le président de la République François Hollande, était censé avoir trouvé un point de chute : la 9e circonscription des Français de l’étranger, détenue par le député Pouria Amirshahi, en rupture avec Solférino.

Tout devait aller comme sur des roulettes : gel de la circonscription et désignation du candidat du président en décembre. C’était sans compter sur la résistance des militants socialistes locaux remontés comme des pendules contre toute forme de parachutage.

Le 24 septembre, l’ensemble des secrétaires de section PS du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest étaient réunis pour trois jours de travail à Dakar. Au programme notamment : la désignation du candidat pour les élections législatives de leur circonscription. Les militants ont obtenu un vote de désignation. « C’est moi qui l’ai demandé, je ne souhaitais pas être désigné d’en-haut comme ce fut le cas pour mon prédécesseur », se défend Didier Le Bret. Si les militants locaux ne connaissaient pas forcément le pedigree de l’ex-collaborateur du chef de l’État, ses concurrents ne se sont pas gênés pour le leur rappeler… Le diplomate a été dans un passé très récent directeur de cabinet de Jean-Marie Bockel puis d’Alain Joyandet sous la présidence Sarkozy…

Au moins trois années d’ancienneté

D’ailleurs, légalement, la question se pose de son adhésion au Parti socialiste car, selon les règles du PS, un militant ne peut se présenter à une élection qu’après trois années d’ancienneté. Didier Lebret a pris sa carte il y a six mois, selon les uns, « près d’un an et demi, selon lui. Ce n’est pas d’une grande importance. Je suis de gauche, il n’y a aucun doute. Le drame des primaires, c’est que les professionnels de la politique tentent tout pour empêcher le renouvellement », explique Didier Le Bret.

Il se sussure que Jean-Christophe Cambadélis saura lui trouver une astuce pour pouvoir se présenter. En effet, à titre exceptionnel, une dérogation est possible grâce à un vote du bureau national… où siègent une grande partie des frondeurs. Encore une grande soirée de débat interne !

« À Dakar, cela s’est très bien passé au contraire pour moi. Les militants étaient ravis qu’on fasse campagne et que le candidat ne soit pas désigné d’en-haut. Je ne me suis pas caché d’avoir été logé chez l’ambassadeur. C’était pour des raisons de sécurité, étant donné mes anciennes fonctions dans l’antiterrorisme », rétorque Le Bret, 53 ans. « On essaie de me faire passer pour un enfant gâté de la politique. Je ne dois rien à personne, je suis issu d’un milieu modeste et j’ai passé des concours difficiles… Contrairement aux politiciens professionnels, je ne joue pas ma peau sur cette élection. J’ai le soutien du président de la République et du Parti socialiste. »

La droite, par la voix de son représentant local Erwan Davoux, s’était étranglée en apprenant que Didier Lebret comptait rester à son poste et faire campagne jusqu’en novembre 2016. En gros, faire campagne aux frais du Château. En demandant sa démission, qu’elle a obtenue très rapidement en août, la droite ne se doutait pas que le compagnon de Mazarine Pingeot bénéficiait des largesses des ambassades lors de ses déplacements dans la circonscription. En effet, à Dakar, en tant que simple militant du Parti socialiste, M. Lebret a pu être hébergé chez l’ambassadeur de France au Sénégal… Alors que le Premier ministre, Manuel Valls, de passage le même week-end, était, lui, logé à l’hôtel.

Comment Macron tisse sa toile dans le pays

Petit à petit, Macron fait son nid… À raison de deux à trois déplacements par semaine – programme ponctué par trois grands meetings, dont le premier ce 4 octobre à Strasbourg –,le leader d’En marche ! creuse son sillon en France. Et ramène dans ses filets, malgré les oukases socialistes, quelques grands élus. Au cœur du dispositif, évidemment, il y a le président du Grand Lyon, Gérard Collomb, qui, depuis son ralliement officiel au mois de mai, n’en finit pas de mouiller la chemise pour « son » poulain. « Macron, c’est une petite machine qui a démarré il y a peu de temps, les réseaux ne sont pas encore formalisés, mais nous travaillons à l’implantation sur le territoire pour ancrer en profondeur En Marche ! », explique celui qui a fait de la deuxième métropole de France la capitale de la « Macronie ».

Chiffres à l’appui : à Lyon, les « marcheurs » sont d’ores et déjà 3 500 quand les encartés socialistes ne sont que 2 000. Et le premier fédéral PS, qui n’est autre que le successeur adoubé par Gérard Collomb, David Kimelfed, penche côté Macron. « Je suis proche de sa manière de voir les choses », affirme-t-il. Même opinion de la part de la MoDem Fouziya Biuzerda, adjointe au maire de Lyon. Au risque de prendre à rebours les positions du président de son mouvement, François Bayrou, celle-ci affirme : « Il y a une ligne animée par Emmanuel Macron qui correspond à notre espace politique. »

Des notables…

N’allez pourtant pas croire que seuls « les collombistes » se « macronisent » ! Le maire socialiste de Strasbourg, Roland Ries, était au premier rang du meeting parisien du 12 juillet à la Mutualité ; Jean-Claude Boulard, sénateur et maire (depuis 2001) du Mans – le fief du hollandais Stéphane Le Foll –, l’accueillera pour son second grand meeting le 11 octobre. Que va faire Philippe Saurel, l’iconoclaste maire de Montpellier, ami de Manuel Valls mais hôte du troisième meeting, le 18 octobre ?

L’édile a récemment passé une heure avec Emmanuel Macron à son QG de la tour Montparnasse, et il précise que le responsable d’En Marche ! dans l’Hérault n’est autre que son ancien directeur de cabinet François Delacroix. Mais cela ne vaut pas soutien officiel. « J’apprécie Emmanuel Macron, mais il n’est pas candidat et je garde ma liberté, indique Philippe Saurel. Beaucoup de candidats peuvent se manifester dans les prochains jours, notamment Manuel Valls. Pour l’instant, je reste derrière la mêlée et j’observe. »

Jacques Mézard, l’influent président du groupe RDSE (radicaux) au Sénat, très en pointe au moment de la réforme territoriale, ne s’est pas encore prononcé lui non plus. Mais on l’a vu sur toutes les images aux côtés de l’ancien ministre de l’Économie lors du déplacement dans son fief du Cantal.

… et des députés de terrain

Emmanuel Macron a d’ores et déjà séduit quelques notables socialistes et radicaux peu connus à Paris mais qui pèsent sur leurs territoires. Des noms ? Jean-Jacques Bridey, le député et maire de Fresnes, Jacques Krabal, le député et maire de Château-Thierry, Jean-Yves Gouttebel, le président du conseil départemental du Puy-de-Dôme, le sénateur d’Indre-et-Loire Jean-Jacques Filleul. Sans compter le député de la Loire Jean-Louis Gagnaire (ancien vice-président du conseil régional de Rhône-Alpes), le chef de file des socialistes bordelais, le député Gilles Savary, le sénateur François Patriat, ancien président du conseil régional de Bourgogne, la sénatrice et ancienne ministre Nicole Bricq et l’ancien président de Lorraine Jean-Pierre Masseret.

Embarqués par Richard Ferrand, député et président du groupe PS au sein de la région Bretagne, de jeunes députés socialistes jouent les chevau-légers du macronisme. Ils s’appellent Corinne Erhel (Bretagne), Florent Boudié (Gironde), Nicolas Bays (Pas-de-Calais, ancien collaborateur de Daniel Percheron), Arnaud Leroy (Français de l’étranger)… À cette cohorte, on peut adjoindre Christophe Castaner, ex-tête de liste de la gauche aux dernières régionales en Paca.

En quelques semaines, et malgré les intimidations des poids lourds socialistes, la machine Macron a d’ores et déjà embarqué à son bord 63 élus – dont 40 parlementaires.

Maison Blanche: Trump engage une semaine cruciale en tirant tous azimuts

Donald Trump en meeting le 1er octobre 2013 à Manheim en Pennsylvanie
Donald Trump en meeting le 1er octobre 2013 à Manheim en Pennsylvanie

Fragilisé par de nouvelles révélations sur ses impôts, le républicain Donald Trump engage une nouvelle semaine cruciale en tirant tous azimuts, afin de s’extraire de la mauvaise passe où il se trouve depuis quelques jours.

Le candidat républicain à la Maison Blanche avait relancé mi-août sa campagne, avec un certain succès. Plus discipliné, il concentrait ses interventions sur Hillary Clinton et son propre message économique, qui rencontre un écho important dans les régions frappées par la désindustrialisation.

La stratégie, combinée à des faux pas de la candidate démocrate, lui avait permis de resserrer l’écart dans les sondages… Jusqu’au débat télévisé de lundi dernier, lors duquel le milliardaire a livré des réponses décousues et s’est montré agité et agacé, face à une rivale mieux préparée.

La publication par le New York Times ce week-end d’une partie de la déclaration de revenus de Donald Trump de 1995, montrant une perte de près d’un milliard de dollars et un potentiel évitement conséquent de l’impôt sur le revenu dans les années suivantes, a encore plus mis le candidat sur la défensive, à cinq semaines du scrutin.

Donald Trump en meeting le 1er octobre 2013 à Manheim en Pennsylvanie © MANDEL NGAN AFPDonald Trump en meeting le 1er octobre 2013 à Manheim en Pennsylvanie © MANDEL NGAN AFP
Donald Trump en meeting le 1er octobre 2013 à Manheim en Pennsylvanie © MANDEL NGAN AFP

Samedi soir, en Pennsylvanie, il s’est lancé dans un torrent verbal qui n’était pas sans rappeler ses grands meetings houleux des primaires.

Alors qu’il utilisait ces dernières semaines des prompteurs, il a improvisé pendant de longues minutes des attaques contre Hillary Clinton, qualifiée d' »incompétente », de peut-être « folle »… et en mauvaise santé.

« Cette femme qui est censée combattre (le président russe Vladimir) Poutine (…) n’arrive même pas à marcher cinq mètres jusqu’à sa voiture », a-t-il lancé, en mimant une personne chancelante.

La pique était une référence au malaise d’Hillary Clinton le 11 septembre quand, déshydratée et souffrante d’une pneumonie, elle a été filmée incapable de monter dans son véhicule sans l’aide de gardes du corps. Elle avait pris quatre jours de repos.

Il l’a ensuite attaquée sur le scandale de sa messagerie privée, un argument que ses conseillers estiment efficace pour saper son image de femme d’Etat.

Mais le candidat est encore revenu sur un sujet scabreux: les infidélités passées de Bill Clinton.

– Génie fiscal ? –

« Hillary Clinton n’est loyale qu’à ses contributeurs financiers et à elle-même. Je ne pense même pas qu’elle soit loyale à Bill, en vérité », a lâché Donald Trump, insinuant que la candidate de bientôt 69 ans trompait son mari. « Et après tout, pourquoi le serait-elle? »

A cela s’ajoute la menace d’évoquer les anciennes maîtresses de Bill Clinton lors du prochain débat, dimanche. Il l’a souvent accusée d’être une « complice » en dénigrant les accusatrices de son mari.

Pour le deuxième duel, Hillary Clinton a prévu des journées de préparation, mais Donald Trump a encore programmé une semaine pleine de déplacements, alors que ses conseillers espéraient qu’il prenne le temps de se préparer.

L’entourage de l’homme d’affaires, à mots couverts, déplore une semaine perdue.

Alicia Machado, Miss Univers 1996, le 1er octobre 2016 à Burbank en Californie © Robyn Beck AFP/ArchivesAlicia Machado, Miss Univers 1996, le 1er octobre 2016 à Burbank en Californie © Robyn Beck AFP/Archives
Alicia Machado, Miss Univers 1996, le 1er octobre 2016 à Burbank en Californie © Robyn Beck AFP/Archives

Donald Trump s’est enferré dans une polémique avec la Miss Univers 1996, Alicia Machado. Alors patron du concours de beauté, Donald Trump l’avait publiquement sermonnée pour avoir grossi. Hillary Clinton a rappelé cet épisode aux téléspectateurs, une provocation à laquelle Donald Trump a répondu en répétant que les kilos en trop étaient effectivement… problématiques. Il a aussi envoyé trois tweets, en pleine nuit, pour dénoncer la moralité de la femme.

« J’espère vraiment que cela servira de coup de semonce », a dit vendredi Newt Gingrich, ancien ténor républicain et proche soutien. « Ne tweete jamais la nuit et prépare-toi sérieusement au débat, car ce débat sera très important ».

Quant aux impôts, ses lieutenants relèvent que profiter de niches fiscales n’a rien d’illégal et est au contraire la preuve du « génie » de Donald Trump, qui a érigé son talent en affaires en gage de compétence pour réformer l’Amérique.

Reste à savoir si les électeurs contribuables approuveront. En février 2012, l’homme d’affaires avait déploré sur Twitter que « la moitié des Américains ne paient pas d’impôt sur le revenu malgré l’énorme dette publique ».

03/10/2016 09:14:38 – Washington (AFP) – © 2016 AFP

Valls sonne la mobilisation en faveur du vrai-faux candidat Hollande

Manuel Valls lors d'un discours au cours d'une visite sur l'ïle de Groix, le 1er octobre 2016
Manuel Valls lors d’un discours au cours d’une visite sur l’ïle de Groix, le 1er octobre 2016

Manuel Valls a « sonné » dimanche « la mobilisation » à gauche pour la présidentielle de 2017 et s’est posé en « premier de cordée » pour défendre le bilan du probable candidat François Hollande… ou à défaut le sien.

« Je ne mise pas sur l’empêchement du président de la République ni sur la défaite de la gauche. La politique, c’est une affaire de convictions, pas de sondages. J’en ai assez qu’on choisisse à la place des Français. L’élection présidentielle, elle est en avril et en mai », a posé, dès le début de l’émission Le Grand Jury (RTL Le Figaro LCI), le Premier ministre que beaucoup imaginent prêt à prendre la place du chef de l’Etat si celui-ci renonçait à briguer un second mandat.

Valls, qui veut « réveiller la gauche », a martelé sa volonté de « défendre le bilan de ce quinquennat » en évoquant de nombreux aspects: la compétitivité des entreprises, l’emploi, l’école, la sécurité des Français, etc.

Alors que le chômage a augmenté de 1,4% en août, et que François Hollande a conditionné une nouvelle candidature à la présidentielle à « l’inversion de la courbe du chômage », le Premier ministre a estimé que « ce qui compte, c’est la durée, et nous aurons l’occasion de le juger encore à la fin de l’année. »

Surtout, M. Valls a délivré en lieu et place de François Hollande -et via une anaphore lui aussi- les arguments en faveur d’un nouveau quinquennat: « Si j’étais à la place du président, je dirais la chose suivante: +je suis fier comme président d’avoir sauvé le Mali, d’avoir permis à la Grèce de rester dans la zone euro, de ce peuple français qui a manifesté sa résistance et sa résilience (…) après tous les attentats, je suis fier d’avoir engagé la France dans la voie de la compétitivité », a-t-il énuméré.

Le Premier ministre Manuel Valls sur l'île de Groix au large de la Bretagne, le 1er octobre 2016 © LOIC VENANCE AFPLe Premier ministre Manuel Valls sur l'île de Groix au large de la Bretagne, le 1er octobre 2016 © LOIC VENANCE AFP
Le Premier ministre Manuel Valls sur l’île de Groix au large de la Bretagne, le 1er octobre 2016 © LOIC VENANCE AFP

Le chef de l’Etat, qui ne se prononcera officiellement qu’en décembre, a profité dimanche après-midi d’un hommage à Émile Zola -« ne pas s’abandonner à la facilité » et aller « jusqu’au bout »- pour laisser clairement transparaître sa volonté de se lancer dans la course pour 2017, à sept mois de la présidentielle.

« C’est impossible » que M. Hollande « renonce » à y aller, s’est exclamée dimanche sur France 2 sa ministre de l’Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem.

– Valls le « loyal » –

Le Premier ministre a délivré, en une heure d’émission, moult avertissements. A une partie de la gauche, tout d’abord, « honteuse d’assumer les responsabilités (…). Ca suffit d’être déprimé, d’être honteux, gouverner la France, c’est une énorme fierté ».

A ceux qui diviseraient cette gauche, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, ciblés mais non nommés, il lâche: « on ne s’improvise pas candidat à la présidentielle, on ne prépare pas le prochain congrès du PS, on n’est pas en train d’anticiper la défaite à la présidentielle pour préparer la suite ».

Emmanuel Macron n’est pas épargné non plus, avec son « populisme light », et parce qu’il « se trompe sur ce qu’est la laïcité et plus profondément sur ce qu’est la France ».

Le chef du gouvernement s’est lui posé en premier des « hollandais », martelant en contraste de l’ancien ministre de l’Economie sa « loyauté » à l’égard du chef de l’Etat… sans toutefois répondre directement à la question : « François Hollande est-il le meilleur candidat pour la gauche ? »

Aux électeurs de gauche tentés de participer à la primaire de la droite, Manuel Valls leur rappelle le programme économique et social « brutal » des « Républicains ». Il a fait le distinguo entre les deux favoris, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, disant avoir « parfois un problème avec ce que défend comme valeurs » le prédécesseur de M. Hollande.

Surtout, il a fait une énième fois du FN son « ennemi », dénonçant « le vrai visage cynique et anti-populaire » du parti dirigé par Marine Le Pen à Hayange, où le maire veut priver d’un local le Secours populaire, qu’il juge trop « pro-migrants ».

« La gauche doit faire attention » à ne pas « oublier l’élément essentiel », l’extrême droite, s’est-il inquiété.

02/10/2016 19:07:31 – Paris (AFP) – © 2016 AFP

L’accord sur le pétrole de l’Opep fait bondir la Bourse de Paris

Suite à l’accord surprise trouvé par les pays producteurs de pétrole à Alger, la Bourse de Paris évoluait en nette hausse jeudi matin (+ 1,38 %). À 9 h 13, l’indice CAC 40 prenait 61,27 points à 4 493,72 points. La veille, il avait terminé en progression de 0,77 %. Les investisseurs saluaient l’annonce mercredi soir dans la capitale algérienne d’une réduction de la production de pétrole par l’Opep.

« La partie de poker menteur entre les pays membres de l’Opep aura finalement débouché sur un accord a minima, avec une promesse de réduction de la production entre 0,5 et 1 million de baril par jour », commentent les économistes de Crédit MutuelCIC. « Cette annonce vise avant tout à inciter d’autres pays producteurs à se joindre à l’effort pour crédibiliser une démarche de retour vers l’équilibre entre l’offre et la demande d’ici quelques mois », ajoutent-ils. « La réduction de la production n’est pas importante, alors que le marché est déjà saturé », nuance pour sa part Michael Hewson, un analyste de CMC Markets. Néanmoins, l’accord a « eu un effet positif sur les marchés asiatiques, et cela devrait s’étendre aussi à l’Europe », ajoute-t-il.

Révision à la hausse

Du côté des indicateurs, l’agenda sera fourni, avec la confiance économique en zone euro pour septembre et l’inflation en Allemagne en septembre. Outre-Atlantique, la croissance au 2e trimestre est à l’agenda, ainsi que les demandes hebdomadaires d’allocation chômage et les promesses de vente de logements pour août. Sur le plan des valeurs, les titres liés au secteur pétrolier étaient en forte hausse, à l’image de Total (+ 4,49 % à 42,82 euros), CGG (+ 11,17 % à 22,90 euros), Technip (+ 6,84 % à 53,88 euros) ou Vallourec (+ 10,33 % à 4,08 euros). EDF gagnait 2,26 % à 11,07 euros, l’électricien français, le Royaume-Uni et le groupe chinois CGN devant signer ce jeudi à Londres le contrat portant sur la construction de deux réacteurs nucléaires EPR à Hinkley Point (sud-ouest de l’Angleterre), selon une source proche du dossier.

Direct Energie prenait 4,85 % à 33,06 euros, soutenu par la révision à la hausse ses perspectives annuelles après avoir multiplié par 2,3 son bénéfice net au premier semestre. Le gestionnaire de maisons de retraite Le Noble Age (LNA) perdait 0,60 % à 33,38 euros après l’annonce de l’ouverture de son capital à deux investisseurs de long terme, Mérieux Développement, filiale de l’institut Mérieux et Nobel, via un placement privé d’environ 20,2 millions d’euros.

Florent Manaudou tâte du handball

À 25 ans, le nageur a décidé de faire une pause. Pour cela, il a choisi un nouveau sport. Le champion olympique français Florent Manaudou a évoqué cette « parenthèse » dans sa carrière et indiqué qu’il a commencé à s’entraîner au handball avec le club d’Aix-en-Provence (1re division française), a-t-il annoncé en exclusivité à l’AFP, mardi dans un communiqué. En évoquant sa carrière de nageur, Manaudou dit ne pas vouloir prendre de « décisions hâtives et radicales », mais il veut aussi éviter de  » continuer sans plaisir pour de mauvaises raisons ». S’il se tourne vers le handball, c’est « sans autre ambition que de donner le meilleur de [lui-même] et trouver une source de plaisir différente ». Il précise : « J’ai commencé à partager l’entraînement de l’équipe 2 du club d’Aix Handball, car j’ai abandonné trop tôt ce sport collectif complémentaire à la natation. »

Après des jeux Olympiques de Rio décevants (deux médailles d’argent, sur 50 m nage libre, dont il était tenant du titre, et sur relais 4 x 100), la décision de Manaudou sur la suite de sa carrière était extrêmement attendue. « Le système dans lequel j’évolue entraîne une forte pression médiatique et je ne veux pas que cette dernière vienne gâcher mes chances de donner à nouveau un jour une autre médaille olympique à la France. Je veux donc me donner les conditions du ressourcement », explique Manaudou. « Sortant de deux cycles de quatre ans couronnés par deux médailles olympiques, je veux préserver et garder le plaisir qui a été mon moteur principal pendant ces huit années », assure-t-il.

« Une bulle d’air »

« J’ai donc décidé de faire une parenthèse avec mon triple entraînement quotidien (2 séances de natation et 1 séance de musculation) tout en restant un nageur en activité qui s’alignera à certains meetings cette année », poursuit-il en citant le meeting de Tahiti du 7 au 10 octobre et les Championnats de France interclubs début novembre. « Dans le même temps, je veux trouver l’inspiration dans des pratiques qui m’attirent au plus haut point », précise-t-il au sujet du handball.

Dans son communiqué intitulé « Une bulle d’air dans les lignes d’eau », Manaudou cite d’autres nageurs français qui ont mis un terme précoce à leur carrière en raison de l’usure ressentie durant les longues heures d’entraînement. « J’ai réfléchi aux itinéraires d’autres nageurs tels que ma sœur Laure, la regrettée Camille Muffat (décédée en mars 2015, ndlr) ou encore récemment Yannick Agnel », souligne-t-il. Il dit avoir aussi retenu « la leçon de vie donnée par Anthony Ervin et son retour gagnant ou la gestion de carrière d’un Michael Phelps », deux nageurs américains qui ont fait une longue pause avant de revenir victorieux à la natation.

Leader de la natation

Ces deux types d’exemples « m’invitent à ne pas prendre de décisions hâtives et radicales ou continuer sans plaisir pour de mauvaises raisons », se justifie-t-il. Manaudou avait éclaté aux yeux du monde de la natation en remportant à la surprise générale l’or olympique sur 50 m nage libre à Londres en 2012. Du haut de ses 199 cm pour 99 kilos, Manaudou est le leader incontesté de la natation française, avec en sus de ces trois médailles olympiques, quatre titres de champion du monde : sur 50 m libre en 2015, sur 50 m papillon en 2014, et avec le relais 4 x 100 m libre en 2013 et 2015. Un CV impressionnant, complété par six titres de champion d’Europe.

« La notoriété m’a permis de côtoyer des personnes d’exception dans des domaines aussi variés que l’entreprise, le pilotage, la comédie, la musique, la gastronomie… J’entends explorer avec elles ces domaines qui m’attirent », souligne-t-il dans son communiqué, en précisant qu’il continuerait à honorer ses engagements avec ses partenaires et à se consacrer « aux sociétés dont (il est) actionnaire ».

Hollande à Calais : « Nous devons démanteler complètement, définitivement » la Jungle

Calais est la ville de cette rentrée. Après Nicolas Sarkozy, c’est au tour de François Hollande de se rendre à la sous-préfecture du Pas-de-Calais, où le campement de la « Jungle » grossit. Ce déplacement de quelques heures, le premier de son quinquennat à Calais, survient dans un contexte de tension. Le président de la République est arrivé à Calais. « Nous devons démanteler complètement, définitivement le camp », a-t-il expliqué.

Le chef de l’État rencontrera au cours de cette visite les forces de l’ordre, des élus, ainsi que des chefs d’entreprise et des acteurs associatifs. Aucune séquence n’est prévue en revanche sur le campement de la Lande (son nom officiel) où s’entassent entre 7 000 et 10 000 personnes, selon les comptages. « Notre conviction, c’est que sur ce sujet, il est possible de faire appel à la raison des gens. Ce sont des sujets d’une très grande complexité, d’une très grande sensibilité, mais, derrière les surenchères politiques, le brouhaha médiatique, il est possible d’expliquer les choses », veut-on croire à l’Élysée, qui anticipe « un discours d’équilibre » du chef de l’État.

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« Un bobard par jour »

Samedi, déjà, François Hollande avait affirmé sa volonté de « démanteler Calais entièrement » et assuré que la France ne serait « pas un pays de campements », à l’occasion d’une visite à Tours dans l’un des 164 centres d’accueil et d’orientation (CAO) ouverts pour accueillir les migrants évacués de Calais et de Paris. Ce déplacement à Calais, initialement prévu cet été, avait été repoussé en raison des attentats de Nice et Saint-Étienne-du-Rouvray, selon l’entourage du chef de l’État. François Baroin, soutien de Nicolas Sarkozy, ne trouve cependant « pas normal » que François Hollande n’y soit pas allé « plus tôt ».

La visite intervient dans un contexte de polémiques croissantes sur la répartition des migrants de Calais, pour lesquels l’État cherche à créer 9 000 nouvelles places en CAO d’ici la fin de l’année. Le gouvernement peut bien en appeler à la solidarité nationale, et Bernard Cazeneuve répéter que la taille des centres sera proportionnée aux capacités d’accueil. Çà et là, sur le terrain, des opposants se mobilisent dans les communes concernées. Samedi encore, plusieurs centaines de personnes ont manifesté à Versailles et Louveciennes (Yvelines) contre le projet d’installation de centres d’accueil.

Et même si les manifestations restent somme toute peu nombreuses au regard des projets engagés, leur écho médiatique est intense, décuplé par les dénonciations du Front national. Une partie de la droite a embrayé, derrière le président par intérim du parti Les Républicains, Laurent Wauquiez, en agitant le chiffon de « mini-Calais » ou de « mini-campements ». Du côté du gouvernement, la menace fait bondir : il faut « arrêter avec la stratégie un bobard par jour« , a lancé vendredi le ministre de l’Intérieur.

12 migrants décédés

Bernard Cazeneuve avait annoncé le démantèlement de la Jungle lors de sa précédente visite début septembre à Calais, alors que les transporteurs et chefs d’entreprise de la région, excédés par les intrusions répétées sur la rocade, avaient décidé d’une opération escargot sur l’autoroute. Le démantèlement vise aussi à mettre un terme à une situation humanitaire extrêmement dégradée sur ce campement surpeuplé, où le climat de tensions va croissant. Une situation qui se traduit aussi par un lourd bilan humain : depuis le début de l’année 2016, douze migrants sont décédés dans le Calaisis, dont cinq percutés sur la rocade portuaire.

La visite présidentielle se déroulera d’ailleurs dans un climat électrique, en pleine construction d’un mur de béton « anti-intrusion » censé empêcher les migrants de monter dans des camions et gagner le port pour rejoindre la Grande-Bretagne. La maire de la ville, Natacha Bouchart (LR), devenue hostile depuis peu à la construction de ce mur, a menacé vendredi de prendre si besoin un « arrêté interruptif » de ces travaux. Cependant, « la préfecture peut passer outre » cet arrêté et ne pas l’appliquer, a-t-elle précisé. Dans une lettre ouverte, des associations d’aide aux migrants, dont Médecins du Monde, appellent François Hollande à « sortir d’une logique gestionnaire » de la crise et souhaitent que sa venue « soit l’occasion d’une annonce forte: (…) celle d’accueillir les personnes qui nous demandent protection ».

Grande-Bretagne: Corbyn réélu à la tête d’un Labour plus divisé que jamais

Le leader du parti travailliste britannique Jeremy Corbyn, le 24 septembre 2016 à Liverpool
Le leader du parti travailliste britannique Jeremy Corbyn, le 24 septembre 2016 à Liverpool

Le radical Jeremy Corbyn a été largement réélu samedi à la tête du Labour, laissant entière la fracture entre la base et l’appareil du parti travailliste et compromettant ses chances de revenir rapidement au pouvoir.

Visé par un putsch de ses députés après le vote pour le Brexit fin juin, Jeremy Corbyn est non seulement toujours aux commandes de l’opposition mais il sort renforcé après un été meurtrier pour la politique britannique et potentiellement fatal pour le Labour, vieux de 116 ans.

Réélu avec 61,8% des voix, le militant anti-austérité et pro-immigration de 67 ans a augmenté de plus de deux points son score de l’an dernier, loin devant son unique rival, le député gallois Owen Smith.

Sous un tonnerre d’applaudissements, le vétéran radical a immédiatement appelé le parti à serrer les rangs et lancé à ses opposants devant le congrès du parti réuni à Liverpool: « Travaillons ensemble pour un vrai changement ».

« Nous avons dans notre parti bien plus en commun que ce qui nous divise », a-t-il insisté.

Quelque 750 de ses supporters, réunis dans un centre culturel de la ville, ont explosé de joie à l’annonce du verdict retransmis sur écran géant.

« Je suis extrêmement heureux. Non seulement il a gagné, mais il a aussi amélioré son score. Maintenant nous pouvons combattre les politiques d’austérité », s’est félicité Brian Towers, 30 ans, un informaticien venu de Manchester.

– « Comme Podemos »-

Le triomphe du barbu pacifiste solde définitivement l’héritage de Tony Blair, l’ancien Premier ministre dont le virage centriste et la décision d’intervenir en Irak en 2003 avaient détourné des milliers d’adhérents du parti.

Jeremy Corbyn doit une grande partie de sa victoire aux nouveaux membres. Ils sont 300.000 à avoir pris leur carte depuis l’année dernière pour pratiquement doubler les effectifs du Labour, devenu le plus grand parti d’Europe.

Le leader travailliste Jeremy Corbyn, le 24 septembre 2016 à Liverpool © OLI SCARFF AFPLe leader travailliste Jeremy Corbyn, le 24 septembre 2016 à Liverpool © OLI SCARFF AFP
Le leader travailliste Jeremy Corbyn, le 24 septembre 2016 à Liverpool © OLI SCARFF AFP

Beaucoup ont été séduits par le projet de « révolution démocratique » et ses idées très à gauche, alimentant les accusations d’infiltrations du parti par des militants trotskistes et écologistes.

« Partout en Europe, on a vu émerger des partis construits sur une base activiste comme Podemos en Espagne », souligne Patrick Dunleavy, professeur à la London School of Economics. « Avec Jeremy Corbyn, le Labour se rapproche de cette tendance ».

Les modérés, sondages à l’appui, estiment que cette stratégie condamne le parti à plusieurs années, voire des décennies, dans l’opposition.

Pour les analystes, les prochaines législatives prévues en 2020 sont déjà promises aux conservateurs au pouvoir, considérés comme les vrais vainqueurs du week-end.

Jeremy Corbyn n’est évidemment pas du tout d’accord et promet de « se battre pour remporter la prochaine élection en 2020 ».

Sitôt réélu, il a appelé le parti à se réunir, à « faire table rase du passé », tout en enjoignant les députés qui se sont désolidarisés cet été à « respecter le choix démocratique qui a été fait ».

Selon l’entourage de Corbyn, plusieurs rebelles sont déjà prêts à rentrer dans les rangs.

– « La guerre des tranchées va continuer » –

Mais les insultes et les menaces échangées pendant la campagne risquent de laisser des traces profondes.

Et même une réconciliation ne règlerait pas le problème en apparence insoluble d’un leader indésirable aux yeux du sérail mais plébiscité par les militants.

Le leader du parti travailliste britannique Jeremy Corbyn (c), le 24 septembre 2016 à Liverpool © OLI SCARFF AFPLe leader du parti travailliste britannique Jeremy Corbyn (c), le 24 septembre 2016 à Liverpool © OLI SCARFF AFP
Le leader du parti travailliste britannique Jeremy Corbyn (c), le 24 septembre 2016 à Liverpool © OLI SCARFF AFP

Les positions des deux camps paraissent à ce point irréconciliables que certains craignent aujourd’hui pour la survie du parti. Persuadés que la présence de Jeremy Corbyn empêche tout retour au pouvoir, les députés modérés pourraient ainsi être tentés de faire scission pour créer un nouveau parti de centre gauche.

La plupart des analystes n’envisagent pas un tel scénario, au moins à court terme. « Certains vont rentrer dans les rangs, d’autres vont continuer à se rebeller. Le Labour va ressembler à une famille malheureuse qui tente de cohabiter », estime Tony Travers, de la London School of Economics.

Une déroute électorale pourrait faire bouger les lignes, sachant que même un camouflet n’offrirait aucune garantie quant à un départ de Jeremy Corbyn et de ses fidèles, tout à leur cause de transformer le parti.

« La guerre des tranchées va continuer et il faudrait qu’un astéroïde frappe la Terre pour que cela change », estime Steven Fielding, professeur à l’Université de Nottingham.

24/09/2016 15:33:38 – Liverpool (AFP) – © 2016 AFP