Je me suis toujours demandé quelles sensations éprouvaient les pilotes de chasse, à bord de leurs appareils. Aujourd’hui, après avoir effectué un vol à bord d’un avion de chasse, je me demande tout simplement comment ils font pour voler ! Rien ne m’avait préparé à ça. J’avais bien vu quelques vidéos sur internet, où les passagers avaient l’air patraques. Mais quand je me suis rendu à l’aéroport pour ce baptême un peu spécial, j’imaginais surtout des sensations grisantes, comparables à celles qu’on éprouve dans certains manèges à la foire du Trône. Les gens patraques devaient être de petites natures. A mon arrivée, j’ai été reçu par le pilote. Un ancien de la Patrouille de France : autant dire que j’étais entre de bonnes mains ! Après avoir enfilé une tenue de vol, j’ai rejoint la salle de briefing, où l’on m’a conseillé sur la manière d’encaisser les G et d’éviter le voile noir. J’ai souri, sûr de moi. Malgré les mises en garde, je pensais encore que les manèges à sensations m’avaient préparé à cette pratique. Oui, il m’arrive d’être bête et obstiné, qui plus est. Et les premières minutes de vol m’ont conforté dans ma conviction. Niveau sensations, c’était même plus peinard qu’un vol en Cessna ! Dans ce dernier en effet, la moindre rafale de vent secoue l’appareil. Là, rien de tel. J’avais plutôt l’impression d’être dans un TGV en plein ciel. C’est alors qu’a commencé la phase de voltige. Et là, j’ai effacé ce petit sourire de mon visage. Quand je me suis senti brusquement écrasé sur mon siège par les G lors du premier break, j’ai compris ma douleur : ça n’avait strictement rien à voir avec le manège le plus violent que j’aie jamais fait ! Et ce n’était qu’un échauffement ! Dans un moment d’accalmie, le pilote m’a regardé dans son rétroviseur, et m’a demandé par le micro du casque. J’ai bravement souri, plus par principe qu’autre chose, même si j’étais encore supris par la violence des sensastions. Je n’aurais pas dû sourire : le pilote s’en est immédiatement donné à coeur joie. Dès le second tonneau, j’ai senti le black out arriver : mon cerveau n’était plus irrigué et mon champ de vision diminuait de moitié ! J’ai suivi les conseils du briefing et me suis contracté le plus violemment possible. Le voile noir m’a quitté, mais pour quelques secondes à peine, car l’appareil entamait déjà un looping. J’ai bien failli ne pas finir le vol conscient. Et lorsque je suis descendu de l’appareil, il m’a fallu quelques minutes avant que mes jambes puissent me porter à nouveau. Au vu des sensations éprouvées, j’ai encore plus d’admiration pour les pilotes de chasse qu’auparavant. Il me semble tout à fait impossible de supporter de telles sensations de voltige, tout en restant conscient, et en pilotant de surcroît ! Pour en savoir davantage, je vous recommande la lecture du blog sur cette expérience de vol en avion de chasse Fouga Magister qui est très bien rédigé sur ce sujet.