Madame, Monsieur, bonsoir… Ce jeudi, David Pujadas va présenter pour la dernière fois le JT de France 2 après 16 ans de bons et loyaux service à la tête de la grand-messe du 20 heures. Évincé de la grille par la patronne de France Télévisions Delphine Ernotte, dans un timing contesté en interne, car juste après l’élection présidentielle, il devrait être remplacé à la rentrée par l’animatrice de C’est à vous, Anne-Sophie Lapix.
Ce départ s’inscrit dans une démarche plus large de « dépoussiérage » des antennes de France Télévisions, qui a notamment mené à l’éviction de Julien Lepers et plus récemment au départ de William Leymergie, courtisé par C8 où il reprendra la mi-journée. Les adieux du présentateur devraient doper les audiences de la chaîne. En 2015, le dernier JT de Claire Chazal sur TF1 avait réuni 10,17 millions de téléspectateurs soit 40,8 % de part d’audience.
Un exercice périlleux
C’est un exercice périlleux pour celui qui a été le visage de l’information sur France 2 pour des millions de téléspectateurs. Avant lui, d’autres ont plus ou moins réussi leur sortie. Brutalement écarté de TF1 après 21 ans de services, Patrick Poivre d’Arvor avait choisi une citation de Shakespeare puis un dicton breton pour ses derniers mots à la tête du JT. « Shakespeare qui avait écrit un jour ce qui ne peut être évité, il faut l’embrasser », avait lancé le présentateur avant de remercier ses téléspectateurs et de souligner qu’il n’avait « pu éviter » ce départ.
Quelques années plus tard, après avoir présenté pendant 24 ans les journaux du week-end de TF1, Claire Chazal a choisi de faire ses adieux debout, face à la caméra. Un long discours durant lequel elle avait exprimé son « immense tristesse » à l’idée de ne plus assumer la mission qui lui avait été « confiée par Francis Bouygues ».
Des adieux jugés trop long par Bruno Masure sur le plateau d‘On n’est pas couché en 2015. Il faut dire que lui avait choisi la concision en refermant pour la dernière fois le JT de France 2 en 1997 : ses adieux n’avaient duré qu’une trentaine de secondes.
Enfin, dans un style beaucoup moins détaché, Laurence Ferrari qui avait succédé à Patrick Poivre d’Arvor, avait quant à elle eu du mal à cacher son émotion pour son dernier journal, qu’elle avait cependant choisi elle-même de quitter pour D8 (ancêtre de C8).
Si la forme a souvent été différente, le fond reste le même : tous ont mis en avant la relation qui les liaient aux téléspectateurs, sorte d’ultimes pieds de nez aux directions qui les évinçaient souvent de manière plus ou moins élégante. Reste à savoir quel ton le présentateur de France 2 choisira d’adopter ce jeudi soir pour dire au revoir aux quelque 5 millions de téléspectateurs qui le suivaient chaque soir.