Milo Yiannopoulos est-il allé trop loin ? Ce grand provocateur, admirateur de Donald Trump et chantre du nationalisme blanc aux États-Unis, pourrait perdre son emploi au sein du controversé site d’informations Breitbart News après des propos semblant justifier la pédophilie.
C’est peut-être le scandale de trop pour ce journaliste britannique de 32 ans, l’une des faces les plus flamboyantes de l' »alt-right », le mouvement anti-politiquement correct, pro-blanc et pro-Trump que défend Breitbart News, dont Yiannopoulos est l’un des rédacteurs en chef.
Le site fut dirigé pendant quelques années par Steve Bannon, désormais très puissant conseiller de Trump à la Maison Blanche.
Dans une interview diffusée sur internet ce week-end, cet homosexuel revendiqué, coutumier des déclarations incendiaires contre les musulmans, les immigrés ou les droits des femmes et banni de Twitter en juillet dernier après avoir encouragé les attaques contre l’actrice noire Leslie Jones, a semblé défendre les relations sexuelles avec de jeunes adolescents.
Le terme de pédophilie, a-t-il ainsi assuré, ne devrait valoir que pour une attirance pour les moins de 13 ans, « les enfants qui n’ont pas atteint la puberté ».
Les propos de ce spécialiste des nouvelles technologies, très actif sur Twitter jusqu’à son bannissement, ont été immédiatement repris sur les réseaux sociaux, provoquant un tollé dans un pays qui a connu de nombreux scandales de pédophilie ces dernières années.
Ils lui ont valu l’annulation d’une intervention qu’il devait faire vendredi prochain à un grand rendez-vous annuel des conservateurs organisé par l’American Conservative Union.
Après avoir résisté à des semaines de controverse, son éditeur, Simon and Schuster, a aussi annoncé qu’il renonçait à publier un livre autobiographique de Yiannopoulos à paraître en juin, « Dangerous ».
Annulation confirmée par l’intéressé sur sa page Facebook, qui a cependant assuré « avoir vu pire, cela ne m’abattra pas. »
La direction de Breitbart News envisagerait maintenant de se séparer de lui, selon le New York Times, même si ses déclarations scandaleuses ont beaucoup contribué à faire sa notoriété.
Une demi-douzaine d’employés du site d’informations auraient menacé de démissionner s’il n’était pas renvoyé, selon un rédacteur en chef du site cité par le Washingtonian.
Mais Milo Yiannopoulos n’a pas dit son dernier mot, et devrait se défendre mardi après-midi lors d’une conférence de presse annoncée à New York.
Il est déjà en partie revenu sur ses propos ce week-end, en soulignant avoir été lui même victime d’abus sexuels.
Regret
« Ma propre expérience de victime m’a laissé penser que je pouvais dire tout ce que je voulais sur ce sujet, aussi scandaleux que ce soit », a-t-il justifié sur sa page Facebook. « Mais je comprends que mon mélange traditionnel d’ironie britannique, de provocation et d’humour noir ait pu passer pour de la désinvolture, un manque de considération pour les victimes voire du +militantisme+. Je le regrette profondément, chacun fait face à son passé à sa façon », a-t-il ajouté.
Jusqu’ici, les ultra-conservateurs comme la Maison Blanche avaient pourtant défendu le goût du scandale de Milo Yiannopoulos.
Lorsque la très progressiste Université de Berkeley avait annulé une conférence qu’il devait donner après de violentes manifestations contre sa venue, Donald Trump – que Yiannopoulos a ardemment défendu et appelé « Papa » pendant la campagne électorale – avait même menacé de couper les fonds fédéraux de l’Université, l’accusant de ne pas respecter la liberté d’expression.
Et jusqu’à samedi, l’American Conservative Union défendait elle aussi sa venue à sa conférence annuelle, aux côtés du vice-président Mike Pence ou du fils de l’ex-président Ronald Reagan, se disant « consciente de la controverse » que sa venue pouvait provoquer.
« Nous pensons que nous sommes tous capables de relever ce défi à un moment où le politiquement correct est à juste titre rejeté », expliquait-elle encore samedi.
Yiannopoulos avait d’ailleurs indiqué ce week-end sur Breitbart News son intention d’y défendre sa méthode scandaleuse.
« Je sais que certains conservateurs me trouvent un peu abrasif, et mon message un peu grossier, mais ça marche, ça marche de la même façon que Donald Trump marche », avait-il argumenté. Lors de la conférence, « je ferai quelques observations sur ce que le mouvement conservateur a fait d’un peu faux et sur ce sur quoi il devrait se concentrer dans les 10 prochaines années ».
21/02/2017 19 :19 :23 – New York (AFP) – © 2017 AFP