Uber a été secoué par une vive polémique samedi 28 janvier. La société de voitures de transport avec chauffeur a été accusée d’avoir profité d’un mouvement de contestation des taxis contre le décret anti-immigration de Donald Trump pour casser ses prix. Les internautes se sont emparés de l’affaire et un hashtag #DeleteUber (« supprimez Uber ») a été largement relayé sur les réseaux sociaux. Le patron d’Uber, Travis Kalanick, a réagi en publiant dimanche un communiqué dans lequel il essaie d’éteindre la polémique, tout en dénonçant le décret « injuste » de Trump.
Last tweet not meant to break strike. Our CEO’s statement opposing travel ban and compensating those impacted: https://t.co/joWvPvux9J
— Uber NYC (@Uber_NYC) 29 janvier 2017
« Le décret anti-immigration est contraire à tout ce en quoi Uber croit », a expliqué Travis Kalanick sur sa page Facebook. Pour appuyer son discours, le patron d’Uber a également annoncé la création d’un fonds d’aide aux chauffeurs qui pourraient être bloqués par le décret. Trois millions de dollars vont ainsi leur être alloués pour leur fournir une aide légale, avec des avocats disponibles sept jours sur sept. Travis Kalanick s’est engagé à soulever la question lors d’une réunion prévue vendredi à Washington d’un cénacle de grands patrons américains mis en place par Donald Trump pour le conseiller sur sa politique économique.
1/The travel ban is against everything @Uber stands for. 1000’s of drivers affected – https://t.co/1YXQ5XRnGU
— travis kalanick (@travisk) 29 janvier 2017
2/ Any driver who can’t work because of the ban will be compensated for lost earnings. We have set up $3mm legal defense fund as well.
— travis kalanick (@travisk) 29 janvier 2017
Apple, Facebook, Netflix et Microsoft dénoncent
D’autres grands patrons américains se sont aussi inquiétés après la mise en application du décret. « Apple n’existerait pas sans l’immigration », a fustigé samedi le PDG Tim Cook, dans un document interne obtenu par l’Agence France-Presse. Steve Jobs, le charismatique fondateur de la marque à la pomme, était fils d’un immigré syrien. « Les mesures de [Donald] Trump affectent les employés de Netflix à travers le monde », écrit sur Facebook Reed Hastings, le PDG de Netflix. « Il est temps de joindre les mains pour protéger les valeurs américaines de liberté et d’opportunité. »
Environ 187 employés de Google sont directement concernés par les nouvelles restrictions, indique dans un courriel interne Sundar Pichai, le PDG. « Nous sommes inquiets de l’impact de ce décret et de toute proposition qui pourrait imposer des restrictions sur les employés de Google et de leurs familles et qui pourrait créer des barrières pour importer de grands talents aux États-Unis », déclare le géant de l’Internet, qui a fait revenir en urgence un salarié de Nouvelle-Zélande. « En tant qu’immigré et PDG, j’ai conscience de l’impact positif que l’immigration a sur notre entreprise, sur le pays et sur le globe », défend Satya Nadella, PDG d’origine indienne de Microsoft.
Le décret présidentiel, entré en application dès sa signature vendredi soir, interdit l’entrée aux États-Unis des ressortissants d’Iran, d’Irak, du Yémen, de Somalie, du Soudan et de Libye pendant une durée de 90 jours. Tous les Syriens sont, eux, interdits d’entrée sur le territoire américain jusqu’à nouvel ordre. La Silicon Valley a beaucoup profité de la mondialisation et emploie ainsi un grand nombre d’ingénieurs étrangers. Les positions dures de Donald Trump sur l’immigration sont une des principales causes de son impopularité dans la baie de San Francisco, où vivent environ 250 000 musulmans, selon le centre des relations américano-islamiques.