Il est cassant, hautain, mesure 2,15 m et, lorsqu’il s’agit d’affronter les tirs ennemis, il est autrement moins poltron que C-3PO. Même s’il n’arbore pas l’éclatante armure dorée de son comparse, K-2SO brille de mille feux dans Rogue One et est bien parti pour rejoindre le Panthéon des droïdes les plus appréciés de la galaxie Star Wars. Dans le film de Gareth Edwards, on découvre que « Kaytoo » est en réalité un ancien droïde au service de l’Empire, capturé par l’Alliance rebelle. Il agit désormais au côté de Cassian Andor (Diego Luna), ces deux-là formant un tandem vaguement réminiscent de celui de Han Solo et Chewbacca.
K-2SO est incontestablement la caution humoristique de Rogue One et, d’ailleurs, son temps de parole à l’écran aurait bénéficié substantiellement des fameux « reshoots » du film. Heureusement pour nous, le personnage va bien au-delà du simple bouffon de service et, tout au long du récit, son franc-parler sans filtre, son humour pince-sans-rire et son réel courage lui font gagner rapidement un maximum de points. Ne laissez pas son photoréalisme vous berner : K-2SO est bel et bien une créature à 100 % en images de synthèse, interprété en motion capture par Alan Tudyk. Bien connu des fans de Joss Whedon (qui l’a fait jouer dans ses séries Firefly et Dollhouse), cet acteur texan de 45 ans n’en est pas à sa première expérience. Il a déjà incarné l’âme dans la machine du cyborg Sonny dans I, Robot (2004), premier androïde parlant joué en motion capture au cinéma (hormis les silhouettes de La Menace fantôme et de L’Attaque des clones).
En pyjama moulant et monté sur prothèses
Amené à doubler d’autres personnages en « mo-cap » depuis, Tudyk a été contacté au téléphone, en amont du tournage, par un Gareth Edwards en quête de conseils avisés. Au magazine Wired, Tudyk a confié que ce jour-là il rendait visite à son ami Nathan Fillion (Castle, oui, celui-là même), mais qu’il prit tout de même le temps d’expliquer à Edwards les grands principes du travail préparatoire avec un acteur avant le tournage en motion capture. Peu après, il recevait une proposition d’audition. Il envoya alors une séquence filmée sur son iPad par sa fiancée de lui mimant un « Kaytoo » titubant, aux circuits grillés par un champ magnétique. Bingo : au mépris des procédures traditionnelles, un Gareth Edwards convaincu offrit directement à Tudyk le rôle, durant la convention Star Wars d’Anaheim en 2015.
Sur le plateau, en pyjama ultra-moulant bardé de capteurs et juché sur des prothèses pour atteindre la hauteur requise, l’acteur a pu improviser certaines répliques et il s’est, à le croire, bien amusé sur le plateau avec Diego Luna et Felicity Jones. Lesquels étaient soulagés de pouvoir donner la réplique à une personne physique, malgré le fait de converser à hauteur de ses parties intimes.
En raison de son passé de « méchant » dont il reste conscient et de son statut de robot reprogrammé, K-2SO laisse toujours planer une brise de menace, notamment lors de ses premiers échanges aigres avec Jyn Erso. Mais, inévitablement, l’humanisme du tas de boulons finira par l’emporter et l’on peut vraiment dire que le scénario réserve une sortie héroïque royale au personnage. Alan Tudyk craignait (vraiment) que la fonction comique de K-2SO ne le fasse pas basculer du côté obscur des rigolos pathétiques comme Jar Jar Binks. À la vision du film, pas d’inquiétude : il y a en K-2SO une noblesse, un courage, une âme en formation derrière la froideur du métal, bref, autant d’émotions subtilement convoyées par Tudyk qui font de ce droïde une nouvelle créature parmi les plus attachantes de l’univers Star Wars.