WeWork, le géant américain du co-working et de la valorisation d’immeubles d’exception, arrive en France. Créée en 2010 par Adam Neumann à New-York, l’entreprise a déjà convaincu McKinsey, Volkswagen, Pinterest, Google, Deloitte, Visa, IBM, Microsoft ou encore BlaBlaCar d’héberger une partie de ses salariés. Le site – tout de même valorisé 16 milliards de dollars – s’est fait connaître en multipliant les attentions à ses salariés comme la mise à disposition de billards, de tables de ping-pong, ou encore en facilitant les manucures, les massages, les cours de yoga. Les entrepreneurs et les travailleurs indépendants peuvent également être séduits par ce concept, car il est possible de louer des postes de travail à l’unité (à New York, il faut débourser 45 dollars par mois pour rejoindre la communauté WeWork et payer autour de 500 dollars chaque mois par bureau). Son 110e positionnement en Europe sera situé rue La Fayette, un immeuble art déco qui fut autrefois le siège d’Areva. Comme toutes les entreprises américaines, WeWork sera sans doute montré du doigt parce qu’il chamboule l’ordre établi, mais le plus intéressant est que l’entreprise, qui a des ambitions planétaires, arrive à s’imposer comme une marque. Comment va réagir Regus, spécialiste de l’immobilier de bureau ? En France, WeWork sera dirigée par Séverin Naudet, passé par Virgin (où il a notamment suivi Lenny Kravitz, Axelle Red ou encore Ben Harper), Dailymotion et Socialyse. L’autodidacte a également été le conseiller numérique de Matignon. Interview.
Le Point: Pourquoi avez-vous rejoint WeWork ?
Séverin Naudet : La musique en ligne, le partage de vidéos, le e-gouvernement et l’Open Data, les réseaux sociaux et la publicité « programmatique »… Je me suis toujours passionné et engagé pour ce qui change notre économie, notre société en profondeur. Les créateurs, les entrepreneurs, ceux qui changent le monde aujourd’hui, veulent un environnement de travail différent. Ils partagent des valeurs fortes. Ils ne veulent plus un « gagne-pain », ils veulent un style de vie. Quand j’ai visité WeWork à New York, j’ai ressenti une telle énergie ! J’ai su immédiatement que WeWork allait changer profondément le monde du travail tel qu’on le connaît. C’est majeur pour l’économie dans notre pays. J’ai voulu porter ce changement en France.
Quelles sont les spécificités de cette entreprise qui n’a que 6 ans ?
WeWork est une plateforme physique et technologique dédiée aux créateurs, aux entrepreneurs. Ses membres ont accès à bien plus qu’un simple espace de travail. WeWork permet d’intégrer une large communauté globale d’entrepreneurs qui compte déjà plus de 80 000 membres dans plus de 30 villes et 12 pays. C’est un réseau réel et virtuel global unique. Un réseau d’entreprises de toutes les tailles : du designer indépendant jusqu’à Deloitte ou Microsoft…, WeWork permet aux entreprises de bénéficier de conditions privilégiées pour aider leur croissance, leur productivité et leur rentabilité – accès aux services bancaires facilités, solutions de RHs ou de stockage à prix réduit… – à ses membres d’accéder à de nombreux services quotidiens – cours de yoga, manucure, coiffeur… – et, bien sûr, des espaces communs de détente avec tables de ping-pong ou billards. WeWork s’engage à aider les start-up à leur démarrage et à accompagner leur croissance, pour que le coût d’un bureau ne soit pas un frein à la création et à l’innovation. WeWork est en moyenne 25 % moins chère qu’un espace de bureaux traditionnel. En Île-de-France le loyer est le deuxième poste de dépenses des entreprises pour un taux d’occupation de 60 % seulement.
Quelles sont les perspectives de développement de ce modèle dans le monde ?
WeWork grandit avec son réseau. Au fur et à mesure de l’ouverture de nouveaux immeubles, la communauté s’élargit, en même temps que les opportunités de collaboration et d’innovation entre ses membres. En 2016, WeWork a ouvert à Mexico, Montréal, Berlin, Sydney, Shanghai. WeWork est passée, à Londres, de 2 à 11 immeubles en une année, avec pour objectif de doubler d’ici à 2017. Paris est une ville majeure pour WeWork. WeWork considère Paris comme l’avant-garde de la création et de l’innovation. Ses membres à travers le monde y réclament d’ailleurs sa présence. WeWork attend beaucoup de Paris, grande capitale internationale. Le dynamisme de l’économie à Paris et dans la région est très fort, la diversité d’entreprises est considérable. La communauté de créateurs français est une des plus innovantes dans le monde, le potentiel est donc formidable. J’ai hâte d’ouvrir notre premier espace au 33 rue Lafayette, qui accueillera 2 300 postes de travail au printemps 2017. WeWork La Fayette sera l’un des « flagships » de WeWork.