Fin du blocage du port du Havre après une journée de protestation

Vue du port du Havre, le 31 août 2016
Vue du port du Havre, le 31 août 2016

L’activité a repris mercredi soir au port du Havre, le deuxième de France, bloqué toute la journée par une grève surprise de la CGT pour protester contre l’interpellation dans la matinée de deux dockers, poursuivis pour des violences lors d’une manifestation parisienne.

Les deux dockers « ont été relâchés vers 19H15 après toute une journée de garde à vue à Paris et le mouvement a été suspendu », a affirmé à l’AFP le secrétaire général adjoint de la fédération CGT des ports et docks Anthony Tétard.

Les deux dockers ont reçu à la fin de leur garde à vue une convocation pour le 25 novembre au tribunal correctionnel de Paris pour « violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique », a indiqué à l’AFP une source judiciaire.

L’interpellation des deux dockers, à leur domicile havrais, par des policiers parisiens, a été vécue par la CGT, syndicat unique des dockers, comme une provocation, survenant le jour de la venue de son secrétaire général, Philippe Martinez, dans la cité portuaire.

Dès que la nouvelle de l’interpellation a été connue, les dockers et ouvriers portuaires ont cessé le travail, stoppant de facto l’activité du port.

Les porte-conteneurs déjà dans le port ont cessé d’être chargés ou déchargés, et ceux qui arrivaient ont été détournés vers d’autres ports.

La liaison matinale du ferry Le Havre-Portsmouth a été supprimée mais celle de 17H00 a eu lieu. Un paquebot qui avait fait escale au Havre a pu appareiller dans la soirée.

En plus des arrêts de travail des dockers ont fait brûler des pneus en différents endroits de la ville, notamment devant le siège du Grand port maritime du Havre (GPMH).

– ‘Scandaleux’ –

Cette action de la CGT est une réponse de grande ampleur à l’interpellation des deux dockers havrais pour des violences commises le 14 juin à Paris, au cours de la manifestation nationale contre la loi travail de la ministre Myriam El Khomri.

« Le gouvernement joue la terreur et nous résistons », a tweeté la centrale syndicale.

« C’est proprement scandaleux », a réagi M. Martinez sur France 3 Normandie, qualifiant l’interpellation d' »attitude revancharde ».

« Ce n’est pas un hasard, je pense, si mes camarades ont été interpellés ce matin alors que tout le monde savait qu’il y avait une assemblée générale de rentrée de l’Union départementale (de Seine-Maritime, NDLR) et que j’y participais », a ajouté le leader cégétiste.

Parmi les deux personnes interpellées figure un militant CGT de 33 ans, jugé par le tribunal correctionnel de Paris le 27 juillet pour des faits de violences.

Le docker avait été relaxé pour des faits de jets de projectiles sur les forces de l’ordre mais condamné à un mois d’emprisonnement avec sursis pour s’être rebellé lors de son interpellation, le 14 juin.

Le Havre avait été surnommée par certains « capitale de la grève » pendant la série de mouvements sociaux du printemps contre la loi travail, les dockers CGT étant souvent à la pointe des actions.

Mais les milieux économiques ont déploré les pertes importantes subies par les entreprises industrielles et pétrolières et par le port lui-même qui a perdu des clients aussi bien pour le transport de marchandises, que pour les paquebots de tourisme.

Le président de l’Union maritime et portuaire (UMEP) Michel Segain, représentant les entreprises maritimes présentes sur les terminaux, avait eu des mots assez durs contre la CGT.

Il avait sollicité une entrevue avec M. Martinez mais ce dernier a refusé.

01/09/2016 02:39:25 – Le Havre (AFP) – © 2016 AFP