Une figure bien connue de la mouvance islamiste depuis une dizaine d’années, Farouk Ben Abbes, devait être indemnisée à hauteur de 7 000 euros en contrepartie d’un « préjudice moral » pour une détention provisoire de trois mois, considérée comme injustifiée. Finalement, le Belgo-Tunisien, qui avait été soupçonné de fomenter un attentat contre le Bataclan en 2010, a perçu près de 18 960 euros en mars dernier de la part de l’État, selon le communiqué du garde des SceauxJean-Jacques Urvoas.
Assigné à résidence
Il est à ce jour encore impossible de comprendre quelle manoeuvre administrative a entraîné le versement de cet excédent substantiel de plus de 12 000 euros à Farouk Ben Abbes. Et le communiqué dont la chancellerie s’est fendue n’apporte pas d’explications. Revenons en arrière : au bout de trois ans de procédure judiciaire à l’encontre de l’islamiste, le dossier débouche sur un non-lieu faute de preuves. L’avocat de Ben Abbes réclame alors un dédommagement financier de 20 000 euros pour son client sur la base d’un double préjudice moral et matériel. Dans un premier temps, il obtient gain de cause, mais le ministère de la Justice dépose un recours devant la Cour de cassation. La juridiction la plus élevée de l’ordre judiciaire français décide de façon définitive de ne retenir que le préjudice moral, accordant toutefois 6 000 euros d’indemnités à l’homme qui considère « comme un ami » le djihadiste Fabien Clain, qui a revendiqué les attentats du 13 novembre au Bataclan au nom de l’État islamique.
Mais voici que l’organisme de paiement du ministère de la Justice omet cette dernière décision formulée par la Cour de cassation, et prend inexplicablement en considération la précédente, nettement plus avantageuse pour Farouk Ben Abbes. Résultat des comptes : ce dernier, aujourd’hui assigné à résidence à Toulouse, a été gratifié d’une indemnisation totale de 18 960 euros.
Deuxième couac
L’islamiste de 31 ans donne décidément bien du mal au gouvernement. Le 22 juillet dernier, les autorités décident de l’expulser vers la Tunisie pour sa dangerosité et sa capacité à « fomenter, commettre ou apporter un soutien logistique à une action terroriste en France » alors que Ben Abbes fait l’objet d’un contrôle judiciaire à ce moment-là depuis le 15 novembre 2011, qui lui interdit de quitter le territoire français. Au dernier moment, celui-ci est débarqué, avant d’avoir pu arriver en Tunisie et d’échapper à son contrôle judiciaire avec l’aide involontaire des autorités.