France: les demandes d’asile ont augmenté de 18% depuis le début de l’année

Des migrants, certains demandeurs d'asile, devant la sous-préfecture à Calais le 27 octobre 2015
Des migrants, certains demandeurs d’asile, devant la sous-préfecture à Calais le 27 octobre 2015

La France a comptabilisé 33.000 demandes d’asile depuis janvier, une hausse de 18% sur un an qui traduit toutefois un ralentissement par rapport à la fin 2015, en pleine crise migratoire.

« La France a enregistré 33.167 demandes d’asile entre janvier et mai, contre 28.000 sur la même période de 2015 », a indiqué à l’AFP Pascal Brice, le directeur général de l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides).

Il s’agit là d’une « hausse maîtrisée », après une année 2015 où les demandes avaient augmenté de 23,6%, avec une accélération en fin d’année, a ajouté M. Brice, à l’occasion de la publication du rapport d’activité officiel de l’Ofpra pour 2015.

Ce rapport confirme des grandes lignes d’un tableau déjà bien esquissé en janvier: 80.075 demandes au total, répartition géographique concentrée en Ile-de-France (41%), intensification de l’activité de l’Office (+16%)…

Depuis janvier « on est sur la continuité de l’année 2015, avec une poursuite de la hausse » mais « à des niveaux qui ne sont pas comparables à ceux de l’Allemagne », a précisé Pascal Brice.

Mardi l’Allemagne avait fait état d’une décrue des demandes d’asile depuis la fermeture de la route des Balkans et l’entrée en vigueur, fin mars, de l’accord UE-Turquie visant à tarir les flux migratoires: 16.000 demandeurs seulement sont arrivés en mai outre-Rhin, alors qu’ils étaient encore 90.000 en janvier — et plus d’un million l’an dernier.

Mêmes causes, même effets? Le responsable de l’Ofpra reste prudent, estimant qu’il ne « peut pas donner d’indication » sur les répercussions de cet accord.

« Il n’y a à pas de crise de l’asile en France », souligne-t-il, même si le système reste « sous forte tension », avec les « situations particulières » notamment à Calais, Grande-Synthe et en région parisienne, qui « méritent de continuer à être très réactifs et à adapter le dispositif ».

L’an dernier, le tableau de la demande d’asile en France a été bouleversé par les conflits, et les principales nationalités ont été le Soudan et la Syrie (et non plus la République démocratique du Congo et la Chine). L’Afghanistan, qui n’était que 31e, est grimpé à la 10e place l’an dernier.

– « Principe fondamental » –

Cette tendance s’est poursuivie en 2016, avec dans le trio de tête des pays d’origine la Syrie (près de 3.000 demandes), le Soudan (2.600) et l’Afghanistan (2.500) — une évolution qui traduit « la montée en puissance d’une demande relevant d’un besoin de protection très important », souligne Pascal Brice.

Par ailleurs « le taux d’accord continue à augmenter », et 36,2% des demandes ont obtenu une réponse positive au cours des cinq premiers mois de l’année. L’an dernier, ce taux s’élevait à 31,5%, contre 28% en 2014 (Ofpra + cour d’appel).

« Près de 75% des statuts de protection sont désormais reconnus dès l’Ofpra », alors qu’on était à moins de 50% il y a trois ans, souligne Pascal Brice.

Parmi les nationalités les plus à même d’obtenir l’asile, on trouvait l’an dernier l’Irak (97,9%), la Syrie (96,9%) et la Centrafrique (88,7%).

La demande d’asile a aussi évolué avec « le travail de conviction de l’Ofpra » à Calais et Grande-Synthe (Nord), ajoute le responsable de l’Ofpra, en rappelant que depuis ces sites « 4.238 personnes sont parties en Centres d’accueil et d’orientation ».

Alors que l’Europe connaît une situation migratoire inédite, « il est souhaitable que se développe la réinstallation », souligne par ailleurs M. Brice, en allusion aux missions dans les pays tiers tels que la Turquie, le Liban ou la Jordanie.

« Je m’inquiète de tout ce qui conduirait à des formes d’extra-territorialisation de l’asile », ajoute-t-il toutefois, en jugeant « nécessaire que les demandeurs d’asile soient accueillis dans les meilleures conditions dans les pays tiers, pour leur éviter des traversées périlleuses ».

« Il y a un principe fondamental: lorsque quelqu’un arrive sur le sol européen, sa demande est examinée sur le sol européen et s’il relève du droit d’asile il est protégé en Europe », martèle-t-il.

08/06/2016 13:42:55 – Paris (AFP) – © 2016 AFP