Archives mensuelles : avril 2016

Panama Papers : les Islandais demandent massivement la démission de leur Premier ministre

Des milliers d’Islandais ont manifesté en fin de journée ce lundi à Reykjavik pour réclamer la démission du Premier ministre David Sigmundur Gunlaugsson, pris dans la tourmente de la révélation de ses avoirs dans des paradis fiscaux.

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Selon des documents dévoilés par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), David Sigmundur Gunnlaugsson, 41 ans, a créé en 2007 avec sa future épouse une société dans les îles Vierges britanniques pour y parquer des millions de dollars, jusqu’à ce qu’il lui cède ses parts fin 2009 pour un dollar symbolique. Quand il a été élu député du Parti du progrès (centre-droit) pour la première fois en avril 2009, il a omis cette participation dans sa déclaration de patrimoine, alors que la loi l’y obligeait.

La police a indiqué que la manifestation rassemblait plus de monde que celles qui en 2009, après la révélation des graves manquements des responsables politiques dans la surveillance des banques, avaient poussé le gouvernement de droite à la démission. Mais les forces de l’ordre n’ont pas fourni de décompte.

«Prenez vos responsabilités» ou «Où est la nouvelle Constitution ?», lisait-on sur des pancartes, en référence au projet de nouvelle Constitution né de la crise politique de 2009, resté en rade au Parlement. Sur les réseaux sociaux, des Islandais confirmaient l’impression d’assister à un «séisme politique» d’une ampleur supérieure à celui causé par la crise de 2008.

 

#panamapapers causing a political earthquake in Iceland. Demand for immediate resignation of PM. Massive protest. pic.twitter.com/ii74KhqiEN

— Huginn Þorsteinsson (@huginnf) 4 avril 2016

David Sigmundur Gunnlaugsson, qui nie toute évasion fiscale, a exclu de démissionner. Pendant que se déroulait cette manifestation devant le Parlement, le Premier ministre était soumis à une séance de questions où seuls les députés d’opposition ont pris la parole. Il a expliqué ne pas avoir révélé plus tôt ces avoirs afin de ne pas faire de la fortune de sa compagne une question politique, a rapporté la chaîne de télévision RUV. Une motion de censure a été déposée par l’opposition, qui sera soumise au vote à une date indéterminée.

LIBERATION avec AFP

«Repixel Find a Cat» : il n’y a pas un chat ?

Il y a un chat dans cette bouillie de pixels. Mais où ? Peut-être est-ce la masse sombre au milieu de l’image… Ou alors la silhouette marron qui se détache en bas à gauche… Et si c’était un piège, et qu’on cherchait un chat blanc pas loin de cette masse bleue qui semble être le ciel ?

Il n’y a pas vraiment d’enjeu à Repixel Find a Cat, ni de score à battre, ni même de risque d’échec. On garde le bouton de la souris enfoncé tandis qu’on balaie l’écran de notre curseur, affinant l’image de plus en plus, résolvant les gros pixels en petits pixels qui nous permettent d’y voir plus clair. On se sent puissant comme un policier de série télé qui clique sur le bouton «Enhance» pour transformer un enregistrement tout flou de caméra de surveillance en portrait clair et net de l’assassin. Et à un moment, ce n’est pas l’image du crime qui prend forme grâce aux miracles de l’informatique, mais la forme d’une œil en amande, d’une oreille pointue ou d’une queue recourbée (c’est dix fois mieux). Le chat est là : on clique droit, on a gagné, on est trop fort ! Crazy Cat Player for the win.

> JouerRepixel Find a Cat

Camille Gévaudan

Direction Le Cap

Il y a peu, ma douce et moi avons réalisé un voyage de groupe à Cape Town Et si, en ce qui me concerne, j’ai adoré ce séjour, ma femme a franchement détesté. Pire, même : elle l’a très mal vécu. Et ce n’était pas l’organisation qui était en cause : ce qu’elle a mal digéré, en réalité, c’est le simple fait de voyager en groupe. Sur le coup, j’ai été étonné par sa réaction, sa volonté constante de fuir le groupe dès que possible. Mais avec le recul, c’était à prévoir, en fait. Même si je n’en avais jamais vraiment pris conscience, jusqu’ici, elle a une sainte horreur du groupe depuis que je la connais. Elle m’a même avoué un jour que quand elle partait en vacances avec ses amies, étant ado, elle avait déjà du mal à le supporter. Du coup, j’ai essayé de trouver l’origine de cette phobie. Et elle m’a expliqué qu’en groupe, elle avait toujours l’impression d’être jugée par les autres. Cette façon de voir, plutôt mystérieuse à mon sens, m’a fait pas mal réfléchir. Et j’en suis venu à la conclusion que sa peur a une cause toute simple : la peur de perdre le contrôle. Je crois qu’elle a du mal à dealer avec le fait de devoir faire face à un autre désir que le sien. Elle n’a jamais supporté la contrainte. Même le terme « compromis » est pour elle une insulte. Plus j’y réfléchis, et plus je suis convaincu que cette peur qu’elle éprouve trouve sa source dans son enfance. Ses parents ont vécu quasiment en autarcie. Du coup, elle a intégré cette façon de considérer le monde et voit dans le groupe une source de menace. C’est quelque chose que je ne comprendrai jamais totalement, mais je comprends que la vie de groupe ne soit pas une sinécure pour tout le monde. En tout cas, en ce qui me concerne, j’ai beaucoup apprécié l’ambiance qu’il y avait dans notre groupe. Et d’ailleurs, je vous mets le lien vers l’agence par laquelle nous sommes passés pour ce voyage de groupe en Afrique du Sud. J’ai bien aimé le sérieux dont ils ont fait preuve.

Télécoms: Bouygues-Orange, rupture de fiançailles

Encore raté ! Devenu le serpent de mer des télécoms français, le passage de quatre à trois opérateurs n’aura pas lieu. En tout cas pas sous la forme, inédite à l’échelle européenne, du rachat du quatrième opérateur Bouygues Telecom par le leader du marché Orange. Pour la quatrième fois en deux ans, la tentative de rachat de l’opérateur créé en 1994 par le groupe de BTP dirigé Martin Bouygues échoue, de très près cette fois. A quand la cinquième?

Convoqués vendredi soir, les conseils d’administration des deux groupes ont acté l’échec des discussions. A l’unanimité, le conseil d’administration de Bouygues Telecom a décidé de mettre fin au rapprochement et de poursuivre son cavalier seul. Orange, de son côté, évoque «des discussions approfondies» au terme desquels un accord «n’a pu être trouvé» et «maintient l’ensemble de ses objectifs financiers». Une énorme surprise et un revers de taille pour le PDG d’Orange Stéphane Richard – «c’est du 50-50» pronostiquait-il début janvier – tant la volonté de l’ensemble des acteurs (le vendeur Bouygues Telecom, Orange, SFR Numericable et Free) de parvenir à cette concentration du marché dans leur intérêt semblait forte.

Trop d’obstacles

Après trois mois de fiançailles entamées le 5 janvier dernier et qui devaient aboutir à un contrat de mariage d’une complexité jamais vue sur fond de partage des actifs de Bouygues Telecom entre les trois opérateurs restant, les obstacles se sont finalement révélés trop importants pour célébrer l’union. A commencer par le prix de 10 milliards d’euros exigé par Martin Bouygues pour se revendre à Orange. Principal actionnaire d’Orange à hauteur de 23% de son capital, l’Etat qui n’entend pas prendre le risquer d’en perdre le contrôle, a refusé les conditions fixées par Martin Bouygues tant en termes de valorisation que de son poids dans la future gouvernance de l’opérateur historique dont il serait devenu le deuxième actionnaire.

Alors que les deux parties semblaient s’être mises d’accord sur une entrée du groupe de BTP au capital d’Orange à hauteur de 12%, l’Etat, forcément dilué par l’arrivée de ce nouvel actionnaire, souhaitait ne pas descendre en dessous de 20%. Un casse-tête pour Bercy, qui nécessitait de valoriser au maximum Orange, à un prix nettement supérieur à celui du marché. Autrement dit si l’Etat acceptait le prix de 10 milliards d’euros fixé par Martin Bouygues pour qu’Orange absorbe son opérateur télécoms qui n’est pourtant valorisé que 6 milliards d’euros dans les livres de compte du géant du BTP, la question du prix retenu pour l’action Orange n’était toujours pas tranchée. 

Danger de «bollorisation»

Autre point crucial, l’Etat représenté par son ministre de l’économie et ex-banquier d’affaires de chez Rotschild Emmanuel Macron, rompu à ce genre de négociations, souhaitait encadrer la future influence de Martin Bouygues au sein d’Orange. «Pas question de prendre le moindre risque de perdre le contrôle de l’entreprise au profit de celui qui vient de se faire racheter, explique Marc Bourreau, spécialiste de l’économie des télécoms et professeur à Telecom Paristech. Vous imaginez l’ironie de la situation.» Un danger de «bollorisation», la version capitaliste du loup dans la bergerie, qui a amené l’Etat à exiger des clauses strictes afin de bordurer l’influence future de Martin Bouygues au sein d’Orange: impossibilité pour le groupe Bouygues, via une clause dite de «standstill», de monter au capital d’Orange pendant une durée de sept ans et renoncement de la part de Martin Bouygues aux droits de vote double – qui récompensent les actionnaires fidèles – pendant une durée de dix ans. «L’Etat a tenu, ce qui est parfaitement légitime, à défendre la valeur patrimoniale de son actif et surtout à se prémunir du risque de perdre le contrôle à terme d’Orange, poursuit Marc Bourreau, mais du coup, l’accord déjà effroyablement difficile à trouver devenait moins attractif pour Martin Bouygues.» 

Les négociations ont également semble-t-il achoppé sur la nature des actifs cédés à Free, l’un des deux autres bénéficiaires de l’opération. Alors que ce «Yalta» semblait quasi-bouclé ces derniers jours (les clients à petits forfaits et professionnels à SFR pour 3,5 milliards d’euros, le réseau mobile, les fréquences et les boutiques Bouygues Telecom à Free pour 2,5 milliards), son patron Xavier Niel aurait fait monter les enchères dans les derniers jours. D’après Les Echos, il aurait demandé une rallonge dans le temps de son contrat d’itinérance avec Orange, jusqu’à 2021, en réclamant une clause suspensive en cas de refus de l’autorité de la concurrence d’avaliser ce délai. Un risque trop important à prendre pour Martin Bouygues, pour lequel un retour en arrière était inenvisageable une fois la fusion lancée.

Autant dire que le danger de voir l’opération finalement capoter dans quelques mois a dû peser lourd dans la balance. Quels que soient les coups de sonde auxquels les protagonistes du dossier ont pu procéder ces dernières semaines, les incertitudes restaient en effet très élevées sur le feu vert plus qu’hypothétique des autorités de la concurrence au redécoupage du secteur.

«Un risque élevé de ne pas aboutir»

En exigeant très probablement des «remèdes» supplémentaires afin de préserver une saine compétition dans le secteur, l’ensemble des protagonistes risquaient de se retrouver dans quelques mois ramenés à la case départ. «On n’a jamais vu un changement d’une telle ampleur être approuvé par un gendarme de la concurrence sans que ce dernier n’exige des corrections aux aménagements déjà proposées par les acteurs, conclut Marc Bourreau. Un accord entre l’Etat, Bouygues Telecom et Orange d’une part, Orange, SFR et Free d’autre part, n’était jamais que la première étape d’un long processus qui présentait toujours un risque élevé de ne pas aboutir.»

En Angleterre et en Italie, où le passage de quatre à trois opérateurs en cours reste incertain en raison des écueils soulevés par les autorités de la concurrence, il ne concerne pourtant dans aucun des deux pays le rachat d’un concurrent par le leader du marché. L’OFCOM, équivalent britannique de l’ARCEP, a récemment fait savoir qu’il était opposé au projet de fusion des opérateurs mobiles O2 et Three et a annoncé qu’il était prêt à saisir les autorités européennes qui ont le pouvoir de bloquer le rapprochement. C’est dire si Orange, avec déjà 39,99% de parts de marché sur le fixe (10,61 millions d’abonnés) et presque autant dans le mobile (38,8% et 28,4 millions de clients) n’était pas au bout de ses peines. Un risque d’autant plus grand à courir pour Martin Bouygues qu’il n’a pas pu obtenir de l’Etat des conditions à la hauteur de ses attentes pour sa rentrée au capital d’Orange. 

 

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Christophe Alix