Fait inédit pour un président sortant de la Ve République : le doute plane sur la candidature à un nouveau mandat de François Hollande, à un an de la présidentielle. Le chef de l’État, qui a lié sa décision à l’inversion de la courbe du chômage, fera connaître son choix « à la fin de l’année ». Si un proche assure n’avoir « aucun doute sur le fait qu’il briguera un second mandat », certains ténors de la majorité sont moins affirmatifs. « Moi, je doute. Je suis le seul », confie un ami du président. Le seul ? Pas tout à fait. « On ne peut pas écarter l’hypothèse qu’il n’y aille pas. Ça existe », estime un ministre.
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En attendant la décision du président, les ténors de la majorité se sont donné le mot depuis quelques semaines pour proclamer leur soutien à cette candidature, comme les y avait d’ailleurs invités le premier secrétaire du PSJean-Christophe Cambadélis, soucieux de remettre un peu d’ordre dans la maison PS et de couper court aux spéculations. La plupart des socialistes semblent d’ailleurs avoir acté qu’il n’y a pas vraiment d’alternative à François Hollande, aubrystes compris.
« Un trou de souris »
Reste à résoudre la carte de la stratégie pour le président le plus impopulaire de la Ve République et qui est donné troisième voire quatrième au premier tour. Faut-il, pour renverser cette funeste vapeur, jouer la carte de « l’union de la gauche » ? Faut-il, au contraire, aller au centre en adoptant la posture du président rassembleur de la nation, façon campagne de Mitterrand en 1988 ? Un peu des deux, répond son entourage. « François Hollande pense qu’il faut d’abord rassembler son camp, rassembler la gauche. (…) Après, on peut ouvrir vers le centre. »
Ça passera ou ça cassera. Mais, face à l’accusation de trahison du mandat confié en 2012 par « le peuple de gauche », l’exécutif veut remettre l’accent sur les mesures « de gauche » mises en oeuvre depuis le début du quinquennat. « Dans l’émission de France 2, il a beaucoup développé sur le modèle social, les acquis sociaux », décrypte un proche. « Il a dit j’ai modernisé pour protéger le modèle social. » C’est aussi ce que devrait faire lundi le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll en mobilisant les « hollandais » dans une réunion publique.
Pour un vieil ami du président, le chef de l’État ne pourra se hisser au second tour de la présidentielle qu’en se glissant au juste point d’équilibre entre la « gauche sociale-démocrate » et la « gauche sociale-libérale », un « trou de souris » admet-il.
Rajeunissement
Ira, ira pas ? La mobilisation a pourtant commencé. Le 2 avril, au cours d’une réunion à l’Élysée aux allures de séminaire de campagne, le président a réuni autour de lui les ministres Emmanuel Macron et Ségolène Royal, le conseiller Julien Dray, partisan d’une synthèse, de « Macron à Nuit debout », et le numéro deux du PS Guillaume Bachelay, chargé de superviser la rédaction des « cahiers de la présidentielle ». « Dans cette réunion, il y a des personnes qui pourront jouer un rôle dans six mois », a noté un proche du président. Alors que le ministre de l’Économie a pu donner l’impression depuis quelques jours de vouloir voler de ses propres ailes, cette source croit savoir que « François Hollande a complètement confiance en Emmanuel Macron » et que de ce dernier « fera la campagne » du président.
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François Hollande pourra aussi s’appuyer sur ses vieux compagnons de route – Stéphane Le Foll, Bruno Le Roux, François Rebsamen, Michel Sapin, Jean-Yves Le Drian… -, même s’il aura à coeur de mettre en avant la « génération Hollande », ces nouveaux ministres nommés, pour la plupart, à même pas 40 ans : Macron, donc, mais aussi Najat Vallaud-Belkacem, Axelle Lemaire, Myriam El Khomri, Mathias Fekl, et la petite dernière, Audrey Azoulay. On lui aura glissé que l’opinion était en quête de renouvellement… Face à la victoire annoncée de Juppé, Premier ministre il y a plus de 20 ans, ce serait son dernier argument…