La femme de Trump nue en photo, Sanders qui s’accroche… une semaine de primaires américaines

Vous n’avez pas tout suivi, voire rien du tout, des courses à l’investiture républicaine et démocrate ces derniers temps ? Tous les vendredis, Libération fait le point sur la campagne.

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La course

Statu quo et dames de piques

Alors que l’on a désormais passé la mi-course chez les républicains comme chez les démocrates, les positions commencent à se figer un peu dans ces primaires américaines. On en a eu une belle illustration cette semaine, puisque les quelques scrutins de mardi n’ont rien donné d’autre qu’un statu quo : Donald Trump devance toujours largement Ted Cruz chez les républicains, et idem pour Hillary Clinton face à Bernie Sanders dans les rangs démocrates.

La nouveauté de la semaine, c’est la tournure encore un peu plus bas de gamme qu’a prise la campagne républicaine. Une publicité diffusée dans l’Utah (il est autorisé aux Etats-Unis de faire de la pub politique) représentait la femme de Donald Trump (elle avait participé à cette séance photo au temps où elle était mannequin, avant son mariage) nue sur une peau de bête, histoire d’inciter les très puritains habitants de l’Etat à plutôt voter pour Ted Cruz, ce qui a d’ailleurs marché.

Accusant Ted Cruz d’être à l’origine de cette pub – ce qui est a priori faux – Donald Trump a menacé : «Fais attention, Ted le menteur, ou je vais tout révéler sur ta femme !», sans préciser son propos. On n’avait pas compris que la course à la Maison blanche se disputait dans un bac à sable.

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Up

Bernie Sanders maintient sa dynamique

Ça ne suffira pas pour rattraper Hillary Clinton dans la course à l’investiture, mais cela a tout de même mis du baume au cœur de Bernie Sanders et ses partisans : mardi, le sénateur du Vermont a remporté l’Idaho et l’Utah, soit 43 délégués. La dernière fois qu’il avait gagné un scrutin remontait au 8 mars (Michigan), après quoi sa rivale avait enchaîné sept victoires. Le Huffington Post, qui compile et brasse des centaines de sondages publiés par trente sondeurs, montre cette semaine que les courbes de popularité d’Hillary Clinton et Bernie Sanders dans cette primaire démocrate se rapprochent (51,4% pour Clinton contre 41,7% pour Sanders le 18 mars, et 50,8% contre 42,5% le 23 mars). En janvier, Bernie Sanders n’avait, dans ces sondages, les faveurs que de 35% des votants, alors qu’Hillary Clinton en convainquait 60%. Et les échéances de ce week-end devraient lui permettre de confirmer cette dynamique (voir plus bas).

Down

John Kasich n’y arrive pas

C’est le dernier des Mohicans : face au milliardaire incontrôlable Donald Trump et à l’ultra-conservateur du Tea Party Ted Cruz, John Kasich est le dernier candidat en lice des primaires républicaines, le dernier, aussi, des républicains «traditionnels». La direction du parti avait d’abord misé sur Jeb Bush, puis Marco Rubio, pour porter ses couleurs. Ces deux-là n’ont jamais réussi à percer et fini par jeter l’éponge, Bush rapidement, Rubio après sa défaite à domicile, en Floride, il y a dix jours. Kasich espérait fédérer et prospérer sur ces abandons ? Il n’en est rien. Très loin de Ted Cruz (16,9% contre 69,1%) en Utah et de Donald Trump (10% contre 47,1%) en Arizona, mardi dernier, il est toujours à des années-lumière de ses deux adversaires dans la course à l’investiture : il ne compte que 144 délégués, contre 454 pour Cruz et 751 pour Trump… A tel point que, loin de recevoir le soutien de l’establishment républicain, il a vu Jeb Bush annoncer cette semaine son soutien à Ted Cruz. Dur.

La phrase

Invité par la chaîne de télévision NBC à réagir par téléphone aux attentats de Bruxelles mardi, Donald Trump a mis en avant l’un de ses thèmes de prédilection, tout en exploitant son habituelle rhétorique guerrière : «Nous ne permettrons pas que cela se produise dans notre pays. Si cela venait à se produire, nous trouverions les responsables et ils souffriraient grandement», a-t-il aussi dit. Plus tôt, il avait tweeté ce message pas du tout anxiogène : «Vous souvenez-vous combien Bruxelles était un endroit beau et sûr. Ce n’est plus le cas, c’est un monde différent ! Les Etats-Unis doivent être vigilants et intelligents». Plus tard dans la semaine, un groupe de propagande affilié à l’Etat islamique a publié une vidéo reprenant des propos similaires qu’il avait tenus mardi dans la matinale de Fox News : «Bruxelles était une ville formidable – une des plus belles villes du monde il y a vingt ans – et tranquille. Et maintenant, c’est l’horreur, l’horreur absolue.» (voir la vidéo sur le site de Slate).

Le chiffre

60%

C’est la part des sympathisants républicains qui se disent «embarrassés» par la tournure que prend la primaire de leur parti, selon un sondage publié par le New York Times. Visiblement lucides quant au spectacle donné par Donald Trump & cie, les républicains — ce sont ceux qui ont voté lors des primaires qui ont été interrogés — constatent dans leur immense majorité (88%) que leur parti est divisé, et ils ne sont qu’un sur deux à en avoir une bonne opinion. Le contraste est saisissant avec le camp démocrate, où l’on se félicite de la bonne tenue de la primaire : les sympathisants ont une bonne opinion de leur parti (à 82%), le jugent plutôt uni (33% le disent divisé) et apprécient la teneur de la campagne (seuls 13% la trouvent embarrassante).

L’Etat

Rendez-vous démocrate dans l’Etat de Washington

Bernie Sanders lors d'un meeting à la Key Arena de Seattle, le 20 mars.Bernie Sanders en meeting à la Key Arena de Seattle, le 20 mars dernier.

Puisque la primaire républicaine fait relâche jusqu’au 5 avril, c’est vers la primaire démocrate que les regards seront tournés dès ce samedi, avec trois caucus organisés en Alaska, à Hawaï et surtout dans l’Etat de Washington. C’est en effet dans l’Etat du nord-ouest du pays (Seattle, etc.) qu’il y aura le plus de délégués à remporter : 101 exactement. Pas de quoi tout changer dans la course à l’investiture (que Clinton mène toujours largement), mais quand même un coup à jouer pour Bernie Sanders. D’abord parce que cet Etat est essentiellement blanc, donc l’ex-First Lady ne pourra pas capitaliser sur le vote des minorités. Ensuite parce que les caucus lui ont plutôt réussi jusqu’ici : il en a remporté sept sur onze, contre cinq primaires sur vingt-et-un… Pas fou, le sénateur du Vermont y bat campagne depuis plusieurs semaines, et il y est de retour depuis jeudi.

Et pendant ce temps-là, Obama…

A Cuba, «Si se puede !»

Le président américain peaufine en cette fin de mandat la réconciliation des Etats-Unis avec Cuba. Dimanche, il a entamé une visite de trois jours sur l’île, un événement historique – la dernière fois qu’un président américain avait foulé le sol cubain remontait à 1928. Flanqué de ses deux filles et de son épouse, Barack Obama a évoqué la démocratie sans trop faire frémir Castro (lire ici le récit de son séjour par notre envoyé spécial) et a joué à fond son capital sympathie. Obama n’est néanmoins pas resté sur l’île assez longtemps pour assister au concert des Rolling Stones vendredi : il a préféré s’envoler pour l’Argentine où il s’est notamment livré à une démonstration de tango, à laquelle Michelle Obama a aussi pris part, sous les objectifs ravis des caméras et provoquant quelques commentaires ironiques.

Yesterday, after nearly 90 years, an American President set foot on Cuban soil: https://t.co/OP25Gqw0fy#CubaVisitpic.twitter.com/vA2XuzjUFn

— The White House (@WhiteHouse) 21 mars 2016

(To be continued…)

Baptiste Bouthier , Kim Hullot-Guiot