Archives mensuelles : février 2016

Le périlleux exercice d’équilibriste des soutiens de Nicolas Sarkozy

Au lendemain de la mise en examen de Nicolas Sarkozy pour «financement illégal de la campagne», les réactions ont été unanimes à droite : il s’agit d’une «forme d’acharnement» à l’encontre de l’ancien chef de l’Etat.

A l’exception de Gérard Larcher, toutefois précédé par l’avocat de Nicolas Sarkozy au micro d’Europe 1, c’est la garde rapprochée du chef de file du parti Les républicains qui a été envoyée ce mercredi matin au-devant des médias. Eric Ciotti, Brice Hortefeux et Henri Guaino ont – à raison – appelé à la prudence et au respect de la présomption d’innocence de l’ex-président de la République tout en tentant – plus ou moins habilement – de minimiser la portée de ses affaires judiciaires.

Suite logique

Pour Brice Hortefeux, invité de Guillaume Durand sur Radio Classique, l’audition de Nicolas Sarkozy n’est ainsi pas une surprise. A en croire l’actuel député européen, celle-ci «s’inscrivait dans une suite logique, prévisible, sur une affaire qu’on a appelée à juste titre l’affaire Bygmalion».

Occultant la mise en examen pour financement illégal de la campagne présidentielle de 2012, il prend la défense de Nicolas Sarkozy sur le cas Bygmalion : «Il l’a dit, il l’a écrit, il a répété qu’il n’avait aucun lien avec [la société Bygmalion]. Et finalement, aujourd’hui, l’élément important, c’est que c’est précisément ce que le magistrat a reconnu clairement. […] Cette décision est, bien sûr, très forte, puisqu’elle confirme la véracité de ce qu’a toujours dit Nicolas Sarkozy.»

Relancé par son intervieweur sur les déclarations de Jérôme Lavrilleux (directeur adjoint de la campagne de 2012), l’ancien ministre de l’Intérieur parle d’«extrapolation» et ajoute que Nicolas Sarkozy, en sa qualité de candidat à la présidentielle, ne pouvait avoir conscience de ces dépassements budgétaires, arguant que «les comptabilités désormais, dans notre pays, sont d’une complexité…»

(A partir de 0’40 » sur la vidéo)


Dénonçant un acharnement, Brice Hortefeux poursuit en affirmant que «ce qui est sûr, c’est que jamais – à ma connaissance – la situation d’un homme public n’a été autant disséquée, décortiquée, passée au microscope».

Une ligne de défense reprise par Eric Citotti, qui note «une forme d’acharnement sur Nicolas Sarkozy. Qui, sous la Ve République, a été autant suivi, ausculté ? Rien n’aura été épargné à Nicolas Sarkozy. Jusqu’à maintenant, chaque fois qu’il y a eu des accusations – Bettencourt, amendes de l’UMP –, chaque fois ça a débouché sur un non-lieu.» Fervent partisan du prédécesseur de François Hollande, le député LR des Alpes-Maritimes avance même l’hypothèse d’une «forme de compétition pour qui ferait tomber Nicolas Sarkozy, y compris dans la justice» ; postulat auquel il répond immédiatement en affirmant que l’on peut avoir «peut-être un peu ce sentiment qu’il y a une conjugaison de tous ceux qui voient en Nicolas Sarkozy un obstacle». Et d’ajouter : «Pour Nicolas Sarkozy, il n’y a pas eu les pudeurs ou les réserves qu’il y a eu pour d’autres.»

(A partir de 1’12 » sur la vidéo)


Sur le plateau de BFMTV, l’ancien conseiller spécial Henri Guaino a, lui aussi, émis des doutes à propos du système judiciaire : «Dans cette affaire, je voudrais juste être sûr qu’il s’agit bien de justice, et pas de politique, d’acharnement ou de lynchage.»

Montants mirobolants

S’il ajoute que «pour le reste, l’enquête le dira», Henri Guaino se pose néanmoins la question des montants mirobolants de dépassement de budget évoqués pour la campagne. Tout en veillant soigneusement à épargner Nicolas Sarkozy. «Honnêtement, j’aimerais savoir où est passé l’argent. Quand même une campagne de 40 ou 50 millions… Ça me paraît énorme pour penser que ça n’est allé dans la poche de personne mais, voilà, je n’en sais pas plus.»


Plus modéré, le président du Sénat, Gérard Larcher, a également «eu le sentiment qu’on condamnait» Nicolas Sarkozy. Celui qui sera également arbitre de la primaire au sein du parti Les Républicains a confirmé sur Europe 1 que, si l’ancien chef de l’Etat envisageait de se présenter à ce scrutin interne, il restait «qualifié, comme d’autres, pour s’y présenter».

Un souhait partagé par Eric Ciotti et Brice Hortefeux, qui «pense qu’il devrait être candidat. […] Nous avons besoin d’hommes qui aient à la fois la légitimité de Nicolas Sarkozy – puisqu’il a été élu chef de l’opposition -, la crédibilité et l’autorité.»

Sylvain Moreau

Mélenchon : «Une occasion se présente, il ne faut pas la laisser passer»

Jean-Luc Mélenchon, première. Lundi soir, à l’occasion de la nouvelle édition de son livre, l’Ere du peuple, le candidat à la présidentielle a organisé une petite soirée au théâtre Déjazet, à Paris. Dans la salle, près de 500 sympathisants. L’occasion de régler les contentieux à voix haute. Depuis l’annonce de sa «proposition» de candidature pour 2017 et son refus de participer à quelque primaire que ce soit, les critiques pleuvent. «Le peuple de gauche n’avait pas besoin d’une candidature en solo», a enragé le porte-parole du PCF, Olivier Dartigolles. La candidature de Jean-Luc Mélenchon écrase l’espérance de vie du Front de gauche. Lors de la présidentielle de 2012, la petite bande avait réalisé le joli score de 11,11%. Une autre époque. Selon Jean-Luc Mélenchon, le Front de gauche s’est «perdu dans le margouillis de ses alliances à géométrie variable, illisibles et incompréhensibles».

Aujourd’hui, le fondateur du Parti de gauche postule à l’Elysée sans parti, se posant en «déclencheur» d’un mouvement : «Une occasion se présente, il ne faut pas la laisser passer. Ne laissez pas l’élection de la sixième puissance économique du monde être confisquée par une bande de mariols qui ont décidé de transformer ça en un jeu de petits chevaux.» Puis : «Quelqu’un a dit : on n’a jamais vu une démarche aussi césarienne de la part de quelqu’un qui condamne la Ve République. Mais alors condamner la pollution de l’air nous obligerait à ne pas respirer ? Je suis un démocrate, républicain, j’évolue dans les institutions dont le pays est doté et je tâche d’en tirer le mieux, y compris dans ce que je condamne le plus fermement de leur fonctionnement.»

L’inquiétude est ailleurs 

A l’image de son nouveau modèle, le candidat à la primaire démocrate Bernie Sanders, Mélenchon place les citoyens au cœur de sa campagne. Ils sont invités à écrire le «projet» présidentiel autour de thèmes définis, comme la VIe République, la sortie des traités européens ou l’écologie. Mais une campagne ça coûte cher : les meetings, les affiches, les déplacements. Le candidat ne montre pas de signe d’inquiétude. «L’argent, on va le trouver, tout le monde va mettre la main à la poche, trois euros par-ci, trois euros par-là.» Le tout, sur la nouvelle plateforme, jlm2017.fr. En fait, l’inquiétude est ailleurs. Les prochains mois, Jean-Luc Mélenchon se lancera à la chasse des 500 signatures, sésame pour une candidature au premier tour. Il compte sur un mouvement populaire pour convaincre les maires de lui accorder le «droit d’exister».

Au fil de son premier discours de candidat, Jean-Luc Mélenchon, a comme toujours fracassé ses anciens camarades socialistes : «Ces gens sont dangereux. Pas personnellement, mais une fois qu’ils sont tous ensemble.» Il a abordé la déchéance de nationalité, le droit du sol. Il a également dénoncé le «communautarisme, tous les communautarismes». Puis, il est revenu à l’essentiel, sa candidature : «Le dernier qui m’a dit que j’étais seul s’appelait Jérôme Cahuzac. A l’heure qu’il est, je me demande qui est le plus seul.»

Rachid Laïreche

Jean-François Copé candidat à la primaire de la droite

L’ancien président de l’UMP, Jean-François Copé, a déclaré dimanche sur France 2 qu’il était candidat pour la primaire de la droite de novembre 2016 en vue de la présidentielle de 2017.

«Je serai candidat à cette élection», a lancé le député-maire de Meaux (Les Républicains), s’estimant «prêt». «Jamais je n’aurais imaginé être candidat si j’étais mis en examen», en référence à l’affaire Bygmalion, dans laquelle il est témoin assisté, a aussi affirmé Copé. En 2015, Nicolas Sarkozy avait été mis en examen pour «corruption active», «trafic d’influence» et «violation du secret professionnel» dans l’affaire dite des «écoutes».

Ce weekend, lors du conseil national de LR,  Jean-François Copé s’était exprimé pour la première fois depuis que cette «triste affaire Bygmalion» l’avait poussé à la démission.  Le 20 janvier, il avait signé son retour en politique avec la publication d’un ouvrage, Le sursaut français (Stock). Dans cet ouvrage écrit après un «tour de France» et une cure de silence médiatique auto-administrée de dix-huit mois, cet élu affirme qu’il a pu «remettre de l’ordre dans (s)es idées».

«Mon intuition est qu’en 2017, en France, le coup de l’homme providentiel qui va tout régler par la seule magie d’un slogan et de quelques propositions bien ordonnées, ça ne marchera pas ( ) Faire de la politique autrement, c’est aussi rompre avec la politique de communication pour faire de la politique de fond», y écrit le Maire de Meaux.

LIBERATION avec AFP

«Très fier de cette victoire face à l’Irlande»

Le XV de France repasse au vert. Une petite haie d’honneur dressée par des vaincus venus d’Irlande, cela ne fait pas de mal, surtout après quatre années de disette (et des poussières). A la mi-temps, l’Irlande menait encore 9-3, face à des Bleus solidaires en défense mais brouillons en attaque. «On est sous pression dans notre camp, mais on marque notre territoire. Mais à la pause, on s’est dit qu’il fallait remettre une dose, une nouvelle vague d’intensité», dit Yoann Maestri, le deuxième ligne, averti par le précédent d’octobre dernier : dans la même situation, la France n’avait jamais pu remettre la main sur le ballon et la pression sur les Irlandais lors d’une défaite soldant leurs illusions en Coupe du monde (24-9).

«J’étais touché, ému, au coup de sifflet final, quand j’ai repensé aux anciens de l’équipe qui ne sont plus avec nous et ont connu tant de moments douloureux ces dernières saisons», ajoute celui qui n’a pas la mémoire courte. Bouille d’étudiant à HEC, nœud papillon ajusté sur sa chemise blanche, le demi d’ouverture Jules Plisson vient ensuite détailler une rencontre courageuse.

Quel est votre sentiment après cette rencontre ?

C’était un tout autre contexte que l’Italie. On a eu une première mi-temps difficile, mais je retiens nos intentions de jeu en seconde. La semaine dernière, il y avait du soulagement dans le vestiaire, aujourd’hui, c’était de la fierté. Nous sommes très fiers de cette victoire. Les conditions étaient difficiles, le ballon glissait, il y avait beaucoup de stress dans les premières minutes. Mais on n’a rien lâché. Comme lors du match face aux Italiens, on a su remettre notre jeu en place, et finalement les déstabiliser.

Comment vivez-vous la première période ?

On est mal sortis de notre camp en première mi-temps, on s’est mis un peu le feu. Moi-même, sur mon premier ballon, je veux faire une chandelle, et comme j’ai mis beaucoup de colle sur mes mains, le ballon reste scotché à ma main et je dévisse complètement. Je rate aussi mon deuxième ballon. Dans le jeu d’occupation, on a voulu trouver des touches, alors qu’il aurait plutôt fallu taper loin. Mais en défense, on a été très solide, on a su récupérer des ballons, mais on leur a rendu souvent trop vite, ou sur des touches trop près.

En défense, en revanche, les barbelés sont de sortie…

Je pense que les Irlandais se sont rendu compte qu’on avait eu des lacunes la semaine précédente et qu’on avait bossé. Sur tous leurs lancements de jeu, extrêmement variés, ils ne sont pas passés une fois. On a beaucoup travaillé les connexions entre leurs numéros 9, 10, 12 et 13 (la charnière et la paire de centres) et, si on a parfois concédé un peu de terrain, on n’a jamais été transpercés.

En seconde période, les Irlandais ont les traits tirés, la tête baissée.

Ils ont trois ou quatre gars pétés, Sexton (l’ouvreur) qui sort sur la fin. On était très présents, on devait se racheter après une mauvaise performance en défense face à l’Italie. Les conditions ont facilité les choses, car le ballon était glissant, et plus on montait vite, fort, plus ils étaient en difficulté. Quand tu les vois piocher, reculer, perdus sur certaines actions, tu te dis que tu as pris l’ascendant. En deuxième mi-temps, il n’y a eu qu’une seule équipe sur le terrain. Vous nous reprochiez d’avoir gardé trop peu le ballon face aux Italiens, là, je pense qu’on l’a gardé assez longtemps, cela nous a permis de créer des intervalles, et de chercher les points qu’ils nous manquaient.

Peu après l’heure du jeu, vous avancez mais choisissez de ne pas prendre les points au pied.

Le staff me dit de prendre la touche. Je sentais qu’on était dans une période plutôt bonne, on multipliait les temps de jeu, on les mettait en difficulté, on avançait sur tous les impacts. J’ai dit à Guilhem (Guirado, le capitaine) : ‘‘Pourquoi on n’irait pas en touche ?’’ On tape, on tape, on tape sur l’adversaire… Damien (Chouly) n’arrive pas à aplatir, moi, je suis à droite, je hurle pour avoir le ballon, j’en ai perdu ma voix. On conclura finalement un peu plus tard (par un essai de Maxime Médard, 69e).

La mêlée française a monté crescendo, pour finalement broyer son homologue irlandaise…

Sur la série de mêlées en seconde période, on cherchait l’essai de pénalité. Le travail des piliers Jefferson (Poirot) et Uini (Atonio) en première période s’est fait sentir. A la pause, c’était kif-kif sur les mêlées, mais quand je vois Rabah (Slimani) et Eddy (Ben Arous) rentrer pour faire souffrir leur mêlée, je me dis que ça se goupille bien.

Que vous dit votre capitaine au coup de sifflet final, quand vous vous réunissez en cercle ?

Il nous dit que c’est une victoire importante pour la suite, que nous sommes une équipe en apprentissage, et lui retient notre état d’esprit, cette seconde mi-temps où on n’encaisse aucun point. Guilhem, c’est un gros capitaine, il a mis un de ces plaquages en première mi-temps ! A chaque sortie, il nous montre l’exemple, offensivement, et surtout défensivement. Les semaines à Marcoussis sont beaucoup moins longues que par le passé. Beaucoup de joueurs se connaissent depuis longtemps. C’est une équipe de jeunes qui vit bien, mais on peut très bien vivre, et ne pas gagner, vous l’avez remarqué ces dernières années.

Mathieu Grégoire

La déchéance de nationalité fait craquer Dounia Bouzar

Elle était le visage médiatique des actions de prévention de la radicalisation. Dounia Bouzar, directrice générale du Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam, a annoncé ce jeudi qu’elle ne poursuivrait pas sa collaboration avec le ministère de l’Intérieur en raison de l’extension de la déchéance de nationalité. Le CPDSI, dont le marché pouvait être reconduit de manière tacite en avril 2016, rendra un dernier bilan comptable et pédagogique au printemps. Puis l’association devrait être dissoute. Quant aux quelque 771 jeunes suivis en 2015 par le centre, le relais sera transmis aux préfectures.

Lylia Bouzar, fille de Dounia et présidente du CPDSI, explique à Libération avoir attendu «le plus possible» de voir la teneur des débats sur la déchéance de nationalité. «Lorsqu’on a compris que le gouvernement poursuivait dans son entêtement, on a dit stop.» Selon elle, cette mesure «remet en cause toute la politique publique du ministère de l’Intérieur à laquelle on avait adhéré en 2014. On ne peut pas accepter de relier les origines à un engagement jihadiste».

Dans son communiqué, le CPDSI détaille : «Faire croire aux Français que la déchéance sera un symbole pour lutter contre Daech est une réponse déconnectée de la réalité […]. L’amalgame renforce toujours les radicaux.» Selon Lylia Bouzar, les récents débats politiques ont «meurtri» certaines familles dont s’occupe sa structure : «Elles craignent que leurs enfants ne soient pas pris en charge de manière individuelle.»

«Attaques injustes»

Le CPDSI, qui a bénéficié de 883 000 euros de subventions publiques en deux ans, a travaillé sur plusieurs fronts : recherche sur les méthodes de communication des jeunes radicalisés, suivi et accompagnement des familles, voire de leurs enfants, et formation des agents préfectoraux (pour plus d’informations, lire son rapport 2015). La structure a été critiquée sur plusieurs points. Certains lui reprochaient son approche tendant à faire de la radicalisation jihadiste une «dérive sectaire». Plusieurs enquêtes, dont celle de Libération, ont aussi montré que le CPDSI se confondait parfois avec la famille Bouzar. Deux filles de Dounia, Lylia et Laura, apparaissent dans son organigramme.

Le ministère de l’Intérieur, lui, n’a jamais retiré son soutien à l’association. «Dounia Bouzar a effectué un excellent travail et nous étions prêts à continuer avec elle, affirme-t-on place Beauvau. Elle nous a annoncé son choix d’arrêter à l’avance et en bonne intelligence. Elle ne nous laisse pas en rase campagne.» Lylia Bouzar, de son côté, reconnaît que le suivi des familles, un peu partout en France, par l’équipe mobile du CPDSI (sept salariés) avait pu «fatiguer» les troupes, tout comme certaines «attaques injustes». Sans oublier les menaces dont Dounia – qui vit sous protection policière –, a pu régulièrement faire l’objet.

La famille Bouzar ne compte pas pour autant couper les ponts avec le dossier. Le cabinet «Bouzar Expertises», créé en 2008, va reprendre une activité plus intense et se concentrer, désormais, sur des travaux de «recherche académique», notamment à propos de la «porosité entre le salafisme quiétiste et les discours radicaux». Quant aux pouvoirs publics, ils pourraient lancer un appel d’offres pour trouver de nouveaux intervenants. «Quand on a commencé à s’intéresser au problème il y a deux ans, il n’y avait que Dounia Bouzar, et nous lui en sommes reconnaissants. Aujourd’hui, les acteurs sont bien plus nombreux», note-t-on au ministère de l’Intérieur.

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Sylvain Mouillard

La Suède rejette la déchéance de nationalité proposée par l’extrême droite

Le Parlement suédois a repoussé ce mercredi une proposition de l’extrême droite pour déchoir de la nationalité suédoise tout personne condamnée pour un délit ou crime en lien avec le terrorisme. 

La proposition des Démocrates de Suède était un amendement à un projet de loi antiterroriste du gouvernement de gauche. Ce parti anti-immigration souhaitait introduire «la possibilité de retirer la nationalité suédoise à une personne condamnée pour un délit en lien avec le terrorisme (…) même si cela la rend apatride». Seuls les 45 députés de ce parti ont voté pour. Les autres parlementaires ont voté contre (236) ou se sont abstenus (16 députés du Parti de gauche).

Le vote est intervenu le même jour que celui en France de l’Assemblée nationale pour adopter un projet de révision constitutionnelle qui doit introduire cette possibilité.

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La déchéance de nationalité a provoqué depuis les attentats de novembre à Paris un débat passionné en France, qui n’a pas eu d’équivalent en Suède. Dans ce pays, on ne perd sa nationalité que si on a fait de fausses déclarations ou corrompu un fonctionnaire pour être naturalisé. Le projet de loi du gouvernement suédois a été adopté par tranches, parfois avec l’aide de l’opposition de centre-droit, parfois sans.

AFP

L’Assemblée nationale a voté l’article inscrivant l’état d’urgence dans la Constitution

L’Assemblée nationale a voté lundi soir l’article 1er du projet de révision constitutionnelle visant à inscrire dans la loi fondamentale le régime de l’état d’urgence, disposition contestée par certains écologistes et le Front de gauche, comme par certains députés de droite.

Ce premier volet du projet de loi constitutionnelle, qui prévoit que l’état d’urgence sera «décrété en Conseil des ministres» soit «en cas de péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre public», soit en cas de «calamité publique» (événements naturels), a été adopté par 103 voix contre 26, en présence notamment de Manuel Valls.

AFP

Rubio trébuche au débat

Gonflé par sa troisième place inespérée obtenue aux premiers caucus de l’Iowa le 1er février, Marco Rubio a subi un contrecoup inattendu samedi soir lors d’un débat télévisé où il s’est retrouvé dans les cordes face à ses adversaires du camp républicain. Attaqué par le gouverneur du New Jersey Chris Christie, le sénateur de Floride a manqué de répondant alors qu’il avait assuré avec une grande confiance en lui lors des précédentes joutes télévisées. Christie lui reprochait son inexpérience – il en est à son premier mandat de sénateur – et Rubio, novice au sourire charmeur, a répondu en répétant mécaniquement une formule toute faite sur Obama. Christie a ironisé sur ces «phrases de 25 secondes apprises par cœur» et accusé Rubio de ne pas être à la hauteur : «Il n’a tout simplement pas l’expérience», n’ayant jamais pris de «décision importante dans laquelle sa responsabilité était engagée». «Je vous avais dit qu’il ne serait pas prêt», a fanfaronné Christie.

A lire aussi: Marco Rubio prend son élan dans l’Iowa

Dimanche, Rubio, désormais dépeint par ses adversaires comme une sorte de robot répétant un message en boucle, a tenté de minimiser les dégâts commis. Mais la question est de savoir si ses moments d’hésitation vont lui coûter cher. La primaire qui s’annonce mardi dans le New Hampshire permettra de se faire une idée. Le milliardaire star de télé-réalité Donald Trump y part en grand favori selon les enquêtes d’opinion, espérant ainsi effacer sa défaite humiliante de l’Iowa, remportée par Ted Cruz. Rubio espère de son côté y consolider sa stature de candidat «modéré» qui, au contraire des extrémistes Cruz et Trump, pourrait rassembler les électeurs républicains de tous bords pour l’élection présidentielle du 8 novembre.

Sa contre-performance de samedi redonne espoir aux candidats dits de «l’establishment» – Christie, Jeb Bush et John Kasich, distancés dans l’Iowa. Rubio espère que si Bush et Kasich se prennent une nouvelle gifle mardi, ils seront tentés d’abandonner la course avant même la primaire suivante, prévue le 20 février en Caroline du Sud. Mais si le sénateur de Floride déçoit dans les urnes comme au débat, ses deux adversaires seront tentés de poursuivre leur effort. C’est pourquoi l’entourage de Rubio a sèchement attaqué ces trois gouverneurs : «Ils sont soit sous assistance respiratoire, soit ils n’en ont plus pour longtemps», a argumenté un de ses conseillers, Todd Harris, au New York Times.

Michel Henry

Après «Love» et «Antichrist», le dernier Tarantino dans le viseur de Promouvoir

Love, La Vie d’Adèle, Antichrist, et maintenant, Les Huit salopards. L’association Promouvoir, proche des catholiques traditionalistes, a annoncé samedi avoir fait un recours contre le visa d’exploitation du dernier film de Quentin Tarantino. La raison invoquée : l’interdiction aux moins de 12 ans n’est selon elle pas appropriée en raison de «scènes de très grande violence».

La Commission de classification des films du Centre national du cinéma (CNC) et la ministre de la culture «ont une fois encore gravement manqué à leur devoir et à leurs obligations légales en se bornant à interdire ce film aux seuls jeunes adolescents de moins de 12 ans, l’avertissement accompagnant le visa se contentant quant à lui de faire état de ce que « certaines scènes sont susceptibles de heurter la sensibilité du public jeune »», indique Promouvoir dans un communiqué.

Promouvoir estime que ce long-métrage, dont le visa d’exploitation a été accordé le 6 janvier, comporte «plusieurs scènes inadmissibles», notamment une «très longue séquence» racontant, «images à l’appui», une fellation imposée au fils d’un général sudiste fait prisonnier pour obtenir une couverture, après avoir été «contraint de marcher nu dans la neige et le froid des heures durant».

«Un film gravement choquant pour les jeunes adolescents»

«Naturellement, la couverture n’est pas donnée et le prisonnier est assassiné d’une balle une fois son « travail » terminé», ajoute l’association, qualifiant d’autres scènes «de pure violence extrême, complaisante et gratuite», citant entre autres, l’exemple d’une «tête éclatée avec cervelle explosant sur le visage de la sœur du personnage assassiné». «Bref un film gravement choquant pour les jeunes adolescents, dont toute la seconde partie est fondée sur cette violence (1h30 tout de même)», conclut l’association.

Ce recours intervient quelques jours après la décision de la cour administrative d’appel de Paris d’annuler le visa d’exploitation de Antichrist de Lars von Trier, dont l’interdiction aux moins de 16 ans devra être réexaminée, suite à une requête de cette même association. Promouvoir avait obtenu l’an passé que l’interdiction aux moins de 12 ans de La Vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche soit réexaminée. Elle avait en outre réussi à faire interdire  aux moins de 18 ans le film d’horreur Saw 3 D et Love de Gaspar Noé.

AFP