David Blatt et Steve Kerr, chassé-croisé sur les bancs de NBA

Le All Star Game a lieu dans moins de trois semaines et sa préparation illustre les trajectoires opposées des deux derniers finalistes, les Warriors et les Cavaliers. Les équipes de l’Ouest et de l’Est sont coachées par les entraîneurs des leaders des deux conférences au 31 janvier.

Pour l’instant, les Warriors et les Cavs. Or, le premier, Steve Kerr, qui jouait son premier match de la saison ce samedi, ne peut pas être sélectionné car il l’était déjà l’an dernier. La NBA réfléchit encore pour savoir si Luke Walton, entraîneur de Golden State par intérim depuis le début de la saison, peut être coach de l’Ouest. Sinon, ce sera Gregg Popovich, entraîneur des Spurs, deuxièmes. Chez les Cavs, David Blatt a été viré vendredi soir. C’est donc Tyronn Lue qui devrait être coach de l’Est. Une dizaine de rencontres pour se préparer au dernier All Star Game de Kobe Bryant ne sera pas de trop. Retour sur les ambiances opposées sur les bancs des leaders.

David Blatt ne pouvait lutter contre LeBron James

Les défaites contre les Spurs puis les Warriors, mardi, lors du Martin Luther King Day, ont donc été fatales à David Blatt, l’entraîneur des Cavs. Vendredi soir, le manager général de l’équipe, David Griffin, a convoqué son vestiaire pour une réunion extraordinaire. Vu les prestations de Kevin Love, certains pensaient plus à une annonce du départ de l’ancien joueur des Wolves, selon Brian Windhorst d’ESPN. Il n’en était rien : l’entraîneur américano-isréalien était la cible. D’après le célèbre journaliste sportif Peter Vecsey, David Blatt avait senti l’affaire et aurait confié la semaine dernière à des amis : «C’est moi ou Kevin Love.»

Un an et demi après son arrivée, Blatt plie donc bagage, avec un bilan plus que flatteur : en finale NBA pour sa première saison et le sixième meilleur bilan de victoires de l’histoire de la NBA (pour un minimun de 100 matchs). Même si nous notions sur Libération jeudi des problèmes tactiques et d’équilibre général dans l’équipe, la décision surprend, tant les problèmes chez les Cavs sont globaux et, surtout, relatifs : largement premiers à l’est, vice-champions, on est loin d’un bilan d’équipe en crise. «Je suis gêné pour la NBA que quelque chose comme cela arrive», a expliqué ce samedi Rick Carlisle, coach des Dallas Mavericks et président du syndicat des entraîneurs de la ligue, rappelant que David Blatt a tout gagné en Europe : l’Euro avec la Russie en 2007 et l’EuroLeague avec le Maccabi Tel Aviv en 2014.

Mais, afin d’anticiper ce que tout le monde sait et voit, David Griffin a expliqué que LeBron James a appris la nouvelle en même temps que tout le monde. Le «King» est le maître exécutif de la franchise, peut-être au même niveau que le propriétaire des Cavs, Dan Gilbert. Croire qu’il n’a pas été au courant de ce licenciement avant son officialisation relève du mensonge éhonté. Ou d’une interprétation des faits. L’été dernier, LeBron James avait poussé pour le départ de David Blatt au profit de Tyrionn Lue. Ce dernier, dont on savait qu’il était le vrai référent du King sur le banc, a justement été nommé coach à la place de Blatt, et pas seulement par intérim. LeBron James a donc obtenu ce qu’il voulait, qu’il l’ait demandé encore une fois vendredi ou non, comme il a obtenu la signature de Kevin Love et le départ d’Andrew Wiggins ainsi que le retour de Mo Williams et la reconduction du contrat de Tristan Thompson. Si les Cavs ne sont pas champions, qui d’autre que lui pourra-t-il blâmer ?

Steve Kerr, atterrissage sans turbulences

De l’autre côté des Etats-Unis, autre ambiance. Dans le match Golden State Warriors-Indiana Pacers, c’est à un retour sur le banc, avec le sourire, auquel on a eu droit. Steve Kerr, entraîneur des Golden State Warriors lui aussi depuis l’an dernier, n’était plus apparu dans l’Oracle Arena depuis juin, lors des finales NBA. La faute à de gros soucis de santé. Luke Walton avait assuré l’intérim. Et de la plus belle des manières, puisqu’il a battu le record du meilleur départ en NBA (24 victoires pour aucune défaite) et termine sa session avec un 40-4. «Luke a fait un travail phénoménal, expliquait Draymond Green avant la rencontre de ce samedi.  Il a tenu la barraque et c’est super pour lui d’avoir eu cette opportunité. Maintenant, j’ai juste à profiter de ces quatre prochains mois et demi avec lui car je sais que tous les managers généraux de NBA vont frapper à sa porte à la fin de la saison.»

Avec la même sérénité qui accompagnait sa démarche et son visage l’an dernier, Steve Kerr s’est donc de nouveau posé sur le banc des champions en titre, leaders incontestés de la NBA. «C’était dur, a expliqué Steve Kerr, revenant sur les épreuves qu’il a endurées. Un moment difficile à vivre. Mais c’est la vie. Une minute, vous tenez un trophée et la minute d’après, vous êtes à l’hôpital. Tout le monde peut vivre des expériences comme celle-là. Peu importe votre travail, vous avez des hauts et des bas avec votre santé, de grandes joies et de grandes peines aussi. Cela fait partie de la vie et vous avez juste à vous battre pour revenir là où vous vouliez être. C’est ce que je viens de vivre aujourd’hui.»  Et, face aux Pacers, Stephen Curry lui a offert le match de rêve pour son retour. 39 points et encore 8 paniers à trois points (record de l’histoire en NBA déjà battu à mi-saison), dont un panier de son camp au buzzer du 2quart-temps. Au buzzer du 1er quart-temps, il en avait inscrit un d’encore plus loin, mais une seconde trop tard.

 

Steve Kerr s’est rappelé de matchs vus pendant sa convalescence et de moments où les Warriors étaient en difficulté avec leurs offensives : «Je pensais “temps mort” et alors Steph a juste dribblé et mis un trois points. Luke [Walton] et moi parlions de cela après : “As-tu appelé un temps mort ou pas ?” Avec la plupart des équipes, tu en appelles un de vingt secondes quand tu galères avec tes attaques. Mais, avec nous, des fois, notre meilleure attaque se résume à donner la balle à Steph et faire un écran sur la ligne des trois points ou bien pour qu’il parte en pénétration et qu’il tire. Nous avons l’air de marquer souvent quand on se dit “Oublie le temps mort”.» Et le souvenir de sa réaction après l’un des plus beaux paniers de l’an dernier du MVP 2015 resurgit. Mardi, les Warriors accueillent les Spurs. Le choc entre les deux principaux favoris au sacre final. Un duel tactique entre Gregg Popovich et Steve Kerr, entre deux visions du basket-ball.

Damien Dole