Une semaine après Marine Le Pen, un nouveau cadre du Front national a été placé sous le statut de témoin assisté dans le cadre de l’affaire Jeanne : le maire d’Hénin-Beaumont et vice-président du parti, Steeve Briois. Intermédiaire entre celui de simple «témoin» et de «mis en examen», ce statut peut, selon le code de procédure pénale, viser tout personne «contre laquelle il existe des indices rendant vraisemblable qu’elle ait pu participer, comme auteur ou complice, à la commission des infractions».
Selon l’AFP, cette dernière audition a clos les investigations des juges d’instruction Renaud Van Ruymbeke et Aude Buresi. S’ouvre désormais un délai durant lequel les mis en examen peuvent demander de nouveaux actes d’enquête, avant que le parquet de Paris prenne ses réquisitions puis que les juges d’instruction décident ou non d’un renvoi en procès. Le FN a d’ores et déjà saisi la cour d’appel pour faire annuler une partie de la procédure. Au total, celle-ci a entraîné dix mises en examen, dont celles d’un vice-président et du trésorier du FN, ainsi que celle du Front national – pour «recel d’abus de biens sociaux» et «complicité d’escroqueries».
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Les juges ont ouvert une information judiciaire en avril 2014. Ils suspectent le microparti Jeanne, lié à Marine Le Pen, d’être au cœur d’un système de financement frauduleux, impliquant du matériel de campagne conçu par la société Riwal, et dont l’achat était très fortement recommandé par le FN à ses candidats. Les juges envisagent que le prix de ces kits ait pu être surévalué. Les candidats frontistes pouvaient ensuite souscrire un prêt auprès de Jeanne pour les acheter.
Si ces soupçons se vérifiaient, le dindon de la farce serait l’Etat, qui rembourse les dépenses électorales avec de l’argent public. Les juges soupçonnent également ces partis d’avoir été illégalement financés par Riwal via des aides financières ou en nature, comme la mise à disposition gratuite de locaux ou d’employés ou des facilités de paiement. Des accusations dont se défend le FN, qui dénonce une «persécution judiciaire» à son endroit.
Dominique Albertini (avec AFP)