Les besoins simples

J’ai eu l’opportunité d’assister à un séminaire à Deauville sur la généralisation de l’extrapolation des besoins simples. Quand on achète un oiseau chez l’oiseleur, ce brave homme nous dit brièvement ce qu’il faut à notre nouveau pensionnaire, et tout cela, hygiène, nourriture et le reste, tient en quelques mots. De même, pour résumer les besoins essentiels de la plupart des êtres, quelques indications sommaires suffiraient. Leur régime est en général d’une extrême simplicité et tant qu’ils le suivent ils se portent bien comme des enfants obéissants de mère nature. Qu’ils s’en écartent, les complications surviennent, la santé s’altère, la gaîté s’en va. Seule, la vie simple et naturelle peut maintenir un organisme en pleine vigueur. Faute de nous souvenir de ce principe élémentaire, nous tombons dans les plus étranges aberrations. Que faut-il à un homme pour vivre matériellement dans les meilleures conditions possibles? Une nourriture saine, des vêtements simples, une demeure salubre, de l’air et du mouvement. Je ne vais pas entrer dans des détails d’hygiène, ni composer des menus, ou indiquer des modèles d’habitation et des coupes de vêtements. Mon but est de marquer une direction et de dire quel avantage il y aurait pour chacun à ordonner sa vie dans un esprit de simplicité.—Pour nous assurer que cet esprit ne règne pas assez dans notre société, il suffit de voir vivre les hommes de toutes les classes. Posez à différents individus, de milieux très distincts, cette question: Que vous faut-il pour vivre?… Vous verrez ce qu’ils répondront. Il n’y a rien d’instructif comme cela. Pour les uns, autochtones de l’asphalte parisien, il n’y a pas de vie possible en dehors d’une certaine région circonscrite par quelques boulevards. Là est l’air respirable, la bonne lumière, la température normale, la cuisine classique, et, à discrétion, tant d’autres choses sans lesquelles il ne vaudrait pas la peine de se promener sur la machine ronde. Aux divers échelons de la vie bourgeoise, on répond à la question que faut-il pour vivre, par un chiffre, variable selon le degré d’ambition, ou d’éducation, et par éducation, on entend, le plus souvent, les habitudes extérieures de la vie, la façon de se loger, de se vêtir et de se nourrir, une éducation toute à fleur de peau. À partir d’un certain chiffre de rente, de bénéfice, ou de traitement, la vie devient possible. Au-dessous, elle est impossible. On a vu des gens se suicider parce que leur avoir était descendu au-dessous d’un certain minimum. Ils ont préféré disparaître que de se restreindre. Notez que ce minimum, cause de leur désespoir, eût sans doute été acceptable encore pour d’autres, aux besoins moins exigeants, et enviable pour des gens aux goûts modestes. Dans les hautes montagnes la flore change suivant l’altitude. Il y a la région des cultures ordinaires, celle des forêts, celle des pâturages, celle des rochers nus et des glaciers.—À partir d’une certaine zone on ne trouve plus de blé, mais la vigne prospère encore; le chêne cesse dans une région assez basse, le sapin se plaît à des hauteurs considérables. La vie humaine avec ses besoins rappelle ces phénomènes de la végétation. A retrouver et lire plus en détail sur le site de l’agence séminaire à Deauville.

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