La chasse aux grands animaux protégés est un passe-temps réservé aux super-riches, souvent Occidentaux en mal de sensations fortes. On se souvient de Walter Palmer, un dentiste du Minnesota qui avait massacré l’un des plus célèbres lions du Zimbabwe, Cecil, en juillet 2015, contre un chèque de 55 000 dollars. Comme lui, les fils du milliardaire candidat républicain à la Maison blanche, Donald Trump, braconnent en Afrique depuis de nombreuses années. Mais alors que l’action de Walter Palmer avait ému le monde entier, le passe-temps morbide d’Eric et Donald Junior Trump ne semble pas choquer outre mesure (malgré une pétition), en pleine primaire américaine. «Pas sûr que [l’information] défrise l’Américain moyen du middle west, pro armes à feu et pas vraiment concerné par ce qui se passe à l’autre bout de la planète. En fait, pas sûr que ça change quoi que ce soit dans la campagne à l’investiture républicaine aux Etats-Unis», se désole le quotidien régional Sud Ouest, qui relate samedi les «exploits» des bambins Trump : ici un léopard fraîchement abattu, là un crocodile pendu, une queue d’éléphant, un blaireau, parfois deux, et autres joyeusetés qui excitent sans doute les fans de chasse. «Mes fils aiment chasser. Ils sont membres de la NRA [la National rifle association, puissant lobby des armes à feu aux Etats-Unis, ndlr], très fièrement. Je suis un grand croyant dans le deuxième amendement», aurait récemment justifié papa Trump, comme si le droit de porter des armes à feu dans son pays autorisait le pékin à s’en servir contre des animaux dans un autre. En décembre 2015, les Etats-Unis avaient classé les lions d’Afrique et d’Inde parmi les espèces animales «en danger», notant un déclin spectaculaire de ces grands félins, dont il ne resterait que 20 000 spécimens dans le monde. Malheureusement, les riches clients de ces chasses (encadrées) très lucratives pour leurs organisateurs, sont très peu souvent poursuivis par les Etats elles ont lieu. Comme il ne «savait pas» qu’il était en infraction, et parce qu’il disposait des «bons papiers» pour chasser Cecil, Walter Palmer n’a finalement jamais été inquiété, et peu de chance que ce soit le cas pour les fils Trump.
Tristan Berteloot