Au lendemain de la mise en examen de Nicolas Sarkozy pour «financement illégal de la campagne», les réactions ont été unanimes à droite : il s’agit d’une «forme d’acharnement» à l’encontre de l’ancien chef de l’Etat.
A l’exception de Gérard Larcher, toutefois précédé par l’avocat de Nicolas Sarkozy au micro d’Europe 1, c’est la garde rapprochée du chef de file du parti Les républicains qui a été envoyée ce mercredi matin au-devant des médias. Eric Ciotti, Brice Hortefeux et Henri Guaino ont – à raison – appelé à la prudence et au respect de la présomption d’innocence de l’ex-président de la République tout en tentant – plus ou moins habilement – de minimiser la portée de ses affaires judiciaires.
Suite logique
Pour Brice Hortefeux, invité de Guillaume Durand sur Radio Classique, l’audition de Nicolas Sarkozy n’est ainsi pas une surprise. A en croire l’actuel député européen, celle-ci «s’inscrivait dans une suite logique, prévisible, sur une affaire qu’on a appelée à juste titre l’affaire Bygmalion».
Occultant la mise en examen pour financement illégal de la campagne présidentielle de 2012, il prend la défense de Nicolas Sarkozy sur le cas Bygmalion : «Il l’a dit, il l’a écrit, il a répété qu’il n’avait aucun lien avec [la société Bygmalion]. Et finalement, aujourd’hui, l’élément important, c’est que c’est précisément ce que le magistrat a reconnu clairement. […] Cette décision est, bien sûr, très forte, puisqu’elle confirme la véracité de ce qu’a toujours dit Nicolas Sarkozy.»
Relancé par son intervieweur sur les déclarations de Jérôme Lavrilleux (directeur adjoint de la campagne de 2012), l’ancien ministre de l’Intérieur parle d’«extrapolation» et ajoute que Nicolas Sarkozy, en sa qualité de candidat à la présidentielle, ne pouvait avoir conscience de ces dépassements budgétaires, arguant que «les comptabilités désormais, dans notre pays, sont d’une complexité…»
(A partir de 0’40 » sur la vidéo)
Dénonçant un acharnement, Brice Hortefeux poursuit en affirmant que «ce qui est sûr, c’est que jamais – à ma connaissance – la situation d’un homme public n’a été autant disséquée, décortiquée, passée au microscope».
Une ligne de défense reprise par Eric Citotti, qui note «une forme d’acharnement sur Nicolas Sarkozy. Qui, sous la Ve République, a été autant suivi, ausculté ? Rien n’aura été épargné à Nicolas Sarkozy. Jusqu’à maintenant, chaque fois qu’il y a eu des accusations – Bettencourt, amendes de l’UMP –, chaque fois ça a débouché sur un non-lieu.» Fervent partisan du prédécesseur de François Hollande, le député LR des Alpes-Maritimes avance même l’hypothèse d’une «forme de compétition pour qui ferait tomber Nicolas Sarkozy, y compris dans la justice» ; postulat auquel il répond immédiatement en affirmant que l’on peut avoir «peut-être un peu ce sentiment qu’il y a une conjugaison de tous ceux qui voient en Nicolas Sarkozy un obstacle». Et d’ajouter : «Pour Nicolas Sarkozy, il n’y a pas eu les pudeurs ou les réserves qu’il y a eu pour d’autres.»
(A partir de 1’12 » sur la vidéo)
Sur le plateau de BFMTV, l’ancien conseiller spécial Henri Guaino a, lui aussi, émis des doutes à propos du système judiciaire : «Dans cette affaire, je voudrais juste être sûr qu’il s’agit bien de justice, et pas de politique, d’acharnement ou de lynchage.»
Montants mirobolants
S’il ajoute que «pour le reste, l’enquête le dira», Henri Guaino se pose néanmoins la question des montants mirobolants de dépassement de budget évoqués pour la campagne. Tout en veillant soigneusement à épargner Nicolas Sarkozy. «Honnêtement, j’aimerais savoir où est passé l’argent. Quand même une campagne de 40 ou 50 millions… Ça me paraît énorme pour penser que ça n’est allé dans la poche de personne mais, voilà, je n’en sais pas plus.»
Plus modéré, le président du Sénat, Gérard Larcher, a également «eu le sentiment qu’on condamnait» Nicolas Sarkozy. Celui qui sera également arbitre de la primaire au sein du parti Les Républicains a confirmé sur Europe 1 que, si l’ancien chef de l’Etat envisageait de se présenter à ce scrutin interne, il restait «qualifié, comme d’autres, pour s’y présenter».
Un souhait partagé par Eric Ciotti et Brice Hortefeux, qui «pense qu’il devrait être candidat. […] Nous avons besoin d’hommes qui aient à la fois la légitimité de Nicolas Sarkozy – puisqu’il a été élu chef de l’opposition -, la crédibilité et l’autorité.»
Sylvain Moreau