Gonflé par sa troisième place inespérée obtenue aux premiers caucus de l’Iowa le 1er février, Marco Rubio a subi un contrecoup inattendu samedi soir lors d’un débat télévisé où il s’est retrouvé dans les cordes face à ses adversaires du camp républicain. Attaqué par le gouverneur du New Jersey Chris Christie, le sénateur de Floride a manqué de répondant alors qu’il avait assuré avec une grande confiance en lui lors des précédentes joutes télévisées. Christie lui reprochait son inexpérience – il en est à son premier mandat de sénateur – et Rubio, novice au sourire charmeur, a répondu en répétant mécaniquement une formule toute faite sur Obama. Christie a ironisé sur ces «phrases de 25 secondes apprises par cœur» et accusé Rubio de ne pas être à la hauteur : «Il n’a tout simplement pas l’expérience», n’ayant jamais pris de «décision importante dans laquelle sa responsabilité était engagée». «Je vous avais dit qu’il ne serait pas prêt», a fanfaronné Christie.
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Dimanche, Rubio, désormais dépeint par ses adversaires comme une sorte de robot répétant un message en boucle, a tenté de minimiser les dégâts commis. Mais la question est de savoir si ses moments d’hésitation vont lui coûter cher. La primaire qui s’annonce mardi dans le New Hampshire permettra de se faire une idée. Le milliardaire star de télé-réalité Donald Trump y part en grand favori selon les enquêtes d’opinion, espérant ainsi effacer sa défaite humiliante de l’Iowa, remportée par Ted Cruz. Rubio espère de son côté y consolider sa stature de candidat «modéré» qui, au contraire des extrémistes Cruz et Trump, pourrait rassembler les électeurs républicains de tous bords pour l’élection présidentielle du 8 novembre.
Sa contre-performance de samedi redonne espoir aux candidats dits de «l’establishment» – Christie, Jeb Bush et John Kasich, distancés dans l’Iowa. Rubio espère que si Bush et Kasich se prennent une nouvelle gifle mardi, ils seront tentés d’abandonner la course avant même la primaire suivante, prévue le 20 février en Caroline du Sud. Mais si le sénateur de Floride déçoit dans les urnes comme au débat, ses deux adversaires seront tentés de poursuivre leur effort. C’est pourquoi l’entourage de Rubio a sèchement attaqué ces trois gouverneurs : «Ils sont soit sous assistance respiratoire, soit ils n’en ont plus pour longtemps», a argumenté un de ses conseillers, Todd Harris, au New York Times.
Michel Henry