Le tigre de Sumatra : une proie

Le braconnage du tigre de Sumatra trouve son origine dans la demande dans les pays tels que la Corée, Taïwan, la Malaisie et la Chine, où les produits dérivés du tigre entrent dans la fabrication de médicaments traditionnels, de mets raffinés prisés et de décorations. Selon les renseignements disponibles, le commerce international s’effectue via Singapour et la Malaisie avant que les marchandises n’atteignent leur destination finale. Notons qu’à côté des flux internationaux, le marché intérieur de Sumatra est lui aussi développé, comme le prouvent les ventes réalisées par les canaux en ligne. Si le braconnage et le commerce conservent leur niveau actuel, le tigre de Sumatra pourrait très bien disparaître à l’état sauvage, mettant du même coup en péril des habitats et des services écosystémiques essentiels. Les habitats du tigre empiètent très largement sur des zones rendant des services écosystémiques importants aux communautés locales. En effet, forêts et tourbières séquestrent le carbone et retiennent les sédiments sur les versants montagneux. Le Parc national de Gunung Leuser, qui s’étend sur le tiers environ de la surface du site du Patrimoine mondial, fournit des services écosystémiques valorisés à hauteur de plus de 600 millions d’US$ par an, stocke plus de 1,6 milliard de tonnes de carbone et approvisionne 4 millions de personnes en eau. Si les tigres disparaissent de Sumatra, l’incitation à en protéger les forêts diminuera, et le risque de déforestation massive s’en trouvera aggravé. À côté de cela, l’extinction du tigre de Sumatra représenterait également une tragédie culturelle et écologique. Les efforts accrus des autorités indonésiennes doivent être poursuivis pour sauvegarder le tigre de Sumatra et les autres espèces menacées sur le site du Patrimoine mondial. Les mesures de conservation ont été intensifiées, et les unités de gardes forestiers recourent dorénavant à des systèmes de patrouille SMART (acronyme anglais signifiant « outil de suivi spatial et de reporting). Parallèlement, les équipes chargées de lutter contre la criminalité liée aux espèces sauvages ont fait des progrès dans l’identification des braconniers et des négociants et dans la lutte contre le commerce illégal d’espèces sauvages à l’intérieur et en dehors des paysages du tigre. Rien qu’en 2016, cinq cas de braconnage ont donné lieu à des poursuites judiciaires dans le centre de Sumatra et abouti à des condamnations avoisinant la peine maximale prévue, soit cinq ans d’emprisonnement. Pour autant, ces actions n’empêchent pas les tigres et d’autres espèces menacées de rester exposés à de graves dangers dans les forêts tropicales de Sumatra.