Toujours englué dans le « Penelopegate » et en nette baisse dans les sondages, François Fillon a déjeuné à sa demande mercredi avec Nicolas Sarkozy, à la recherche du soutien de l’ex-homme fort du parti Les Républicains pour calmer la fronde dans son camp.
Après ce déjeuner, le candidat de la droite à la présidentielle, qui a du mal à faire campagne en raison des accusations d’emplois fictifs visant sa femme et ses enfants, a tenté d’allumer un contre-feu en reprenant à son compte une proposition-choc de l’ex-président : l’abaissement de la majorité pénale à 16 ans.
« Quand on a 16 ou 17 ans, qu’on attaque un policier, on doit savoir qu’on finira en prison », a-t-il déclaré à la presse en arrivant à Compiègne, aux côtés des sarkozyste Eric Ciotti et Eric Woerth.
« Le programme #Fillon : Majorité pénale à 16 ans pour tous , Impunité Pénale pour lui-même », a raillé le président des députés PS à l’Assemblée, Olivier Faure, sur Twitter.
Le déjeuner avec M. Sarkozy, dans les locaux parisiens de l’ex-chef de l’Etat, s’est « très bien déroulé, dans une ambiance chaleureuse », a assuré l’entourage du candidat, en ajoutant qu’il avait eu son autre rival de la primaire, Alain Juppé, mercredi matin au téléphone.
Ironie de l’histoire, François Fillon avait fait de la critique des déboires judiciaires de l’ancien chef de l’Etat un axe de sa campagne à la primaire : « Imagine-t-on le général De Gaulle mis en examen ? », avait-il lancé.
Dans l’Oise, il a aussi évoqué une tribune publiée mercredi dans Libération mettant en cause le racisme de certains policiers. « Le ministre de l’Intérieur devrait porter plainte », a-t-il dit.
‘Quelque chose en échange’
Selon un élu LR, le déjeuner Fillon-Sarkozy a pu être l’occasion d’un marchandage : « En toute logique, Sarkozy demande quelque chose en échange : Matignon pour François Baroin ». D’autres élus LR interrogés par l’AFP évoquent également « un plan B comme Baroin ».
Mais l’entourage de l’ex-chef de l’Etat a démenti toute idée de marchandage : « Nicolas Sarkozy a redit à François Fillon la nécessité de s’entourer des talents de sa famille politique », citant les élus sarkozystes François Baroin, Laurent Wauquiez, Christian Jacob, Eric Woerth…
« Fillon a besoin de Sarkozy pour trois raisons », a résumé à l’AFP un élu LR : l’ex-chef de l’Etat peut calmer les « frondeurs », il jouit toujours d’une « grande popularité chez les militants LR », et il a totalisé près d’un million de voix au premier tour de la primaire « dont Fillon ne peut pas se passer ».
Et l’idée d’un plan B « ça coince chez les fillonistes », dit l’un d’entre eux.
« D’abord, parce qu’ils considèrent que ce sont Sarkozy et Baroin précisément qui ont réclamé un plan B pour remplacer Fillon comme candidat lorsque le Penelopegate a débuté. Ensuite, ils arguent que Sarkozy n’a fini que 3e à la primaire, derrière Fillon et Juppé, et qu’enfin, il existe des divergences entre eux ».
Hasard ou pas, le sénateur-maire LR de Troyes a rencontré M. Sarkozy en fin d’après-midi.
A 69 jours du premier tour, il est en position périlleuse. Selon les sondages, il n’arriverait que troisième au premier tour derrière Marine Le Pen, la présidente du FN, et Emmanuel Macron, et serait donc exclu du second tour.
Il a profité d’un meeting à Compiègne, devant environ 4.000 personnes, pour cibler particulièrement l’ex-ministre de l’Economie, jugeant « indignes » ses propos sur « la colonisation, un crime contre l’humanité ». Macron, c’est « la gauche paillettes », « la gauche branchée », celle « des mots doux qui cajolent, des +mots bleus qu’on dit avec les yeux+ », s’est-il gaussé.
A l’extérieur de la salle de spectacle dans laquelle se tenait la réunion,une quarantaine de personnes ont manifesté en tapant sur des casseroles et en agitant des pancartes sur lesquelles était notamment écrit « Fillon en prison ».
Sa cote de popularité a également chuté : 19 points en un mois, à 26% de Français ayant désormais une bonne opinion de lui.
Autre souci pour le candidat : la fronde d’une vingtaine de députés sarkozystes dénonçant « l’impossibilité » pour eux de faire campagne en raison de ses ennuis judiciaires. L’un d’eux, George Fenech, a de nouveau exprimé ses craintes mercredi en dénonçant un « bal des hypocrites » d’une majorité de parlementaires de droite, qui n’osent pas « dire la vérité » au candidat Fillon.
15/02/2017 23 :58 :48 – Paris (AFP) – © 2017 AFP