En Allemagne, la chasse à l’homme est terminée. La police allemande a mis la main lundi sur un réfugié syrien soupçonné de préparer un attentat pour le compte du groupe djihadiste Daech, arrestation opérée grâce à trois Syriens qui l’ont dénoncé à la police. Cette affaire a relancé le débat sur un contrôle accru des demandeurs d’asile arrivés par centaines de milliers en Allemagne. Mais les conditions de son interpellation à Leipzig (est) ont aussi donné des arguments à ceux qui refusent de voir en tout réfugié une menace potentielle.
Les autorités ont en effet dévoilé que Jaber Albakr, 22 ans, arrivé comme demandeur d’asile en février 2015, avait été maîtrisé et dénoncé par un groupe de Syriens à Leipzig dans la nuit de dimanche à lundi. « La police a reçu un renseignement indiquant que des compatriotes du suspect le retenaient dans un appartement », a indiqué la police. Le suspect, après avoir échappé de justesse à la police venu l’arrêter samedi matin à Chemnitz après une mise en garde du renseignement intérieur allemand, avait réussi à se rendre dans la ville voisine de Leipzig. Là, aux abois, il avait demandé à un Syrien rencontré dans la gare s’il pouvait l’héberger. Ce n’est que dimanche soir, lorsque l’avis de recherche des autorités a été publié en arabe sur Internet, que le Syrien a compris qui il abritait. Avec l’aide de deux compatriotes qui vivent avec lui, ils l’ont alors ligoté et l’un d’eux l’a dénoncé dans un commissariat.
1,5 kg d’explosifs
La chancelière Angela Merkel a exprimé lundi sa « gratitude à l’égard du Syrien qui a informé la police sur la présence du suspect et apporté ainsi une contribution décisive à son arrestation ». Jaber Albakr « est soupçonné d’avoir planifié et concrètement préparé un attentat islamiste en Allemagne », a précisé le parquet antiterroriste, soulignant que 1,5 kg d’explosif avaient été retrouvés dans son logement de Chemnitz. Une cible précise n’a pu à ce stade être identifiée.
« L’explosif, qui devait probablement prendre la forme d’une ceinture d’explosifs dissimulée dans une veste, était presque prêt à l’emploi, voire prêt à l’emploi », a souligné un responsable de la police, Jörg Michaelis. Et selon le chef de la police de la région de Saxe, Jörg Michaelis, « le mode opératoire et le comportement suspect laissent penser pour le moment qu’on se trouve dans le contexte de Daech ».
Éviter les amalgames
La substance utilisée est du TATP, prisé de Daech, qui peut être fabriqué avec des produits disponibles dans le commerce. Il a été utilisé notamment lors des attentats de Paris en novembre 2015 et de Bruxelles en mars dernier. Un Syrien de 33 ans, complice présumé de Jaber Albakr, locataire en titre de l’appartement de Chemnitz et présenté comme Khalil A., est, lui, suspecté d’avoir commandé les produits sur Internet et avoir mis son logement à disposition. Il avait été arrêté au cours du week-end. Cette affaire « montre que des faits comme ceux qui se sont déroulés en France ou en Belgique, ne sont pas exclus en Allemagne », a réagi le ministre fédéral de l’Intérieur, Thomas de Maizière, soulignant que le pays « restait visé par le terrorisme international ».
Des voix se sont élevées lundi pour réclamer un contrôle renforcé des réfugiés, dont un nombre record (890 000) est arrivé l’an dernier dans le cadre de la politique d’ouverture d’Angela Merkel. « Les services de renseignements extérieurs et intérieurs doivent être davantage impliqués dans les interrogatoires et les vérifications des migrants », a déclaré un membre de la famille politique conservatrice de la chancelière, Stephan Mayer. Toutefois, un dirigeant du syndicat de policier BDK, Sebastian Fiedler, a souligné que l’arrestation du suspect par d’autres Syriens devait précisément conduire à éviter les amalgames contre les migrants. « C’est un signal très positif qui montre que tous ne doivent pas être soupçonnés », a-t-il estimé.
L’Allemagne a connu en juillet deux attentats commis par des réfugiés et revendiqués par Daech. Et plusieurs autres ont été déjoués ces derniers mois.