L’atterrissage, en douceur, prévu pour le compagnon de Mazarine Pingeot, ne se passe pas comme prévu. En effet, l’ancien coordonnateur national du renseignement, poussé par le président de la République François Hollande, était censé avoir trouvé un point de chute : la 9e circonscription des Français de l’étranger, détenue par le député Pouria Amirshahi, en rupture avec Solférino.
Tout devait aller comme sur des roulettes : gel de la circonscription et désignation du candidat du président en décembre. C’était sans compter sur la résistance des militants socialistes locaux remontés comme des pendules contre toute forme de parachutage.
Le 24 septembre, l’ensemble des secrétaires de section PS du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest étaient réunis pour trois jours de travail à Dakar. Au programme notamment : la désignation du candidat pour les élections législatives de leur circonscription. Les militants ont obtenu un vote de désignation. « C’est moi qui l’ai demandé, je ne souhaitais pas être désigné d’en-haut comme ce fut le cas pour mon prédécesseur », se défend Didier Le Bret. Si les militants locaux ne connaissaient pas forcément le pedigree de l’ex-collaborateur du chef de l’État, ses concurrents ne se sont pas gênés pour le leur rappeler… Le diplomate a été dans un passé très récent directeur de cabinet de Jean-Marie Bockel puis d’Alain Joyandet sous la présidence Sarkozy…
Au moins trois années d’ancienneté
D’ailleurs, légalement, la question se pose de son adhésion au Parti socialiste car, selon les règles du PS, un militant ne peut se présenter à une élection qu’après trois années d’ancienneté. Didier Lebret a pris sa carte il y a six mois, selon les uns, « près d’un an et demi, selon lui. Ce n’est pas d’une grande importance. Je suis de gauche, il n’y a aucun doute. Le drame des primaires, c’est que les professionnels de la politique tentent tout pour empêcher le renouvellement », explique Didier Le Bret.
Il se sussure que Jean-Christophe Cambadélis saura lui trouver une astuce pour pouvoir se présenter. En effet, à titre exceptionnel, une dérogation est possible grâce à un vote du bureau national… où siègent une grande partie des frondeurs. Encore une grande soirée de débat interne !
« À Dakar, cela s’est très bien passé au contraire pour moi. Les militants étaient ravis qu’on fasse campagne et que le candidat ne soit pas désigné d’en-haut. Je ne me suis pas caché d’avoir été logé chez l’ambassadeur. C’était pour des raisons de sécurité, étant donné mes anciennes fonctions dans l’antiterrorisme », rétorque Le Bret, 53 ans. « On essaie de me faire passer pour un enfant gâté de la politique. Je ne dois rien à personne, je suis issu d’un milieu modeste et j’ai passé des concours difficiles… Contrairement aux politiciens professionnels, je ne joue pas ma peau sur cette élection. J’ai le soutien du président de la République et du Parti socialiste. »
La droite, par la voix de son représentant local Erwan Davoux, s’était étranglée en apprenant que Didier Lebret comptait rester à son poste et faire campagne jusqu’en novembre 2016. En gros, faire campagne aux frais du Château. En demandant sa démission, qu’elle a obtenue très rapidement en août, la droite ne se doutait pas que le compagnon de Mazarine Pingeot bénéficiait des largesses des ambassades lors de ses déplacements dans la circonscription. En effet, à Dakar, en tant que simple militant du Parti socialiste, M. Lebret a pu être hébergé chez l’ambassadeur de France au Sénégal… Alors que le Premier ministre, Manuel Valls, de passage le même week-end, était, lui, logé à l’hôtel.