L’ex-ministre du Budget Jérôme Cahuzac a déclaré lundi que son premier compte ouvert en Suisse en 1992 était destiné « au financement d’activités politiques » au profit de l’ex-Premier ministre socialiste Michel Rocard.
« J’ai demandé à Philippe Péninque d’ouvrir un compte en Suisse en 1992 (…). Ce compte, c’est du financement d’activités politiques pour un homme dont j’espérais qu’il aurait un destin politique national », a révélé le ministre déchu au premier jour de son procès pour fraude fiscale, précisant qu’il s’agissait d’un financement pour Michel Rocard.
« Je suis certain que Michel Rocard ignorait tout » de ce financement occulte, a-t-il ajouté, refusant de donner le nom de ses interlocuteurs au sein de l’équipe de l’ancien Premier ministre. Michel Rocard est décédé le 2 juillet dernier à l’âge de 85 ans.
En mai 1991, Jérôme Cahuzac venait de quitter le cabinet du ministre de la Santé Claude Evin. Il débute alors ses activités de chirurgien esthétique tout en menant des activités de conseil et en s’engageant politiquement « auprès de l’équipe Rocard ».
Cet argent devait « servir à financer » la campagne législative de 1993, « on espérait que Rocard se présenterait » à la présidentielle de 1995. « Une seule personne était au courant » de l’existence de ce compte. « Ce courant rocardien, c’était un bazar dont vous n’avez pas idée. Une agitation créatrice permanente », a dit Jérôme Cahuzac.
A l’époque, le financement des partis politiques avait commencé à être régulé en France. « Il m’est dit que la seule façon d’aider ne peut être que de façon occulte et parallèle. Il m’est dit: pourquoi pas, mais pas en France. J’avais compris. Je vais voir certains responsables de laboratoires » pour solliciter des financements, « certains refusent, certains acceptent », a raconté l’ancien ministre.
Jérôme Cahuzac a précisé que « deux versements des laboratoires Pfizer » avaient été effectués en 1993 sur ce compte ouvert en Suisse par l’avocat Philippe Péninque, proche de l’extrême droite et rencontré via la famille de son épouse Patricia. « L’argent ne pouvait pas venir des comptes officiels du laboratoire », a-t-il ajouté.
Après la révélation de l’affaire en 2013, a demandé le président, vous avez été en contact avec Michel Rocard? « Non, je n’ai eu de contacts avec personne. Je n’allais pas vers les gens, pour ne pas les gêner. Ce (lundi) matin, j’ai eu des SMS d’un certain nombre d’entre eux, mais c’est sans intérêt pour l’affaire. »
L’ancien pourfendeur de la fraude fiscale, entré en 2012 au gouvernement après l’élection de François Hollande pour redresser les comptes publics, reconnaît que le second compte, ouvert en 1993 en son nom propre à UBS, avait servi en 2000 et 2001 à recueillir « le fruit de (son) travail » de chirurgien à l’étranger.
05/09/2016 19:16:44 – Paris (AFP) – © 2016 AFP