Le Parti des travailleurs (PT, gauche) de Dilma Rousseff a réclamé vendredi des élections anticipées au Brésil, deux jours après la destitution controversée de la présidente, qui retourne vivre à Porto Alegre (sud).
« Nous allons continuer de dénoncer le coup d’Etat. Face à un gouvernement usurpateur, nous pensons que l’unique manière de rétablir la démocratie est à travers le vote populaire », déclaré lors d’une conférence de presse à Sao Paulo le président du PT, Rui Falcao.
« Nous devons continuer à défendre les valeurs et les droits sociaux, du travail, économiques qui ont été conquis », a-t-il ajouté, alors que la destitution de Mme Rousseff mercredi a mis fin à 13 ans de gouvernements du PT à la tête du Brésil.
La direction du PT avait pourtant rejeté la semaine dernière, à une très large majorité, la proposition de Mme Rousseff de consulter les Brésiliens par référendum sur l’organisation d’élections anticipées au cas où elle serait rétablie dans ses fonctions par le Sénat.
« Avant il y avait des divergences sur cette proposition mais maintenant la situation est différente, car l’Etat se retrouve face à un gouvernement illégitime », a expliqué le PT dans un communiqué, à l’issue d’une réunion de sa direction à Sao Paulo en présence de son fondateur, l’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010).
Dilma Rousseff a pour sa part annoncé qu’elle quitterait Brasilia dans les prochains jours pour retourner vivre à Porto Alegre, où elle a bâti sa carrière politique et où elle conserve un modeste appartement.
« Je ne resterai pas à Brasilia et j’irai à Porto Alegre », a déclaré l’ex-présidente de gauche de 68 ans lors d’une rencontre avec la presse étrangère, précisant qu’elle ferait ce déménagement « en début de semaine prochaine ».
Après six ans au pouvoir, Dilma Rousseff a été destituée mercredi par le Sénat pour maquillage des comptes publics, au terme d’une procédure hautement controversée. Michel Temer, son vice-président du PMDB (centre droit) depuis 2011, passé à l’opposition pour précipiter sa chute, a pris sa suite.
« La démocratie a été jugée en même temps que moi. Malheureusement nous avons perdu. J’espère que nous pourrons la reconstruire et avoir la certitude que cela ne se reproduira pas », a déclaré celle qui clame son innocence et dénonce un « coup d’Etat » parlementaire ourdi par l’opposition de droite.
Destituée mais ayant gardé ses droits civiques (ce qui lui permet de briguer un poste de députée ou de sénatrice par exemple), Mme Rousseff a promis après sa destitution mercredi « l’opposition la plus ferme, infatigable et énergique que puisse subir un gouvernement putschiste ».
Depuis sa suspension du pouvoir le 12 mai, Dilma Rousseff ne pouvait plus occuper le palais présidentiel de Planalto, pendant que Michel Temer, 75 ans, assurait l’intérim.
Mais elle gardait le droit de vivre dans la résidence officielle de l’Alvorada, près de Brasilia, qu’elle occupait avec son teckel Fafa et sa mère de 92 ans.
A partir de sa destitution, elle avait 30 jours pour quitter le palais de l’Alvorada. Selon les médias brésiliens son déménagement est pris en charge et elle a le droit d’utiliser une dernière fois un avion de l’armée.
Porto Alegre, capitale de l’Etat de Rio Grande do Sul, est la ville où Dilma Rousseff a construit sa carrière politique et où vivent sa fille Paula, son ex-mari Carlos Araujo et ses petits-fils Gabriel et Guilherme.
02/09/2016 23:47:15 – Brasilia (AFP) – © 2016 AFP