Brexit, Macron, 2017… François Hollande, toujours englué dans l’impopularité, est attendu sur tous les fronts jeudi lors de la traditionnelle interview du 14 juillet, la dernière de son quinquennat.
Le président de la République répondra pendant quarante-cinq minutes, sur France 2 et TF1, aux questions des journalistes David Pujadas et Gilles Bouleau, depuis la Salle des portraits de l’Elysée.
Il présidera auparavant le défilé militaire sur les Champs-Elysées. Australiens et Néo-Zélandais, avec des soldats maoris en tenue traditionnelle, en seront cette année les invités d’honneur en hommage à leur participation à la bataille de la Somme en 1916. La patrouille de France ouvrira la parade avec huit Alfajet formant une tour Eiffel, en soutien de la candidature de Paris aux jeux Olympiques de 2024.
Plus de 11.500 policiers et gendarmes sont mobilisés à Paris pour sécuriser les festivités de la fête nationale dans un contexte de « menace terroriste élevée », moins de deux semaines avant la fin programmée de l’état d’urgence déclenché le soir des attentats du 13 novembre.
Attendu sur 2017, les accusations, à gauche, de « trahison » et les ambitions de M. Macron, François Hollande n’en sera pas moins confronté à des enjeux internationaux brûlants. A Londres, mercredi, David Cameron a rendu sa charge de Premier ministre, conséquence concrète du Brexit. L’installation anticipée de Theresa May au 10, Downing street peut laisser entrevoir une accélération du calendrier de sortie du Royaume-Uni, et rend donc plus urgentes encore les propositions d’évolution de l’Union.
François Hollande effectuera à ce sujet une mini-tournée européenne la semaine prochaine, du Portugal à l’Irlande en passant par l’Autriche, la République tchèque et la Slovaquie. Un « sommet » ou une « rencontre » en Italie a déjà été annoncé pour la « fin août » par l’Elysée entre le président français, la chancelière allemande Angela Merkel et le président du Conseil italien Matteo Renzi.
La lutte contre la « violence sous toutes ses formes » devrait également figurer parmi les thèmes de l’intervention présidentielle, malgré le succès à cet égard de l’Euro de football, seulement perturbé en début de compétition par les hooligans russes à Marseille.
– Macron rappelé à l’ordre? –
La sécurité et la menace terroriste seront toutefois des sujets incontournables. Mercredi, M. Hollande a annoncé que la France allait envoyer plus de soldats pour conseiller les forces irakiennes en lutte contre l’Etat islamique (EI), ainsi que le redéploiement à l’automne du porte-avion Charles de Gaulle au Moyen-Orient.
En France, sur le plan social, des violences ont émaillé les manifestations contre le projet de loi sur le travail, qui revient le 20 juillet à l’Assemblée. Les opposants annoncent des actions pour la rentrée mais après deux 49-3, le chef de l’Etat n’entend pas céder. Et devrait tenter de développer son antienne, « ça va mieux », en s’appuyant sur la légère embellie économique et sur l’inversion tant attendue de la courbe du chômage.
Le président devra également s’exprimer sur l’état de sa majorité. Sur sa gauche, avec les « frondeurs », Manuel Valls a dû essuyer deux tentatives de dépôt de motion de censure sur la loi travail. Chez les « réformistes », le Premier ministre adresse désormais des remontrances publiques quotidiennes à son ministre Emmanuel Macron. Lequel, sans se déclarer ouvertement candidat, a promis à ses soutiens la « victoire » en 2017 lors d’une démonstration de force mardi à la Mutualité. Le populaire ministre ne devrait pas échapper à un nouveau rappel à l’ordre du chef de l’Etat, à qui il doit en grande partie sa carrière politique.
Selon le calendrier qu’il a lui-même annoncé, le chef de l’Etat dira « avant la fin de l’année » s’il sollicite un second mandat à l’Elysée. Hypothèse déjà ouvertement écartée, pour cause de retard irrémédiable dans les enquêtes d’opinion, par quelques parlementaires de la majorité, notamment chez les partisans d’Emmanuel Macron.
Candidat, M. Hollande se plierait alors à la primaire, initiée par le PS, de la « Belle alliance populaire ». Un exercice inédit pour un président sortant prévu en janvier, après la primaire non moins inédite de la droite (20-27 novembre) opposant, entre autres prétendants à l’Elysée, Nicolas Sarkozy à Alain Juppé.
14/07/2016 04:21:52 – Paris (AFP) – © 2016 AFP